mardi 16 juillet 2013

Égypte : le nouveau gouvernement prête serment

Le nouveau gouvernement égyptien a prêté serment mardi après-midi, après une nouvelle nuit de violences au Caire qui ont fait sept morts en marge de manifestations de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi.
Près de deux semaines après la destitution de M. Morsi par l’armée, l’Egypte a un nouveau gouvernement, qui comprend des personnalités d’horizons divers mais aucune affiliée à un parti islamiste.
L’ensemble des ministres a prêté serment devant le président intérimaire Adly Mansour, lors d’une cérémonie retransmise à la télévision publique. Le Premier ministre Hazem Beblawi, désigné le 9 juillet, a mené une semaine de consultations avec les personnalités pressenties.
La nomination de Nabil Fahmy, ancien ambassadeur à Washington, aux Affaires étrangères, ou encore celle d’Ahmad Galal, un économiste qui a travaillé pour la Banque mondiale, aux Finances, avaient déjà été annoncées.
Comme prévu, le ministère de la Défense reste aux mains du général Abdel Fattah al-Sissi, homme-clé dans la déposition de Mohamed Morsi le 3 juillet. Le général Sissi devient en outre vice-Premier ministre.
Le prix Nobel de la paix et figure de l’opposition, Mohamed ElBaradei, avait déjà prêté serment comme vice-président chargé des relations internationales dimanche.
La prestation de serment du nouveau gouvernement représente une étape supplémentaire dans la transition politique édictée par la présidence intérimaire, qui doit mener à l’adoption d’une nouvelle Constitution puis à des législatives d’ici début 2014 et enfin à une nouvelle présidentielle.
Hazem Beblawi, 76 ans, n’avait pas exclu la présence de Frères musulmans dans son cabinet, mais la confrérie, dont est issu M. Morsi, avait balayé l’offre, assurant ne pas "pactiser avec des putschistes".
Mardi, la présidence intérimaire a exhorté toutes les forces politiques, y compris les Frères musulmans, à participer à ses "efforts" de "réconciliation nationale".
Mais elle a aussi engagé des poursuites contre plusieurs hauts responsables des Frères musulmans, dont le Guide suprême, Mohamed Badie.
Depuis début juillet, la tension entre les deux camps s’est aussi exprimée dans la rue, et par des violences qui ont fait plus d’une centaine de morts au Caire et dans tout le pays.
Dans la nuit de lundi à mardi, sept personnes ont été tuées et plus de 260 autres blessées en marge de nouvelles manifestations de plusieurs dizaines de milliers de partisans de M. Morsi, qui occupent depuis deux semaines les abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City.
Plus de 400 personnes ont été interpellées lors de ces affrontements, les premiers dans la capitale depuis ceux qui avaient fait 53 morts le 8 juillet devant la Garde républicaine, selon les services de sécurité.
Les partisans de M. Morsi, qui dénoncent un "coup d’Etat militaire" contre le premier président démocratiquement élu du pays, affirment qu’ils ne cesseront leur mobilisation qu’à son retour.
Les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d’avoir gouverné au seul profit de sa confrérie et de ne pas avoir fait face à la crise économique, appellent eux aussi à des rassemblements réguliers, même si leur mobilisation semble avoir baissé d’un cran.
Lundi, le secrétaire d’Etat adjoint Bill Burns, premier haut responsable américain à se rendre au Caire depuis la chute de M. Morsi, avait appelé à l’apaisement et au dialogue "entre toutes les parties".
M. Burns a quitté le Caire mardi après s’être entretenu avec les principaux responsables intérimaires du pays.
L’Egypte est depuis des décennies un allié-clé pour les Etats-Unis, mais cette relation traverse une passe délicate, les anti-Morsi reprochant à Washington un soutien au président déchu.
Mardi, les nouvelles autorités égyptiennes ont également vivement réagi aux déclarations du chef du gouvernement turc, l’islamiste Recep Tayyip Erdogan, en exprimant leur "fort ressentiment" envers Ankara.
M. Erdogan a récemment affirmé que M. Morsi, dont il est proche, restait à ses yeux le seul chef de l’Etat égyptien légitime.
Alors que la situation sécuritaire dans le nord du Sinaï s’est davantage dégradée depuis la chute de M. Morsi, Israël a autorisé l’armée égyptienne à déployer deux bataillons d’infanterie supplémentaires pour rétablir l’ordre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire