mardi 16 juillet 2013

Israël/Palestine : Israël dénonce un "diktat" de l’UE sur les frontières

Israël a rejeté mardi une initiative de l’Union européenne excluant clairement les territoires occupés de sa coopération avec l’Etat hébreu, alors que des militants s’inquiétaient d’une "vague sans précédent d’avancement de plans de colonisation".
"Nous n’accepterons pas de diktats de l’extérieur sur nos frontières", a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Cette question ne sera tranchée que dans le cadre de négociations directes".
Netanyahu avait convoqué une réunion ministérielle d’urgence à propos des "lignes directrices" que l’UE a adoptées en juin et qui doivent être publiées officiellement cette semaine.
Cette nouvelle réglementation dispose que tous les accords entre Israël et l’UE "doivent indiquer sans ambiguïté et explicitement qu’ils ne s’appliquent pas aux territoires occupés par Israël en 1967", a expliqué à Bruxelles la porte-parole du service diplomatique de l’UE, Maja Kocijancic.
Elle est "applicable à tous les prêts et instruments financiers financés par l’Union européenne à partir de 2014", a-t-elle ajouté.
Cette initiative établit ainsi une distinction entre Israël d’une part et la Cisjordanie, Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan d’autre part, territoires palestiniens ou syrien occupés par Israël depuis 1967.
Selon de hauts responsables israéliens cités par le quotidien Haaretz, Israël se retrouvera face à un dilemme : signer une clause faisant référence aux lignes de 1967 qu’il récuse, ou renoncer à d’importants projets de coopération avec son principal partenaire commercial.
"Si le gouvernement israélien veut signer des accords avec l’Union européenne ou l’un de ses États membres, il devra reconnaître par écrit que les colonies de Cisjordanie ne font pas partie d’Israël", a expliqué un de ces responsables.
"J’aurais pensé que ceux qui s’inquiètent pour la paix et la stabilité dans la région n’évoqueraient une telle question qu’après avoir réglé des problèmes légèrement plus urgents, comme la guerre civile en Syrie et la course de l’Iran pour se doter d’armes nucléaires", a ironisé Netanyahu.
Selon un haut responsable israélien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, cette initiative européenne risque de compliquer encore plus les efforts du secrétaire d’Etat américain John Kerry pour relancer le processus de paix.
M. Kerry est arrivé mardi à Amman pour sa sixième tournée dans la région depuis février. Il devait s’entretenir avec le président palestinien Mahmud Abbas, les dirigeants jordaniens et des responsables de la Ligue arabe. Aucun rendez-vous n’était en revanche fixé dans l’immédiat avec Netanyahu.
Le gouvernement palestinien a pour sa part salué l’initiative européenne comme "une étape très importante pour arrêter la construction de colonies et mettre fin à l’occupation", selon un communiqué officiel.
Hanane Achrawi, une membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), s’est réjouie que l’UE soit passée "du stade des déclarations (...) à des mesures concrètes qui auront un impact positif sur les chances de paix".
Mais l’ONG israélienne anticolonisation La Paix Maintenant s’est inquiétée mardi d’une "vague sans précédent d’avancement de plans de colonisation".
Selon ces militants, une commission de l’administration militaire israélienne doit se réunir mercredi pour "discuter et probablement approuver la promotion de projets pour 1.071 unités de logement".
"En outre, la commission est censée approuver la validation (la dernière étape avant la construction) d’un projet de construction de 732 unités à Modiin Illit", selon l’ONG.
La Paix Maintenant voit dans ces projets "un autre message d’Israël aux États-Unis et aux Palestiniens que ce gouvernement ne veut pas la paix" et accuse le ministre de la Défense Moshé Yaalon de "virage à droite pour complaire aux dirigeants des colons".

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