Deux importants groupes d’opposition syriens ont annoncé samedi leur décision d’unir leurs efforts pour se préparer à la chute du régime, dont les forces continuent de réprimer sans pitié les manifestants pro-démocratie malgré la présence d’observateurs de la Ligue arabe. Le Comité national pour le changement démocratique (CNCD) a annoncé avoir signé un accord avec le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l’opposition, en vue d’une "transition" vers un État démocratique.
Le texte a été signé vendredi soir au Caire par le chef du CNS Burhan Ghalioun et un membre du CNCD Haytham Manaa, après "plus d’un mois de discussions entre des dirigeants des deux groupes, pour l’édification d’un État civil et démocratique". Il "définit les principes de la lutte démocratique pour la période de transition", a indiqué le CNCD dans un communiqué, ajoutant que cette "période de transition débutera à la chute du régime" réclamée par les contestataires depuis la mi-mars. L’accord entre les deux groupes de l’opposition "rejette toute intervention militaire qui porte atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays", selon le CNCD.
Le CNS est une coalition des plus importants partis de l’opposition dont la Confrérie des Frères musulmans, des libéraux et nationalistes. Le CNCD regroupe des partis "nationalistes arabes", kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes comme l’économiste Aref Dalila.
L’accord souligne que "l’intervention arabe n’est pas considérée comme une intervention étrangère" et stipule également la nécessité de "protéger les civils par tous les moyens légaux", selon le communiqué. Le CNCD et le CNS saluent, selon ce texte, les "positions adoptées par les officiers et soldats qui ont refusé les ordres du régime de tuer les manifestants civils pacifiques appelant à la liberté", en référence à l’"Armée syrienne libre" (ASL), une force d’opposition armée fondée par le colonel déserteur Riad al-Assaad.
Ce dernier a indiqué samedi à l’AFP que les opérations de son organisation contre les forces de sécurité du régime étaient suspendues pendant la visite des observateurs arabes dans le pays. "Nous avons décidé de suspendre toutes les opérations depuis le début de la mission des observateurs, sauf en cas d’autodéfense", a affirmé le colonel Assaad, basé en Turquie et joint par téléphone depuis Beyrouth. "La (poursuite) de la suspension des opérations dépend des développements sur le terrain. Les massacres augmentent quotidiennement, nous ne pouvons pas supporter davantage. Avant, 20 personnes étaient tuées par jour, maintenant ce bilan est de l’ordre de 50", a ajouté le colonel. "Le régime syrien n’a appliqué aucune clause du protocole, et on ne peut pas rester les bras croisés face à ça", a-t-il poursuivi.
Samedi, les forces de sécurité ont tiré en l’air pour disperser des milliers de manifestants qui se sont dirigés vers la place de la Grande Mosquée à Duma, près de Damas, pour participer aux funérailles de personnes tuées jeudi, selon l’OSDH. À Idleb (nord-ouest), des funérailles se sont transformées en une gigantesque manifestation, selon l’OSDH. À Hama (centre), une jeune femme de 21 ans a succombé à des blessures par balles reçues la veille lors de tirs des forces de sécurité.
Vendredi, des centaines de milliers de personnes, profitant de la présence des observateurs arabes censés rendre compte de la situation sur le terrain, ont organisé des manifestations massives contre le régime. Les comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation, ont recensé quelque 382 villes et villages syriens où se sont déroulées des manifestations. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 32 civils, dont 25 dans les manifestations, ont été tués par les tirs des forces de sécurité. Deux déserteurs et cinq soldats ont été également tués vendredi en Syrie où le mouvement de contestation, né en mars, ne s’essouffle pas.
Les observateurs arabes, arrivés lundi en Syrie, mènent une mission qui fait partie d’un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, prévoyant l’arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le dossier de la crise syrienne "sera transféré" au Conseil de sécurité de l’ONU en cas d’échec de la mission des observateurs, ont mis en garde des analystes. Ces derniers ont vu des "signaux inquiétants", en raison du comportement des forces de sécurité syriennes qui tentent de limiter les déplacements des observateurs et empêchent leurs contacts avec la population.
L’ONU a jugé "impératif que la mission des observateurs dispose d’un accès sans restriction et d’une coopération entière du gouvernement syrien et que son indépendance et son impartialité soient entièrement préservées".
Reporters sans frontières a demandé aux observateurs de rendre visite aux "nombreux" professionnels de l’information détenus, et d’exiger leur libération, tout comme celle de l’ensemble des personnes toujours incarcérées". Selon une estimation de l’ONU, plus de 5 000 personnes ont été tuées dans la répression de la contestation en Syrie et plus de 14 000 ont été arrêtées.
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