70 000 personnes (selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à Londres) ont manifesté mardi contre le président Bachar el-Assad dans les rues de Homs, le jour même où des observateurs de la Ligue arabe effectuaient une visite dans cette ville dont, quelques heures plus tôt, des blindés s’étaient retirés. Le retrait de certaines forces a fait suite à des pilonnages par les blindés qui ont fait 34 morts dans la seule journée de lundi à Homs, l’un des principaux foyers de l’agitation anti-Assad.
Les observateurs souhaitent déterminer si le président syrien tient sa promesse de mettre en oeuvre le plan de paix de la Ligue arabe qui l’engage à cesser la répression après neuf mois de manifestations. Juste avant l’arrivée des observateurs, des opposants ont signalé le retrait d’une dizaine de chars du quartier de Baba Amr, l’un des quartiers de Homs les plus âprement disputés. D’autres blindés sont restés sur place, embusqués.
"Ma demeure se trouve à l’entrée Est de Baba Amr. J’ai vu au moins six chars quitter le quartier vers huit heures ce matin (9 heures en France)", a déclaré à Reuters un habitant nommé Mohamed Saleh. L’Observatoire syrien des droits de l’homme, qui relaie des témoignages d’opposants, a déclaré que des manifestants s’étaient rassemblés dans Khalidia, l’un des quatre quartiers où des combats meurtriers ont opposé des insurgés aux forces de sécurité équipées de chars d’assaut.
Au total, plusieurs centaines de personnes ont été tuées depuis le début de la révolte de Homs, ville de plus d’un million d’habitants du centre-ouest de la Syrie. Selon les Nations unies, au moins 5 000 personnes ont péri dans les violences à travers le pays depuis les premières manifestations, survenues à la mi-mars à Deraa, dans le Sud. À la frontière avec la Turquie, les forces syriennes ont abattu plusieurs individus appartenant à un "groupe terroriste armé" cherchant à s’introduire en Syrie, a rapporté mardi l’agence de presse officielle syrienne Sana.
L’agence a également affirmé qu’"un groupe terroriste armé a visé et saboté un gazoduc près de Rastan dans la province de Homs" mardi. Le même gazoduc a déjà fait l’objet de plusieurs attaques ces derniers mois et a été remis en service à chaque reprise après des coupures momentanées. Les observateurs de la Ligue arabe ont commencé leur visite à Homs par une rencontre avec le gouverneur, comme l’a rapporté la chaîne de télévision syrienne Dounia. De source proche de la Ligue, on indique qu’ils comptaient lui dire où ils souhaitaient se rendre, en fonction de demandes d’habitants qui ont été témoins des violences.
Dounia n’a diffusé aucune image des observateurs, qui ont conclu dans l’après-midi leur première journée de visite à Homs en disant vouloir la poursuivre mercredi. La Syrie a interdit de séjour sur son territoire la majeure partie des journalistes étrangers, ce qui complique la vérification de ce qui se passe sur le terrain. Lundi, selon des habitants, au moins 34 personnes ont péri à Homs dans des tirs de blindés contre des immeubles. Sur des vidéos amateur tournées ce jour-là par des opposants et diffusées sur internet, on voit des chars manoeuvrant dans Baba Amr et ouvrant le feu. Ces vidéos montrent des corps mutilés et les ruines d’un bâtiment bombardé.
Les opposants craignent que les observateurs, dirigés par un général soudanais, Moustafa Dabi, ne soient utilisés pour redonner un zeste de respectabilité à un régime qui cachera l’ampleur des violences. Au total, les observateurs doivent être 150. Un tiers d’entre eux sont d’ores et déjà arrivés lundi en fin de journée sur le territoire syrien. Les équipes d’observateurs vont utiliser au cours de leur mission des moyens de transport mis à leur disposition par le gouvernement syrien, a dit le général Dabi. Cette disposition laisse penser à l’opposition que la tâche des observateurs est entravée et faussée d’entrée de jeu. À la Ligue arabe, on insiste cependant sur le fait que les observateurs comptent maintenir un "élément de surprise" et seront en mesure d’aller où ils le veulent sans préavis.
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