L’armée soudanaise a annoncé dimanche avoir tué Khalil Ibrahim, chef d’un des plus importants groupes rebelles de la région du Darfour, trois jours après que ce groupe a affirmé marcher sur Khartoum pour renverser le régime.
"L’armée soudanaise annonce qu’elle a tué Khalil Ibrahim dans des combats ce jour dans l’ouest de la ville de Wadbanda, au Kordofan-Nord", près de la frontière avec le Darfour-Sud, a rapporté l’agence de presse officielle Suna.
Ibrahim, 54 ans, dirigeait le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, région de l’ouest du Soudan ravagée par la guerre civile.
"Je suis quasiment sûr que c’est vrai. Cela s’est produit lors de combats avec les forces armées soudanaises (SAF)", a indiqué une source proche du JEM.
L’épouse du chef rebelle et sa fille ont tenté de tenir une cérémonie de deuil à leur domicile dans le sud de Khartoum mais la police le leur a interdit, a indiqué un témoin à l’AFP.
Parallèlement, deux avions de chasse ont survolé El-Facher, capitale du Darfour-Nord, a rapporté un témoin à l’AFP.
Ibrahim a été blessé dans les accrochages jeudi et "est décédé samedi soir", a précisé en début de soirée le porte-parole de l’armée, Sawarmi Khaled Saad, ajoutant qu’il avait été enterré peu après son décès.
"Trente de ses combattants ont été tués et d’autres ont été blessés", a-t-il affirmé à la presse. "Douze véhicules ont été détruits dans les affrontements, ainsi que quatre camions et un camion-citerne transportant du pétrole", a-t-il ajouté.
Plus tôt, le gouverneur de la province du Kordofan-Nord avait dit à la télévision d’Etat que des véhicules de rebelles étaient en feu après les affrontements.
Les combats se poursuivaient dimanche dans la zone frontalière entre le Darfour-Nord et le Kordofan-Nord, a annoncé le ministre soudanais de l’Information, Abdallah Ali Massar.
Vendredi, Sawarmi Khaled Saad avait attribué aux forces de Khalil Ibrahim une attaque contre des civils dans le Kordofan-Nord, où elles auraient également pillé les propriétés de chefs locaux.
Jeudi, le JEM avait affirmé que ses troupes avançaient vers l’Est, en direction de Khartoum. Selon un porte-parole, Gibril Adam Bilal, les rebelles avaient atteint En Nahoud, à 120 km à l’est du Darfour, dans l’Etat du Kordofan-Nord, et progressaient dans le but de faire tomber le régime du président Omar el-Béchir.
Khalil Ibrahim avait soutenu le coup d’Etat du président Omar el-Béchir en 1989, avant de tourner le dos au gouvernement et de fonder à la fin des années 1990 un groupe de dissidents en dénonçant la "domination" des Arabes sur la vie politique et économique.
Exilé aux Pays-Bas, il avait annoncé la formation du JEM, de tendance islamiste, dont la base est limitée à la branche Kobe des Zaghawas, un groupe ethnique présent au Soudan et au Tchad.
Le JEM a refusé de signer l’accord de paix du Darfour de mai 2006, estimant que "les mesures sur le partage des ressources et du pouvoir ne répondaient pas de façon adéquate aux causes profondes de la rébellion : l’inéquité structurelle entre le centre (Khartoum) et les régions périphériques", selon International Crisis Group (ICG).
Il n’a pas non plus signé un accord de paix signé en juillet à Doha entre Khartoum et le Mouvement de libération pour la justice (LJM, une coalition de petites factions darfouries rebelles).
En mai 2008, plus de 200 personnes avaient été tuées lors d’une attaque du JEM à Omdurman, ville jumelle de Khartoum. Plusieurs rebelles ont été condamnés à mort pour cette attaque.
Le porte-parole de l’armée a indiqué à la télévision que Ibrahim a été tué alors qu’il entreprenait de se rendre au Soudan du Sud, que Khartoum accuse de soutenir les rebelles soudanais.
Au moins 300.000 personnes ont été tuées et 1,8 million déplacées depuis le début en 2003 de la guerre au Darfour, selon une estimation des Nations unies.
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