Les affrontements qui ont fait 12 morts et des centaines de blessés en cinq jours au Caire embarrassaient mardi le pouvoir militaire, critiqué dans le monde pour son traitement des manifestants, en particulier des femmes.
Au moins quatre personnes ont été blessées dans des affrontements avant l’aube sur la place Tahrir entre police anti-émeute et protestataires, avec jets de pierres et tirs par balle, avant un retour au calme dans la matinée.
Un responsable du ministère de la Santé a annoncé à la télévision d’Etat un bilan de quatre blessés.
Un coordinateur des secours des manifestants, Mohamed Mustafa, a affirmé à l’AFP que quatre personnes avaient été tuées.
"Ces jours-ci, les affrontements se produisent entre 03H30 et 05H00 du matin" (01H30 et 03H00 GMT), a-t-il indiqué.
Des manifestantes ont appelé à un rassemblement place Tahrir à 15H00 (13H00 GMT) pour dénoncer les violences envers les femmes et les manifestants en général.
Le quotidien indépendant Tahrir, fondé après la chute du président Hosni Moubarak en février, fustigeait en Une "les forces qui attentent à l’honneur", avec une photo d’un soldat tenant une femme par les cheveux tandis qu’un autre brandissait une matraque au-dessus d’elle.
Les violences aux femmes dans les manifestations sont indignes de la révolution et "déshonorent l’Etat" égyptien, a accusé la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, dans un langage fort peu diplomatique. La Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, a condamné "la répression brutale" des manifestations.
"La violence impitoyable avec laquelle des femmes manifestant pacifiquement ont été frappées est particulièrement choquante et ne peut rester impunie", a-t-elle souligné.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l’Egypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a défendu l’attitude des forces de sécurité.
Le général Adel Emara, membre du CSFA, a ainsi reconnu lundi que les soldats avaient frappé une manifestante voilée, lui découvrant le ventre et faisant apparaître son soutien-gorge, la traînant sur la chaussée, une scène photographiée particulièrement choquante dans un pays conservateur.
Mais il a tenté de justifier le comportement des soldats.
"Oui, cela s’est passé. Mais il faut voir les circonstances" , a affirmé le général Emara, assurant : "Nous enquêtons, nous avons rien à cacher".
Un groupe de députés récemment élus aux élections législatives qui ont débuté le 28 novembre, les premières de l’après-Moubarak, observaient un sit-in devant la Cour suprême pour exiger la fin des violences contre les manifestants et l’ouverture d’une enquête.
Les affrontements avaient éclaté vendredi entre les forces de l’ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l’armée comme Premier ministre de Kamal el-Ganzouri, qui avait déjà occupé ce poste sous Hosni Moubarak.
Les manifestants réclament également la fin du pouvoir militaire, visant en particulier le chef de l’armée et chef d’Etat de fait, le maréchal Hussein Tantaoui.
Ces violences sont les plus graves depuis des affrontements similaires qui avaient fait au moins 42 morts, principalement au Caire, quelques jours avant le début des législatives.
Elles ont éclipsé la deuxième phase du scrutin, mercredi et jeudi dans un tiers du pays, qui a conforté la nette domination des formations islamistes, au détriment des partis libéraux et des mouvements issus de la révolte anti-Moubarak.
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