Le vice-président irakien Tariq al-Hashemi, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour complot, a déclaré qu’il ne faisait pas assez confiance à la justice de son pays pour rentrer à Bagdad et évoqué un éventuel exil, dans un entretien dimanche à l’AFP.
Réfugié dans la région autonome du Kurdistan irakien (nord) et hébergé dans une résidence du président du pays, le Kurde Jalal Talabani, al-Hashemi a reconnu que certains de ses anciens gardes du corps avaient pu mener des attentats mais fermement démenti y avoir été mêlé.
A la question de savoir s’il envisageait de rentrer à Bagdad pour y être jugé, Tariq al-Hashemi a répondu : "Bien sûr que non", évoquant le manque de sécurité dans la capitale et la politisation du système judiciaire.
La plupart de ses gardes ont été arrêtés et leurs armes confisquées. "Comment puis-je rentrer à Bagdad si je ne peux pas assurer ma sécurité ?", a-t-il insisté lors d’un entretien qui a duré une heure à Qalachwalan, près de Souleimaniyeh, et au cours duquel il est apparu entouré de gardes non armés.
De plus, "le conseil judiciaire irakien est sous le contrôle et l’influence du gouvernement central, et cela pose un gros problème", a-t-il ajouté. "C’est pourquoi j’ai demandé que l’affaire soit transférée au Kurdistan (...). Ici la justice ne sera pas politisée".
Le mandat d’arrêt lancé il y a près d’une semaine contre le vice-président sunnite a encore accru la crise entre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et le groupe parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites et dont Tariq al-Hashemi fait partie.
Deuxième groupe parlementaire, Iraqiya a décidé de boycotter le Parlement et le gouvernement pour dénoncer l’autoritarisme de Nouri al-Maliki. Ce dernier a réagi en menaçant de remplacer les neuf ministres d’Iraqiya et en réclamant le limogeage de son adjoint sunnite, qui l’a qualifié de dictateur "pire que Saddam Hussein".
Alors que les derniers soldats américains ont quitté le pays il y a une semaine, cette crise politique sur fond de tensions confessionnelles s’est accompagnée d’une nouvelle vague d’attentats qui ont fait 60 morts jeudi à Bagdad.
Al-Hashemi, qui s’est déjà exprimé dans plusieurs médias ces derniers jours pour dénoncer al-Maliki, a assuré à l’AFP qu’il continuait d’assurer ses fonctions de vice-président, et qu’il pourrait être amené à voyager à l’étranger dans ce cadre.
Ankara a fait savoir que la Turquie ne rejetterait pas Tariq al-Hashemi si celui-ci demandait l’asile, tout en estimant qu’il devrait rester en Irak.
"Je n’ai pas l’intention de quitter l’Irak pour l’instant, à moins que ma sécurité personnelle ne soit menacée", a déclaré le vice-président irakien lors de l’entretien. "Si c’est le cas, nous en discuterons".
Tariq al-Hashemi est devenu vice-président du pays en 2006, un poste qu’il a conservé dans le cadre de l’accord sur le partage du pouvoir après les élections de mars 2010.
Selon lui, il revient désormais à Nouri al-Maliki et à ses alliés politiques d’apaiser les tensions afin de régler la "grave crise" actuelle.
"La situation est plus complexe qu’avant. Si nous échouons, je pense que l’Irak va glisser à nouveau vers la tyrannie. Et alors l’Irak et les Irakiens, tous les Irakiens, seront perdants", a-t-il prévenu.
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