Le bloc parlementaire Iraqiya et le président de la région autonome du Kurdistan se sont joints mercredi aux appels lancés par le chef chiite Moqtada Sadr à des élections anticipées pour sortir de la crise politique en Irak. Moins de deux semaines après le départ des dernières troupes américaines, les institutions politiques irakiennes sont paralysées par une crise menaçant de dégénérer en guerre civile.
Le vice-président Tarek al-Hachémi fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour complot, une mesure qui a aggravé la crise entre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et le groupe parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites (minoritaires) et dont M. Hachémi fait partie.
Tareq al-Hachémi est actuellement réfugié dans la région autonome du Kurdistan.
Iraqiya, dirigé par l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui, a décidé de boycotter la coalition gouvernementale issue des élections de mars 2010 et à laquelle il participait.
M. Maliki a également réclamé le limogeage de son adjoint sunnite, Saleh Moutlak, qui l’a traité de "dictateur pire que Saddam Hussein", l’ancien dictateur renversé par les troupes américaines en 2003, et menacé de remplacer les neuf ministres d’Iraqiya.
"Iraqiya pense que tous les choix sont encore possibles et parmi eux figure la possibilité d’organiser de nouvelles élections", a déclaré ce bloc politique dans un communiqué. Selon Iraqiya, une autre option serait de remplacer Nouri al-Maliki à la tête du gouvernement.
Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, a de son côté déclaré à la chaîne de télévision al-Jazira qu’il avait "appelé à une réunion urgente des responsables politiques" mais que "si cette réunion échoue, nous devrons organiser des élections anticipées".
C’est sous l’égide de M. Barzani que s’étaient tenues en 2010 les négociations qui avaient permis de former un gouvernement de coalition après neuf mois d’impasse dans la foulée des élections.
Celles-ci avaient vu Iraqiya remporter le plus grand nombre de sièges mais sans parvenir à remporter la majorité absolue. M. Maliki avait formé un gouvernement de coalition comprenant notamment son alliance nationale chiite, Iraqiya et le parti de Moqtada Sadr.
Dans une tribune publiée mercredi dans le New York Times, Iyad Allaoui, Ossama al-Noujaifi et Rafi al-Essaoui, leaders du bloc parlementaire Iraqiya, ont accusé M. Maliki d’utiliser les forces de police et le système judiciaire pour harceler l’opposition, principalement sunnite.
"Tant de soldats américains se sont battus pour une vraie démocratie" et pour un Etat non fondé sur des bases religieuses, écrivent-ils. "Mais l’Irak évolue dans la direction opposée, vers une autocratie sectaire qui porte en elle la menace d’une guerre civile dévastatrice."
Ils accusent M. Maliki de violer l’accord de partage du pouvoir obtenu l’année dernière pour la création d’un gouvernement d’union nationale. "L’Irak se trouve au bord du gouffre et nous souhaiterions que les dirigeants américains comprennent que le soutien inconditionnel envers M. Maliki mène l’Irak à la guerre civile", ajoutent-ils.
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