Les forces de maintien de la paix de l'ONU au Soudan du Sud se sont gardées d'intervenir pour empêcher les milices rebelles et l'armée soudanaise d'occuper en mai dernier la ville d'Abyei, à la frontière avec le Soudan, jetant sur les routes plus de 100.000 personnes, a dénoncé mardi Amnesty International.
L'organisation de défense des droits de l'Homme, qui a publié mardi un rapport sur les événements d'Abyei, a assuré être la première organisation internationale à avoir pu visiter la ville depuis lors.
"L'armée soudanaise et ses milices alliées ont chassé pratiquement toute la population d'Abyei, incendiant les maisons pour empêcher son retour", selon Donatella Rovera qui a visité la ville pour Amnesty International (AI).
"Des maisons carbonisées et des bâtiments mis à sac témoignent des atrocités qui ont eu lieu à Abyei, qui est maintenant une ville fantôme. Tout ce qui avait de la valeur a été pillé, y compris les installations des organisations humanitaires et le seul signe de vie est aujourd'hui la présence de militaires et de soldats de maintien de la paix de l'ONU", selon Mme Rovera.
(Crédits: UN.org)
Le porte-parole de l'armée soudanaise, Swarmi Khaled Saad, a rejeté les accusations d'Amnesty, assurant que les soldats soudanais "n'ont chassé personne d'Abyei, où ils n'étaient que pour protéger les civils".
Selon AI, la force de maintien de la paix de l'ONU au Soudan (UNMIS) a renoncé délibérément à agir.
"D'anciens membres de l'UNMIS ont indiqué à Amnesty International qu'il avait été décidé de ne pas affronter militairement les forces armées soudanaises (SAF) parce que celles-ci étaient mieux équipées", selon AI.
"Lorsque l'armée soudanaise a fait sauter le pont qui relie Abyei au Soudan du Sud, apparemment pour empêcher la population de revenir, les forces de maintien de la paix de l'ONU ne sont pas intervenues", selon Amnesty.
L'AFP n'a pas pu joindre de responsables de l'ONU pour recueillir leur réactions aux accusations de l'organisation humanitaire.
Les forces du gouvernement soudanais ont pris le contrôle d'Abyei le 21 mai et plus de 100.000 personnes ont depuis fui vers le Soudan du Sud.
Les autorités du Soudan et du Soudan du Sud, indépendant depuis le 9 juillet, avaient conclu un accord le 20 juin prévoyant la démilitarisation de ce territoire. Mais le 30 septembre, l'ONU a indiqué que le Soudan n'avait pas respecté son engagement de retirer ses forces d'Abyei.
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