vendredi 4 décembre 2015

Moyen-Orient : Kerry rêve que des troupes arabes et syriennes soient envoyées au sol contre l'EI

Les frappes aériennes ne suffisent pas. Le secrétaire d'État américain John Kerry a plaidé jeudi pour l'envoi de troupes au sol arabes et syriennes qui combattraient le groupe État islamique (EI), une fois trouvée une solution politique en Syrie à laquelle travaille la communauté internationale. « Tout le monde sait que si on ne peut pas trouver de troupes au sol prêtes à s'opposer à Daech [acronyme arabe de l'EI], ce conflit ne pourra pas être gagné complètement avec les seules frappes aériennes », a déclaré John Kerry à Belgrade lors d'une réunion ministérielle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Il a ensuite précisé devant quelques journalistes qu'il pensait à des troupes « syriennes et arabes » et pas occidentales, même si cinquante forces spéciales américaines doivent être envoyées sous peu en Syrie. « Si nous parvenons à mettre en place une transition politique, nous allons permettre à toutes les nations et entités de se rassembler. L'armée syrienne, ensemble avec l'opposition [...] Les États-Unis, ensemble avec la Russie et d'autres, iront combattre Daech », a-t-il poursuivi, prédisant alors une victoire rapide contre les djihadistes.
« Imaginez seulement à quelle vitesse ce fléau serait éliminé, en l'espace de quelques mois littéralement, si nous étions capables de parvenir à cette résolution politique », a-t-il fait valoir. Dans l'avion qui emmenait jeudi soir le secrétaire d'État de Belgrade à Nicosie, l'un de ses diplomates a tempéré les propos de son ministre : « C'est très hypothétique et avec beaucoup de si », a-t-il mis en garde. « Si on réussit une transition politique et qu'elle est soutenue par le peuple syrien et les groupes d'opposition, alors oui, le combat contre l'EI pourra être plus efficace », a expliqué le diplomate américain. Mais, a-t-il souligné, « nous continuons de penser, et cela vaut aussi pour l'Irak, que ces troupes au sol doivent être locales [...], originaires de pays qui connaissent la culture, les groupes, le terrain et qui seraient appuyées par les frappes aériennes de la coalition ».
Mercredi à Bruxelles, John Kerry avait réclamé aux alliés de l'Otan d'intensifier leurs efforts dans la lutte contre l'EI et il avait salué l'« engagement » de la Russie en Syrie, plaidant pour qu'elle y joue un rôle « constructif ». Les grandes puissances - dont les États-Unis, la Russie, l'UE, l'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite - ont relancé fin octobre à Vienne un processus diplomatique pour tenter de trouver une solution politique au conflit syrien, qui a fait au moins 250 000 morts depuis 2011. Les membres de ce groupe international de soutien à la Syrie ont fixé un calendrier qui prévoit une rencontre d'ici au 1er janvier entre représentants de l'opposition syrienne et du régime, un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici à 18 mois. Mais les diplomaties mondiales divergent sur le sort de Bashar el-Assad. La prochaine réunion sur la Syrie, sous le format de Vienne, se tiendra à New York, a annoncé jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Très probablement le 18 décembre, selon des diplomates.

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