Le Yémen, en proie à un conflit qui a coupé les voies
d'approvisionnement du pays, connaît une pénurie inquiétante de denrées
alimentaires et d'essence, selon plusieurs documents, dont l'un émane de
la marine américaine, que Reuters a pu consulter.
Les combats entre milices yéménites et les attaques aériennes menées
depuis le mois de mars par une coalition formée par l'Arabie Saoudite
ont aggravé la situation humanitaire de ce pays de 25 millions
d'habitants, qui était déjà le plus pauvre de la péninsule arabique
avant le déclenchement des hostilités.
La coalition en question tente de rétablir l'autorité du président
Abd-Rabbou Mansour Hadi, contraint à l'exil par une rébellion des
miliciens chiites houthis.
Les pénuries s'expliquent par la baisse drastique du nombre de navires
chargés de denrées alimentaires qui accostent dans les ports yéménites,
notamment celui d'Aden, principale porte d'entrée maritime du pays.
Selon les donnés recueillies par la marine américaine dans un document
de 15 pages qui porte également le drapeau saoudien, seulement 42
navires chargés de biens d'importation ont accosté au Yémen au mois de
juin, contre 100 en mars. Et les livraisons via le port d'Aden se sont
quasiment arrêtées.
Les raisons de la diminution des importations par la mer : les combats,
mais aussi le quasi-blocus maritime imposé par la coalition formée
autour de l'Arabie Saoudite.
Les cargos qui tentent malgré tout d'accoster dans les ports du pays
doivent surmonter des contraintes souvent dissuasives : ils sont en
effet longuement fouillés par les troupes de la coalition, qui veulent
s'assurer qu'ils ne servent pas à fournir en cachette des armes aux
rebelles.
La raréfaction des approvisionnements venus de l'étranger est une
catastrophe pour ce pays qui, avant le début des bombardements de la
coalition, importait plus de 90% de ses denrées alimentaires,
essentiellement par voie maritime.
Selon les Nations unies, plus de 80% de la population a aujourd'hui
besoin d'une aide humanitaire d'urgence, sous une forme ou une autre.
Dans ce contexte, les organisations humanitaires appellent à une trêve,
tout en soulignant qu'elles ne pourraient suffire à elles seules à
répondre aux besoins colossaux de la population.
Plus de la moitié des Yéménites n'ont pas accès à des denrées
consommables et les importations de nourriture, de médicaments et
d'essence sont "dramatiquement" sous leur niveau d'avant la crise, a
fait savoir mercredi le Bureau de la coordination des affaires
humanitaires de l'Onu.
Outre les denrées alimentaires et les médicaments, l'essence représente
un enjeu vital dans ce pays aride, où elle sert notamment à alimenter
les pompes hydrauliques.
Selon le rapport de l'armée américaine, le Yémen n'a pu importer que 11%
de ses besoins en essence au mois de juin, 18% en mai, 1% en avril et
23% en mars.
Mardi, la Croix-Rouge a également rappelé l'urgence de la situation que
l'aide humanitaire ne suffira pas à enrayer, selon Antoine Grand, chef
de l'antenne yéménite de l'organisation.
"Ce dont Aden et le pays dans son ensemble ont besoin, c'est de la
reprise des importations commerciales. Ce que font les travailleurs
humanitaires ne représente qu'une infime partie des besoins réels",
a-t-il dit, intervenant par téléphone de Sanaa lors d'une réunion de
l'Onu à Genève.
"Manifestement, la situation se détériore de jour en jour et c'est la
raison pour laquelle la situation est si catastrophique", a-t-il ajouté.
Les combats ont déjà coûté la vie à plus de 3.000 personnes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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