vendredi 3 juillet 2015

Koweït : L'émirat se mobilise dans l'unité pour prévenir de nouveaux attentats.


Le Koweït, considéré comme le pays le plus ouvert du Golfe, joue la carte de l'union nationale pour tenter de rassurer sa communauté chiite, une semaine après l'attentat meurtrier contre une mosquée revendiqué par le groupe Etat islamique.
Les chiites, qui représentent le tiers des quelque 1,3 million de citoyens du riche émirat pétrolier du Golfe, se plaignent de discrimination dans ce pays gouverné par une dynastie sunnite.
L'attentat suicide commis le 26 juin par un kamikaze saoudien contre la mosquée Al-Imam Al-Sadeq lors de la prière hebdomadaire a fait 26 morts et a été revendiqué par le groupe extrémiste sunnite Etat islamique (EI). Il a aussitôt provoqué une onde de choc dans l'émirat.
L'émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, s'est rendu sur les lieux quelques minutes après l'attentat et ordonné que les victimes soient considérées comme des martyrs de la nation, une initiative bien accueillie par les chiites.
"Ils (les auteurs de l'attentat) voulaient attiser un conflit entre deux confessions mais n'ont trouvé qu'une seule religion et un peuple uni", a déclaré le président du Parlement, Marzouk al-Ghanem, en recevant des proches des victimes de l'attentat.
"Le peuple koweïtien a encore donné un autre exemple d'unité nationale. Nous sommes devenus unis comme nous l'étions durant l'invasion irakienne" de l'émirat en 1990-91, a renchéri le plus haut dignitaire de la mosquée frappée par l'attentat, cheikh Abdallah al-Mazeedi.
Pour le député chiite Youssef al-Zalzalah, les Koweïtiens ont "adressé un message aux terroristes pour leur dire: vous ne pouvez jamais diviser notre société".
Selon l'analyste koweïtien Dhafer al-Ajmi, l'attentat n'a fait que rapprocher les Koweïtiens. "Je pense que ce grave attentat a contribué largement au renforcement de l'unité nationale". "La société koweïtienne est plus immunisée que celles des autres pays du Golfe par la démocratie et le haut niveau des libertés", a-t-il dit à l'AFP.
Lors d'un débat parlementaire cette semaine, des députés chiites ont souligné que le gouvernement devrait faire plus pour mettre fin à la discrimination et lutter contre l'extrémisme.
"Nous devons gagner cette guerre et, pour y parvenir, nous devons mettre fin à la discrimination" contre les chiites, a dit l'un d'eux, Khalil Abul.
L'analyste Abdelwahed al-Khalfan, un chiite, prévient que "les chiites koweïtiens sont frustrés parce que le gouvernement ne fait pas assez pour contenir les incitations confessionnelles à leur encontre".
"Il y a au Koweït ceux qui financent le terrorisme et qui se battent avec l'EI. Il importe que le gouvernement ne soit plus indulgent avec les extrémistes et qu'il prenne des mesures de sécurité efficaces", a-t-il ajouté à l'AFP.
Les autorités ont agi promptement après l'attentat. Cinq suspects ont rapidement été arrêtés et déférés devant le parquet pour être jugés.
Se déclarant en état de guerre contre "le terrorisme", l'émirat a placé ses forces de sécurité en état d?alerte, révisé son plan de sécurité et renforcé les mesures autour des sites pétroliers et des autres installations vitales du pays.
Pour prévenir d'autres attaques, le Parlement à adopté mercredi une loi ordonnant des tests ADN obligatoires pour tous les habitants de l'émirat afin d'aider les agences de sécurité à agir rapidement dans le cadre d'enquêtes criminelles.
Les députés ont en outre approuvé un financement d'urgence de 400 millions de dollars en faveur du ministère de l'Intérieur.
Mais la hantise des attentats persiste: "Quelles sont les garanties que de nouveaux attentats ne se produiront pas ?", s'est interrogé au Parlement l'élu indépendant Jamal al-Omar, résumant un sentiment prévalant au sein de la population.
"Nous avons besoin d'une agence de gestion des crises (...) et le gouvernement devra mettre en place un conseil de guerre", a-t-il ajouté.
"Nous ne pouvons pas dire vraiment que ce fut la dernière attaque terroriste au Koweït", a déclaré le parlementaire libéral Rakan al-Nasef devant la Chambre.
Alors que l'EI a menacé de frapper encore dans la région, les ministres de l'Intérieur des six monarchies du Golfe, réunis jeudi soir à Koweït, ont promis de faire front commun contre les groupes extrémistes, une "menace pour la sécurité et la stabilité" de leurs pays, a indiqué un communiqué.

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