jeudi 2 juillet 2015

Irak : Des chrétiens montent en première ligne contre l'EI

Avec la croix pendant au cou ou tatouée sur le bras, des dizaines de chrétiens irakiens s'initient à la guérilla urbaine avant d'aller combattre les jihadistes du groupe Etat islamique et tenter de reconquérir leurs maisons capturées.
Sur une base militaire proche de l'aéroport de Bagdad, les recrues marchent au pas en chantant "Ya Mariam" ("Oh Marie").
Elles reçoivent ensuite un cours de maniement de la Kalachnikov de la part d'instructeurs chiites qui s'activent entre une grande croix chrétienne fixée à un mur et des bannières proclamant la profession de foi musulmane.
La 9e session de formation des "Brigades de Babylone" ne va durer que deux semaines, le temps d'une initiation "aux combats au corps-à-corps, la guerre non conventionnelle et la guérilla urbaine", selon le chef d'une unité chiite supervisant l'entraînement.
Cela risque d'être juste pour faire face à des jihadistes aguerris et bien armés mais Franck Samir ne semble pas douter.
"Nos enfants meurent, nos familles ont été déplacées. Comment peut-on accepter que les gens disent que les chrétiens ne combattent pas ? Au contraire, nous voulons nous battre partout", explique ce chrétien chaldéen seulement âgé de 17 ans.
Samir est originaire de Bagdad, mais la plupart des combattants des "Brigades de Babylone" viennent de Mossoul (nord).
Ils ont fait partie des milliers de chrétiens à avoir fui la deuxième ville du pays lorsque l'EI l'a conquise il y a un an, au tout début de son offensive fulgurante qui allait lui permettre de mettre la main sur une large partie du nord et de l'ouest irakien.
Ceux qui sont restés à Mossoul ont eu le choix entre une conversion à l'islam, le paiement d'une taxe ou la mort.
L'offensive de l'EI a été la dernière catastrophe en date pour les chrétiens d'Irak, qui ont été régulièrement attaqués depuis 2003 et la chute de Saddam Hussein. Des centaines de milliers d'entre eux ont fui à l'étranger.
"Je n'ai pas hésité à me porter volontaire avec mes frères pour combattre l'EI", déclare Fares Issa, 38 ans. "Je continuerai à combattre les jihadistes jusqu'à ce que Mossoul soit libre et qu'ils soient excluent de toutes les régions d'Irak", poursuit cet ancien vendeur de voitures.
"Le principal objectif de cette formation est la libération de Mossoul", précise Rayan al-Kaldani, le secrétaire général des brigades de Babylone.
Mais "nous avons pris part aux opérations de libération de la ville de Tikrit et d'autres opérations, dont Baïji, dans la province de Salaheddine", affirme-t-il, en référence à des batailles ayant permis aux forces gouvernementales de reprendre à l'EI ces villes au nord de Bagdad.
Selon M. Kaldani, les combattants chrétiens prennent part aux combats "sous le commandement d'Abou Mahdi al-Mohandis", l'un des commandants en chef des Unités de mobilisation populaire, une coalition de groupes paramilitaires à majorité chiite à qui le gouvernement irakien a fait appel après la déroute de ses forces face aux jihadistes.
Selon un autre commandant des Brigades de Babylone, qui a requis l'anonymat, des "centaines de combattants chrétiens sont désormais positionnés dans divers endroits de Salaheddine (...), ajoutés à ceux responsables de la protection des églises dans la province de Bagdad".
Mossoul "est notre premier objectif" mais "je continuerai à combattre le terrorisme où qu'il soit en Irak", assure Raymoun Salwan, 16 ans, un déplacé de Mossoul.

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