Avec la croix pendant au cou ou tatouée sur le bras, des dizaines de
chrétiens irakiens s'initient à la guérilla urbaine avant d'aller
combattre les jihadistes du groupe Etat islamique et tenter de
reconquérir leurs maisons capturées.
Sur une base militaire proche de l'aéroport de Bagdad, les recrues marchent au pas en chantant "Ya Mariam" ("Oh Marie").
Elles reçoivent ensuite un cours de maniement de la Kalachnikov de la
part d'instructeurs chiites qui s'activent entre une grande croix
chrétienne fixée à un mur et des bannières proclamant la profession de
foi musulmane.
La 9e session de formation des "Brigades de Babylone" ne va durer que
deux semaines, le temps d'une initiation "aux combats au corps-à-corps,
la guerre non conventionnelle et la guérilla urbaine", selon le chef
d'une unité chiite supervisant l'entraînement.
Cela risque d'être juste pour faire face à des jihadistes aguerris et bien armés mais Franck Samir ne semble pas douter.
"Nos enfants meurent, nos familles ont été déplacées. Comment peut-on
accepter que les gens disent que les chrétiens ne combattent pas ? Au
contraire, nous voulons nous battre partout", explique ce chrétien
chaldéen seulement âgé de 17 ans.
Samir est originaire de Bagdad, mais la plupart des combattants des "Brigades de Babylone" viennent de Mossoul (nord).
Ils ont fait partie des milliers de chrétiens à avoir fui la deuxième
ville du pays lorsque l'EI l'a conquise il y a un an, au tout début de
son offensive fulgurante qui allait lui permettre de mettre la main sur
une large partie du nord et de l'ouest irakien.
Ceux qui sont restés à Mossoul ont eu le choix entre une conversion à l'islam, le paiement d'une taxe ou la mort.
L'offensive de l'EI a été la dernière catastrophe en date pour les
chrétiens d'Irak, qui ont été régulièrement attaqués depuis 2003 et la
chute de Saddam Hussein. Des centaines de milliers d'entre eux ont fui à
l'étranger.
"Je n'ai pas hésité à me porter volontaire avec mes frères pour
combattre l'EI", déclare Fares Issa, 38 ans. "Je continuerai à combattre
les jihadistes jusqu'à ce que Mossoul soit libre et qu'ils soient
excluent de toutes les régions d'Irak", poursuit cet ancien vendeur de
voitures.
"Le principal objectif de cette formation est la libération de Mossoul",
précise Rayan al-Kaldani, le secrétaire général des brigades de
Babylone.
Mais "nous avons pris part aux opérations de libération de la ville de
Tikrit et d'autres opérations, dont Baïji, dans la province de
Salaheddine", affirme-t-il, en référence à des batailles ayant permis
aux forces gouvernementales de reprendre à l'EI ces villes au nord de
Bagdad.
Selon M. Kaldani, les combattants chrétiens prennent part aux combats
"sous le commandement d'Abou Mahdi al-Mohandis", l'un des commandants en
chef des Unités de mobilisation populaire, une coalition de groupes
paramilitaires à majorité chiite à qui le gouvernement irakien a fait
appel après la déroute de ses forces face aux jihadistes.
Selon un autre commandant des Brigades de Babylone, qui a requis
l'anonymat, des "centaines de combattants chrétiens sont désormais
positionnés dans divers endroits de Salaheddine (...), ajoutés à ceux
responsables de la protection des églises dans la province de Bagdad".
Mossoul "est notre premier objectif" mais "je continuerai à combattre le
terrorisme où qu'il soit en Irak", assure Raymoun Salwan, 16 ans, un
déplacé de Mossoul.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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