jeudi 2 juillet 2015

Irak : Des candidats chrétiens au bac, inquiets pour leur avenir

Le 25 juillet prochain débutent les premières épreuves du baccalauréat en Irak. Mais les 50 candidats chrétiens du camp d'Ankawa 2, à Erbil sont dispensés de la première matière: religion islamique. Pour le reste des épreuves, un défi de taille les attend. Cette année, la plupart d'entre eux n'ont pas eu plus de trois mois de cours. «À Qaraqosh, je révisais mes cours au jour le jour», explique Sandy, une jeune fille de 17 ans. «Impossible ici, puisqu'on n'a pu faire que la moitié du programme.»
Elle tente donc de rattraper ses lacunes, assise sur un matelas à une centaine de kilomètres de sa chambre qu'elle a fui dans la précipitation, en juin 2014. «J'ai préparé deux matières ce matin, j'attends que maman ait fini de cuisiner et je reprends le travail cet après-midi», explique-t-elle. Sandy a la verve des adolescentes de son âge. Mais elle admet volontiers que pour le bac, rien n'est gagné.
Difficile aussi pour les candidats de s'isoler dans les préfabriqués où tourbillonne en permanence l'ensemble de leur famille. En cours d'année, Sandy a bénéficié de l'ouverture d'un lycée aménagé dans une maison d'Ankawa, avant d'être accueillie au lycée al-Taheera (Vierge en arabe), aménagé par Fraternité en Irak. La jeune fille prépare un bac scientifique. Plus tard, elle aimerait étudier la biologie pour travailler en laboratoire ou enseigner. Mais elle ne sait pas trop où est-ce qu'elle va pouvoir s'inscrire.
“Après leur bac, les jeunes d'ici se trouvent dans une impasse», explique Ibrahim, un responsable du camp Ankawa 2. Avant de fuir Qaraqosh, ces étudiants chrétiens allaient étudier dans les universités arabes de Mossoul. «Aujourd'hui, les jeunes ne peuvent pas se rabattre sur l'université à Erbil, car l'enseignement est en kurde.» Si la situation perdure, la construction d'une université arabophone sera envisagé par l'archevêché chaldéen d'Erbil. «Dans la situation actuelle, je ne pourrai pas poursuivre mes études ici», estime Eva, 17 ans. Poussée par ses parents, elle révise quatre heures par jour pour présenter le baccalauréat scientifique. Par la suite, elle souhaiterait poursuivre ses études en anglais. La voix grave et assurée, elle expose ses ambitions: devenir interprète, ou partir travailler à l'étranger. «Je pourrais tenter d'aller à Souleymanieh», envisage-t-elle. Mais partir à 200 kilomètres d'Erbil dans un tel contexte ne l'enchante guère. «Pas sans ma famille», conclut-elle.

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