Le 25 juillet prochain débutent les premières épreuves du baccalauréat
en Irak. Mais les 50 candidats chrétiens du camp d'Ankawa 2, à Erbil
sont dispensés de la première matière: religion islamique. Pour le reste
des épreuves, un défi de taille les attend. Cette année, la plupart
d'entre eux n'ont pas eu plus de trois mois de cours. «À Qaraqosh, je
révisais mes cours au jour le jour», explique Sandy, une jeune fille de
17 ans. «Impossible ici, puisqu'on n'a pu faire que la moitié du
programme.»
Elle tente donc de rattraper ses lacunes, assise sur un matelas à une
centaine de kilomètres de sa chambre qu'elle a fui dans la
précipitation, en juin 2014. «J'ai préparé deux matières ce matin,
j'attends que maman ait fini de cuisiner et je reprends le travail cet
après-midi», explique-t-elle. Sandy a la verve des adolescentes de son
âge. Mais elle admet volontiers que pour le bac, rien n'est gagné.
Difficile aussi pour les candidats de s'isoler dans les préfabriqués où
tourbillonne en permanence l'ensemble de leur famille. En cours d'année,
Sandy a bénéficié de l'ouverture d'un lycée aménagé dans une maison
d'Ankawa, avant d'être accueillie au lycée al-Taheera (Vierge en arabe),
aménagé par Fraternité en Irak. La jeune fille prépare un bac
scientifique. Plus tard, elle aimerait étudier la biologie pour
travailler en laboratoire ou enseigner. Mais elle ne sait pas trop où
est-ce qu'elle va pouvoir s'inscrire.
“Après leur bac, les jeunes d'ici se trouvent dans une impasse»,
explique Ibrahim, un responsable du camp Ankawa 2. Avant de fuir
Qaraqosh, ces étudiants chrétiens allaient étudier dans les universités
arabes de Mossoul. «Aujourd'hui, les jeunes ne peuvent pas se rabattre
sur l'université à Erbil, car l'enseignement est en kurde.» Si la
situation perdure, la construction d'une université arabophone sera
envisagé par l'archevêché chaldéen d'Erbil. «Dans la situation actuelle,
je ne pourrai pas poursuivre mes études ici», estime Eva, 17 ans.
Poussée par ses parents, elle révise quatre heures par jour pour
présenter le baccalauréat scientifique. Par la suite, elle souhaiterait
poursuivre ses études en anglais. La voix grave et assurée, elle expose
ses ambitions: devenir interprète, ou partir travailler à l'étranger.
«Je pourrais tenter d'aller à Souleymanieh», envisage-t-elle. Mais
partir à 200 kilomètres d'Erbil dans un tel contexte ne l'enchante
guère. «Pas sans ma famille», conclut-elle.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire