Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a lancé mercredi une série
d'attaques sans précédent contre l'armée dans le Sinaï en Egypte,
faisant des dizaines de morts, un nouveau coup dur pour le pouvoir du
président Abdel Fattah al-Sissi.
Après cette vague d'attentats coordonnés, des affrontements ont éclaté
entre soldats et assaillants, tandis que des chasseurs F-16 de l'armée
ont bombardé les positions de l'EI. Les jihadistes se sont finalement
retirés, après près de huit heures de combat.
Au moins 70 soldats et civils ont été tués dans les violences, selon des
responsables de la santé et de la sécurité. Mais dans un communiqué,
l'armée a fait état de 17 soldats tués et de 100 jihadistes abattus,
sans qu'il soit possible dans l'immédiat d'expliquer l'écart entre les
bilans.
Ces pertes sont néanmoins parmi les plus lourdes subies par l'armée dans
le Sinaï, bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess, la branche de l'EI
dans cette région, où elle a multiplié les attentats contre les forces
de l'ordre depuis la destitution par l'armée du président islamiste
Mohamed Morsi en 2013.
Les jihadistes affirment d'ailleurs agir en représailles à la sanglante
répression qui s'est abattue sur les pro-Morsi et qui a fait plus de
1.400 morts. Et les violences de mercredi interviennent alors que
l'Egypte marque vendredi le deuxième anniversaire de l'éviction du
président islamiste.
Au Caire, un haut responsable des Frères musulmans, Nasser al-Houfi, et
huit membres de la confrérie islamiste dont est issu M. Morsi ont été
tués mercredi dans un raid policier, selon des responsables de la police
et un avocat de l'organisation.
Dans le Sinaï, les jihadistes avaient lancé peu après l'aube une série
d'attaques coordonnées d'une ampleur sans précédent contre plusieurs
positions de l'armée, utilisant notamment des voitures piégées, selon
des responsables.
L'une des attaques, menée avec une voiture piégée contre un check-point
au sud de Cheikh Zouweid, près d'Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, a
coûté la vie à 15 soldats.
"C'est la guerre", indiquait à l'AFP un haut responsable militaire. "Vu
le nombre de terroristes mobilisés et l'armement utilisé, (ces attaques
sont) sans précédent."
Avant de se retirer, les jihadistes ont miné les abords d'un
commissariat de Cheikh Zouweid pour empêcher l'arrivée de renforts,
prenant position sur les toits des immeubles alentours pour attaquer le
bâtiment avec des lance-roquettes, selon un colonel de police.
Des chasseurs F-16 de l'armée ont alors bombardé les positions jihadistes, selon des responsables de la sécurité et un témoin.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l'EI a revendiqué des
attaques contre une quinzaine de barrages militaires, précisant que
trois kamikazes avaient participé aux assauts.
Dans la nuit, l'aviation a repris ses frappes visant des positions de
l'EI, selon des responsables de la sécurité. A Rafah, à la frontière
avec la bande de Gaza palestinienne, un adolescent de 19 ans a été tué
par la chute d'une roquette sur son domicile, durant des affrontements
entre les militaires et des jihadistes.
Les attaques de mercredi surviennent au surlendemain de l'assassinat au
Caire du procureur général d'Egypte dans un attentat à la bombe, le plus
haut représentant de l'Etat tué depuis le début de la vague d'attaques
jihadistes en 2013.
Après ce meurtre non revendiqué, le président égyptien Abdel Fattah
al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de M. Morsi, avait promis une
législation plus dure pour "lutter contre le terrorisme".
Mercredi, le gouvernement a alors approuvé une nouvelle loi
antiterroriste qui prévoit notamment "des procédures pour assécher les
sources de financement du terrorisme" et doit "offrir une justice rapide
et venger nos martyrs", selon un communiqué.
Une vaste campagne militaire a été lancée contre les jihadistes dans la
région du Sinaï il y a près de deux ans, mais elle n'a pas réussi à
mettre fin aux attentats. Selon les autorités, des centaines de
policiers et soldats ont été tués depuis.
En avril, 14 personnes, en majorité des soldats et policiers, avaient
ainsi péri dans deux attaques revendiquées par Ansar Beït al-Maqdess
dans le Nord-Sinaï, région frontalière d'Israël et du territoire
palestinien de la bande de Gaza, alors qu'une autre attaque avait coûté
la vie à 15 soldats et deux civils.
La confrérie islamiste de M. Morsi a été classée organisation
"terroriste" en Egypte et est accusée d'être derrière les attentats
meurtriers de ces derniers mois, ce qu'elle nie.
Des centaines de pro-Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de
masse expéditifs qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'histoire
récente" du monde. Le président islamiste lui-même a été condamné à mort
pour des attaques contre la police et des évasions de prison durant la
révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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