jeudi 2 juillet 2015

Égypte/Israël : L'Etat hébreu inquiet de la menace croissante de l'Etat islamique dans le Sinaï et à Gaza

«Accès interdit.»

La petite route israélienne serpentant le long de la frontière égyptienne n’est pas encore considérée comme une zone de guerre mais presque. Ces dernières heures, des troupes y ont été déployées et la surveillance de la zone a été renforcée par des drones. Les points de passage entre Israël et son voisin ont également été fermés.
Car pour les stratèges de l’état-major de l'armée israélienne, il ne fait aucun doute que «Wilayat Sinaï», la branche égyptienne de l'Etat islamique (EI) qui a mené mercredi une quinzaine d’attaques sanglantes dans le nord du Sinaï, s’en prendra un jour ou l’autre aux intérêts israéliens. En multipliant les tirs de roquettes sur la station balnéaire d’Eilat ou en tentant des infiltrations, comme elle l’a fait à plusieurs prises entre 2011 et 2014.
Par mesure de sécurité, les habitants de petits villages frontaliers perdus tels Kadesh Barnéa et Ketziot, leurs habitants ont d’ailleurs été appelés à se montrer prudents durant leurs déplacements. Et de contacter un numéro téléphonique spécial s’ils remarquent quelque chose de suspect. «Il y a des patrouilles militaires partout et les soldats sont parfois tendus. Nous ne pouvons plus aller travailler aux champs», confirme l’un d’entre eux. «De toute façon, on ne sort plus le soir car une partie des routes n’est pas éclairée et les voitures sont des cibles parfaites pour d’éventuels snipers.»
Outre d’éventuelles attaques de l'EI sur leur territoire, les analystes israéliens redoutent de voir ces guerriers islamistes établir une sorte de zone de non droit dans le nord du Sinaï, à la frontière entre l’Etat hébreu et Gaza. Malgré leurs discours officiels dénonçant le Hamas au pouvoir dans l’enclave palestinienne, ils considèrent cette organisation comme un moindre mal par rapport aux islamistes du Sinaï et à leurs sympathisants palestiniens. En privé, ils reconnaissent d’ailleurs que la déstabilisation du Hamas par l'EI «ne serait pas une bonne chose». Ce qui explique pourquoi l'armée israélienne a réagi mollement aux récents tirs de roquettes sur le sud d’Israël revendiqué par les membres gazaouis de l’Etat islamique.
L’implantation de l’EI dans le nord du Sinaï n’a cependant pas surpris le gouvernement israélien. Outre l’achèvement en 2014 de la «barrière de sécurité» de 240 kilomètres de long séparant l’Etat hébreu de l’Egypte – une clôture électronique parsemée de postes de surveillance – le ministère de la Défense a entamé en mars dernier d’importants travaux d’infrastructure visant à protéger les villages frontaliers.
Sur le terrain diplomatique, le renforcement de l’EI favorise le rapprochement israélo-égyptien puisque Le Caire vient de nommer un nouvel ambassadeur à Tel-Aviv (le précédent avait été rappelé en 2012 après l’opération «Plomb durci» dans la bande de Gaza). De leur côté Benyamin Nétanyahou et le son ministre de la Défense ont autorisé à enfreindre les clauses militaires du traité de paix entre les deux pays limitant sévèrement ne nombre de soldats égyptiens à stationner dans le Sinaï.

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