«Accès interdit.»
La petite route israélienne serpentant le long de la
frontière égyptienne n’est pas encore considérée comme une zone de
guerre mais presque. Ces dernières heures, des troupes y ont été
déployées et la surveillance de la zone a été renforcée par des drones.
Les points de passage entre Israël et son voisin ont également été
fermés.
Car pour les stratèges de l’état-major de l'armée israélienne, il ne
fait aucun doute que «Wilayat Sinaï», la branche égyptienne de l'Etat
islamique (EI) qui a mené mercredi une quinzaine d’attaques sanglantes
dans le nord du Sinaï, s’en prendra un jour ou l’autre aux intérêts
israéliens. En multipliant les tirs de roquettes sur la station
balnéaire d’Eilat ou en tentant des infiltrations, comme elle l’a fait à
plusieurs prises entre 2011 et 2014.
Par mesure de sécurité, les habitants de petits villages frontaliers
perdus tels Kadesh Barnéa et Ketziot, leurs habitants ont d’ailleurs été
appelés à se montrer prudents durant leurs déplacements. Et de
contacter un numéro téléphonique spécial s’ils remarquent quelque chose
de suspect. «Il y a des patrouilles militaires partout et les soldats
sont parfois tendus. Nous ne pouvons plus aller travailler aux champs»,
confirme l’un d’entre eux. «De toute façon, on ne sort plus le soir car
une partie des routes n’est pas éclairée et les voitures sont des cibles
parfaites pour d’éventuels snipers.»
Outre d’éventuelles attaques de l'EI sur leur territoire, les analystes
israéliens redoutent de voir ces guerriers islamistes établir une sorte
de zone de non droit dans le nord du Sinaï, à la frontière entre l’Etat
hébreu et Gaza. Malgré leurs discours officiels dénonçant le Hamas au
pouvoir dans l’enclave palestinienne, ils considèrent cette organisation
comme un moindre mal par rapport aux islamistes du Sinaï et à leurs
sympathisants palestiniens. En privé, ils reconnaissent d’ailleurs que
la déstabilisation du Hamas par l'EI «ne serait pas une bonne chose». Ce
qui explique pourquoi l'armée israélienne a réagi mollement aux récents
tirs de roquettes sur le sud d’Israël revendiqué par les membres
gazaouis de l’Etat islamique.
L’implantation de l’EI dans le nord du Sinaï n’a cependant pas surpris
le gouvernement israélien. Outre l’achèvement en 2014 de la «barrière de
sécurité» de 240 kilomètres de long séparant l’Etat hébreu de l’Egypte –
une clôture électronique parsemée de postes de surveillance – le
ministère de la Défense a entamé en mars dernier d’importants travaux
d’infrastructure visant à protéger les villages frontaliers.
Sur le terrain diplomatique, le renforcement de l’EI favorise le
rapprochement israélo-égyptien puisque Le Caire vient de nommer un
nouvel ambassadeur à Tel-Aviv (le précédent avait été rappelé en 2012
après l’opération «Plomb durci» dans la bande de Gaza). De leur côté
Benyamin Nétanyahou et le son ministre de la Défense ont autorisé à
enfreindre les clauses militaires du traité de paix entre les deux pays
limitant sévèrement ne nombre de soldats égyptiens à stationner dans le
Sinaï.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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