C’est la toute première découverte du genre dans la région. Des
archéologues ont exhumé la seule statue monumentale égyptienne jamais
retrouvée au Proche-Orient. Un fragment de sphinx égyptien d’environ 50
centimètres de long qui intrigue beaucoup les archéologues. Le morceau
de granit, dans lequel sont sculptées les pattes avant d’un sphinx,
porte une inscription hiéroglyphique au nom du pharaon Mykérinos, qui
régna il y a près de 4 500 ans. Or il s’agit du seul sphinx connu de ce
roi dont la pyramide est la plus petite des trois célèbres pyramides de
Gizeh.
"Aucun sphinx de ce roi n’a jamais été retrouvé, pas même en Égypte", a
souligné Amnon Ben-Tor, professeur d’archéologie à l’université
hébraïque d’Israël et directeur des fouilles sur le site de Tel Hazor,
en Galilée, où a été retrouvé le fragment. Le scientifique a souligné,
en plus du nom de Mykérinos gravé entre les pattes du sphinx qui devait
mesurer de l’ordre de 1,50 m de long pour 50 cm de large, la présence de
symboles se référant à la ville d’Héliopolis, une cité antique proche
du Caire actuel et où se trouvait le temple abritant la statue.
Le site archéologique de Tel Hazor, inscrit au patrimoine mondial de
l’Unesco depuis 2005, est le plus important site archéologique d’Israël,
s’étendant sur plus de 80 hectares. La population d’Hazor était estimée
à 20 000 habitants au deuxième millénaire avant notre ère, à la période
cananéenne, ce qui en faisait l’une des principales cités du croissant
fertile à l’époque. La Bible se réfère à Hazor comme "la tête de tous
ces royaumes" cananéens (Joshua 11:10). Détruite au XIIIe siècle avant
J.-C., la ville d’Hazor a été repeuplée au XIe siècle par les
Israélites, qui l’ont occupée jusqu’à sa nouvelle destruction, en - 732,
par les Assyriens.
Mais c’est la façon dont ce sphinx est arrivé là qui pose le plus
question. "Il semble peu probable qu’il soit arrivé lors du règne de
Mykérinos, car il n’y avait alors aucune relation entre l’Égypte et
cette partie du monde", indique l’archéologue. "L’Égypte avait des
relations avec le Liban, en particulier via l’ancien port de Byblos,
pour importer du bois de cèdre", mais pas avec la Galilée. Une autre
hypothèse serait que la statue provienne du pillage de la basse Égypte
par les Cananéens aux XVIIe-XVIe siècles avant J.-C., poursuit
l’archéologue. Mais le plus probable, selon lui, serait un cadeau d’un
monarque égyptien plus tardif. "Il est possible que le sphinx soit
arrivé à Hazor après le début du Nouvel Empire, en -1 550, pendant
lequel l’Égypte régnait sur Canaan et entretenait des liens étroits avec
les souverains locaux, qu’elle avait laissés sur le trône", explique
Amnon Ben-Tor. "La statue a probablement été envoyée par un souverain
égyptien au roi d’Hazor, le plus important de la région", ajoute-t-il.
Le pied du sphinx a été découvert par Shlomit Blecher, une doctorante de
l’institut d’archéologie de l’université hébraïque, en août 2012.
"C’était la dernière heure du dernier jour de fouilles", raconte-t-elle,
se remémorant l’excitation de toute l’équipe. Selon Amnon Ben-Tor, le
sphinx a probablement été volontairement brisé lors de la prise de la
ville par ses nouveaux maîtres, désireux d’affirmer leur pouvoir. Les
incrustations de la statue ont été méticuleusement enlevées par des
restaurateurs avant que ne soient découverts les hiéroglyphes.
L’institut d’archéologie de l’université hébraïque a commencé les
fouilles sur le site au milieu des années 1950. Amnon Ben-Tor a repris
les fouilles en 1990, après une interruption d’une vingtaine d’années.
En 2010, son équipe y avait déjà découvert un fragment d’un code de
lois, vieux de 3 700 ans, similaire au célèbre Code d’Hammurabi, sur une
tablette en écriture cunéiforme akkadienne.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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