lundi 8 juillet 2013

Égypte : Quinze morts au Caire, Al Nour rompt le dialogue politique

Au moins 15 personnes, selon des sources médicales, sont mortes lundi à l’aube au Caire lors d’affrontements entre l’armée et des partisans des Frères musulmans, provoquant le retrait du parti salafiste Al Nour des négociations politiques.
L’armée parle d’une tentative d’assaut par "un groupe terroriste" contre le bâtiment de la Garde républicaine où est détenu le président déchu Mohamed Morsi, tandis que les Frères musulmans, qui avancent le chiffre de 34 morts, accusent les militaires d’avoir violemment réprimé un rassemblement pacifique.
Selon l’armée, un officier a été tué et 40 personnes ont été blessés lors des affrontements.
Al Nour, la deuxième formation islamiste du pays après les Frères musulmans, a estimé que le dialogue politique sur la formation d’un gouvernement de transition était rendu impossible par le "massacre" perpétré selon lui par les militaires.
"Comme première réponse, nous avons annoncé notre retrait de toutes les facettes des négociations", a déclaré sur Facebook Nader Bakara, porte-parole du mouvement.
La chaîne de télévision Al Djazeera a diffusé des images montrant apparemment cinq personnes mortes durant la fusillade, et une équipe médicale pratiquant un massage cardiaque sur une personne près du lieu du sit-in des Frères.
Depuis le renversement de Mohamed Morsi par l’armée mercredi dernier, un magistrat, Adli Mansour, a prêté serment comme président intérimaire, mais les tractations sur la formation d’un gouvernement de transition n’avancent guère.
Al Nour avait récusé dimanche les deux hommes pressentis pour devenir respectivement Premier ministre et vice-président, Ziad Bahaa ElDine et Mohamed ElBaradeï, en soulignant qu’ils étaient tous deux membres du Front de salut national (FSN), une coalition d’opposants libéraux et de gauche.
Les salafistes d’Al Nour sont indisposés par le profil des deux candidats : Ziad Bahaa ElDine est un ancien directeur des investissements sous la présidence de Hosni Moubarak, tandis que Mohamed ElBaradeï est la figure de proue du camp laïc.
Des centaines de milliers d’Egyptiens ont encore manifesté dimanche au Caire et à Alexandrie, les deux principales villes du pays, certains pour appuyer la décision de l’armée et d’autres, moins nombreux, pour demander le retour de Mohamed Morsi à la présidence.
Sur la place Tahrir du Caire, où quelque 350.000 personnes avaient convergé, le rassemblement des anti-Morsi a pris en soirée une tournure très anti-américaine, les manifestants accusant Barack Obama de soutenir les Frères musulmans et les médias américains, en particulier CNN, d’avoir qualifié de "coup d’Etat" l’éviction de Mohamed Morsi par l’armée.
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude après la destitution du premier président élu démocratiquement d’Egypte, et Barack Obama a demandé à ses services d’examiner si l’aide américaine à l’Egypte -1,5 milliard de dollars par an, principalement destinés à l’armée- devait être révisée.
Le porte-parole du président intérimaire a tendu la main aux islamistes samedi en annonçant que les Frères musulmans seraient autorisés à participer aux prochaines élections, y compris au scrutin présidentiel, mais cela n’a semble-t-il pas entamé la détermination des manifestants.
"Nous ne partirons pas tant que Morsi n’aura pas été rétabli dans ses fonctions, ou bien nous mourrons en martyrs", a promis Hanim Ahmed Ali Al Sawi, une femme voilée de 55 ans.
L’affrontement de lundi intervient à la veille du début du mois de jeûne du ramadan.
A Alexandrie, où 14 personnes sont mortes au cours des affrontements de vendredi, des heurts ont à nouveau éclaté dimanche, mais aucune victime n’a été signalée.
Les violences continuent aussi dans le nord du Sinaï, où un soldat a été tué à El Arich, non loin des frontières de la bande de Gaza et d’Israël, après deux attaques de postes de contrôle par des hommes armés qui circulaient à bord de pick-ups.
Samedi, un prêtre copte a été tué dans cette localité, et la veille, cinq policiers y sont morts après plusieurs attaques à l’arme à feu.
L’un des principaux groupes armés islamistes opérant dans le Sinaï a diffusé dimanche un communiqué menaçant les policiers et les militaires qui mènent la "répression" contre la population de la péninsule.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire