jeudi 11 juillet 2013

Égypte : le Premier ministre n’exclut pas une participation des Frères musulmans au gouvernement

Le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem el-Beblawi, a déclaré à l’AFP qu’il n’exclurait pas une participation de certains Frères musulmans, mouvement dont est issu le président déchu Mohamed Morsi, dans le gouvernement de transition qu’il est en train de former. "Je ne me préoccupe pas de l’appartenance politique", a-t-il déclaré à l’AFP. Si "quelqu’un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, bras politique de la confrérie) et que cette personne est qualifiée pour le poste", sa nomination pourra être envisagée, a-t-il ajouté. Les Frères musulmans avaient rejeté mercredi une offre de participer au gouvernement.
Hazem el-Beblawi va s’efforcer jeudi de former un gouvernement de transition, une tâche ardue dans le climat de défiance accrue chez les islamistes par le mandat d’arrêt lancé contre le guide suprême des Frères musulmans. La justice égyptienne a ordonné mercredi l’arrestation de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, et d’autres hauts responsables de cette formation, pour incitation à la violence après les heurts qui ont fait 53 morts et 480 blessés lundi devant le siège de la Garde républicaine au Caire. Mohamed Badie était déjà sous le coup d’un autre mandat d’arrêt. Son arrestation ajoute à la tension prévalant depuis l’éviction il y a une semaine du président islamiste Mohamed Morsi, lequel se trouve "en lieu sûr" selon les autorités.
D’après des sources judiciaires, 200 personnes - parmi les 650 interrogées pour avoir voulu forcer l’entrée du site militaire - ont par ailleurs été inculpées mercredi, notamment pour "meurtre". La présidence a indiqué mercredi que le Premier ministre el-Beblawi allait proposer "quelques postes" aux Frères musulmans, mais la confrérie a sèchement rejeté cette tentative de main tendue. "Nous ne pactisons pas avec des putschistes", a dit à l’AFP Tareq al-Morsi.
Dans la rue, les deux camps restaient fortement mobilisés. Mercredi soir, après la rupture du jeûne, au premier jour du ramadan, des milliers de personnes ont rejoint les pro-Morsi qui manifestent depuis 15 jours devant la mosquée Rabaa al-Adawiya du Caire, dans le quartier de Nasr City, a constaté un journaliste de l’AFP. Ils ont prié pour les morts de lundi et ont promis de poursuivre le mouvement jusqu’au retour de leur "président", avant de prendre la direction du palais présidentiel Ittihadiya. "J’ai voté pour lui et je veux savoir où il se trouve", a déclaré à l’AFP Mohammed, 47 ans.
Après plusieurs jours sans la moindre communication sur le sujet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a affirmé à des journalistes que Mohamed Morsi, arrêté dans la foulée de sa destitution, se trouvait "en lieu sûr, pour sa propre sécurité". "Il est traité dignement" et ne fait "pour l’heure l’objet d’aucune poursuite", a-t-il ajouté. Une centaine de personnes ont été tuées depuis que l’ex-chef de l’État a été déposé le 3 juillet par l’armée, après des manifestations massives.
Mercredi soir, un nouvel incident est intervenu dans la péninsule du Sinaï (nord-est), où le véhicule d’un haut responsable militaire a été pris pour cible par des hommes armés. Ce haut gradé est sorti indemne, d’après des sources de sécurité, mais un échange de tirs "avec des éléments terroristes" a suivi, et une fille est décédée, a affirmé un porte-parole de l’armée. Dans la nuit de mardi à mercredi, c’est une base de la police et deux points de contrôle qui avaient été visés, faisant deux morts.
Sur le terrain politique, le nouveau Premier ministre - dont la nomination mardi soir a été accompagnée de celle du prix Nobel Mohamed El Baradei à un poste de vice-président - devait poursuivre jeudi ses consultations pour tenter de former dans les meilleurs délais un gouvernement intérimaire de transition.
Dans l’attente d’une élection présidentielle prévue d’ici six mois, Hazem el-Beblawi aura la lourde tâche d’oeuvrer à la réconciliation et de redresser une économie au bord de la faillite. Ses efforts seront encadrés par les directives du plan de transition constitutionnel présenté par le président par intérim Adly Mansour. Ce cadre institutionnel provisoire prévoit, entre autres, l’adoption d’une nouvelle Constitution, la tenue de législatives d’ici début 2014, et la concentration du pouvoir législatif reste entre les mains du président par intérim. Cependant, tant les islamistes pro-Morsi que les laïcs anti-Morsi ont d’ores et déjà exprimé leur rejet ou leurs réserves à propos de ce plan, notamment en raison du manque de consultation - laissant augurer une difficile mise en oeuvre.

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