Le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem el-Beblawi, a déclaré à
l’AFP qu’il n’exclurait pas une participation de certains Frères
musulmans, mouvement dont est issu le président déchu Mohamed Morsi,
dans le gouvernement de transition qu’il est en train de former. "Je ne
me préoccupe pas de l’appartenance politique", a-t-il déclaré à l’AFP.
Si "quelqu’un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice
(PLJ, bras politique de la confrérie) et que cette personne est
qualifiée pour le poste", sa nomination pourra être envisagée, a-t-il
ajouté. Les Frères musulmans avaient rejeté mercredi une offre de
participer au gouvernement.
Hazem el-Beblawi va s’efforcer jeudi de former un gouvernement de
transition, une tâche ardue dans le climat de défiance accrue chez les
islamistes par le mandat d’arrêt lancé contre le guide suprême des
Frères musulmans. La justice égyptienne a ordonné mercredi l’arrestation
de Mohamed Badie, le guide suprême de la confrérie, et d’autres hauts
responsables de cette formation, pour incitation à la violence après les
heurts qui ont fait 53 morts et 480 blessés lundi devant le siège de la
Garde républicaine au Caire. Mohamed Badie était déjà sous le coup d’un
autre mandat d’arrêt. Son arrestation ajoute à la tension prévalant
depuis l’éviction il y a une semaine du président islamiste Mohamed
Morsi, lequel se trouve "en lieu sûr" selon les autorités.
D’après des sources judiciaires, 200 personnes - parmi les 650
interrogées pour avoir voulu forcer l’entrée du site militaire - ont par
ailleurs été inculpées mercredi, notamment pour "meurtre". La
présidence a indiqué mercredi que le Premier ministre el-Beblawi allait
proposer "quelques postes" aux Frères musulmans, mais la confrérie a
sèchement rejeté cette tentative de main tendue. "Nous ne pactisons pas
avec des putschistes", a dit à l’AFP Tareq al-Morsi.
Dans la rue, les deux camps restaient fortement mobilisés. Mercredi
soir, après la rupture du jeûne, au premier jour du ramadan, des
milliers de personnes ont rejoint les pro-Morsi qui manifestent depuis
15 jours devant la mosquée Rabaa al-Adawiya du Caire, dans le quartier
de Nasr City, a constaté un journaliste de l’AFP. Ils ont prié pour les
morts de lundi et ont promis de poursuivre le mouvement jusqu’au retour
de leur "président", avant de prendre la direction du palais
présidentiel Ittihadiya. "J’ai voté pour lui et je veux savoir où il se
trouve", a déclaré à l’AFP Mohammed, 47 ans.
Après plusieurs jours sans la moindre communication sur le sujet, le
porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a
affirmé à des journalistes que Mohamed Morsi, arrêté dans la foulée de
sa destitution, se trouvait "en lieu sûr, pour sa propre sécurité". "Il
est traité dignement" et ne fait "pour l’heure l’objet d’aucune
poursuite", a-t-il ajouté. Une centaine de personnes ont été tuées
depuis que l’ex-chef de l’État a été déposé le 3 juillet par l’armée,
après des manifestations massives.
Mercredi soir, un nouvel incident est intervenu dans la péninsule du
Sinaï (nord-est), où le véhicule d’un haut responsable militaire a été
pris pour cible par des hommes armés. Ce haut gradé est sorti indemne,
d’après des sources de sécurité, mais un échange de tirs "avec des
éléments terroristes" a suivi, et une fille est décédée, a affirmé un
porte-parole de l’armée. Dans la nuit de mardi à mercredi, c’est une
base de la police et deux points de contrôle qui avaient été visés,
faisant deux morts.
Sur le terrain politique, le nouveau Premier ministre - dont la
nomination mardi soir a été accompagnée de celle du prix Nobel Mohamed
El Baradei à un poste de vice-président - devait poursuivre jeudi ses
consultations pour tenter de former dans les meilleurs délais un
gouvernement intérimaire de transition.
Dans l’attente d’une élection présidentielle prévue d’ici six mois,
Hazem el-Beblawi aura la lourde tâche d’oeuvrer à la réconciliation et
de redresser une économie au bord de la faillite. Ses efforts seront
encadrés par les directives du plan de transition constitutionnel
présenté par le président par intérim Adly Mansour. Ce cadre
institutionnel provisoire prévoit, entre autres, l’adoption d’une
nouvelle Constitution, la tenue de législatives d’ici début 2014, et la
concentration du pouvoir législatif reste entre les mains du président
par intérim. Cependant, tant les islamistes pro-Morsi que les laïcs
anti-Morsi ont d’ores et déjà exprimé leur rejet ou leurs réserves à
propos de ce plan, notamment en raison du manque de consultation -
laissant augurer une difficile mise en oeuvre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire