Des partisans des rebelles Houthis ont manifesté samedi dans la capitale
yéménite Sanaa pour protester contre le plan de paix de l'émissaire de
l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, accueilli jusqu'ici avec réserves par
les belligérants.
"Dégage!", ont scandé des centaines de personnes rassemblées devant
l'hôtel où logeait l'émissaire Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. "Nous ne
cèderons pas et ne plierons pas", ont ajouté les protestataires, qui
arboraient des photos de victimes de la guerre et de la malnutrition,
selon des témoins.
"La position des Nations unies est honteuse", a déploré un
protestataire, Khaled Al-Washali. Plus virulent, Saleh Al-Sharaf, un
chef tribal, présent à la manifestation, a demandé à M. Ould Cheikh
Ahmed de "se taire et de quitter" le Yémen. "Nous ne voulons pas de vous
comme médiateur car vous n'êtes pas neutre."
Le médiateur, arrivé jeudi à Sanaa pour sa deuxième visite en moins
d'une semaine, cherche à mettre fin à la guerre qui ravage le Yémen
depuis 19 mois et qui a provoqué une profonde crise humanitaire.
Dans un communiqué, il a indiqué qu'il devait évoquer sa feuille de
route pour un règlement politique avec des membres d'Ansaruallah,
l'organe politique des rebelles Houthis, et leurs alliés, des partisans
de l'ex-président Ali Abdallah Saleh.
Ils sont en guerre contre les forces loyales au président Abd Rabbo
Mansour Hadi, soutenues par une coalition militaire arabe sous
commandement saoudien.
La feuille de route de l'émissaire onusien prévoit des arrangements
militaires comme la remise des armes lourdes par les rebelles et leur
retrait des territoires sous leur contrôle depuis 2014, dont Sanaa, et
un volet politique, comme la nomination d'un nouveau vice-président et
la formation d'un "gouvernement d'union nationale".
Vendredi, l'influent Ali Abdallah Saleh avait infléchi son discours en
estimant dans un communiqué que les propositions du médiateur de l'ONU
offrait "une bonne base" pour des négociations devant conduire à "un
arrêt de l'agression et des opérations militaires conduites par l'Arabie Saoudite".
Il avait emboîté le pas aux rebelles Houthis qui avaient eux aussi
estimé fin octobre que la feuille de route offrait un cadre de
discussion tout en comportant "des déséquilibres de fond".
En revanche, le camp du président Hadi reste intransigeant dans son
refus des propositions onusiennes et insiste notamment sur l'application
de la résolution 2216 du Conseil de sécurité stipulant un retrait des
rebelles des territoires conquis et la restitution des armes lourdes et
moyennes.
Les partisans de M. Hadi ont d'ailleurs organisé cette semaine dans le
sud et le centre du pays des manifestations pour protester contre cette
feuille de route.
M. Ould Cheikh Ahmed s'est cependant prévalu, lors d'une intervention
lundi devant le Conseil de sécurité, d'"un large soutien international" à
ses propositions.
"Il est temps pour les parties de comprendre qu'il ne peut pas y avoir
de paix sans concessions ni de sécurité sans un accord", a-t-il prévenu.
Le Royaume-Uni a indiqué cette semaine avoir élaboré un projet de
résolution à présenter au Conseil de sécurité de l'ONU pour exiger une
nouvelle trêve au Yémen et la reprise de négociations sur la base du
plan de paix proposé par les Nations unies.
Depuis l'intervention de la coalition arabe au Yémen en mars 2015, la
guerre a fait près de 7.000 morts et 35.000 blessés selon l'ONU.
(05-11-2016)
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