Des dirigeants du Moyen-Orient ont appelé mercredi Donald Trump à les
aider à résoudre les nombreuses crises de leur région, sur lesquelles le
futur président américain s'est peu exprimé durant la campagne.
"Si vous regardez le Moyen-Orient, c'est le chaos total", avait jugé le
candidat républicain lors de la campagne, en qualifiant de "désastre" la
politique de l'administration Obama.
Il est probable que, lorsqu'il entrera à la Maison blanche en janvier,
les Etats-Unis soient toujours impliqués, plus ou moins directement,
dans les quatre guerres de la région (Syrie, Irak, Libye et Yémen) sans
oublier le conflit israélo-palestinien et les suites de l'accord
nucléaire avec l'Iran.
Mais "il est impossible de savoir ce qu'il fera lorsqu'il prendra ses
fonctions et quelles seront ses positions sur les Palestiniens ou les
dossiers iranien et syrien", soulignait mercredi le quotidien israélien
Haaretz, pour lequel "Trump est un voyage dans l'inconnu".
Face à ces incertitudes, le roi Salmane d'Arabie Saoudite, l'une des
grandes puissances régionales, a souhaité à M. Trump "le succès dans
(sa) mission pour réaliser la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient".
Et Abdel Fattah al-Sissi, président de l'Egypte, le pays arabe le plus
peuplé, a appelé à "plus de coopération et de coordination" avec
Washington, en espérant "un nouveau souffle".
Pour le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, l'essentiel est "la
poursuite du soutien" des Etats-Unis dans la lutte "contre le
terrorisme". Avec des milliers de conseillers militaires et les frappes
aériennes, l'armée américaine joue en effet un rôle crucial dans
l'offensive en cours pour reprendre Mossoul à Daesh, le groupe terroriste qui se prétend Etat islamique
(EI).
En Syrie, la victoire de M. Trump a été accueillie à Damas comme "une
bonne surprise", a indiqué à l'AFP Waddah Abed Rabbo, directeur du
quotidien Al Watan, proche du régime du président Bachar al-Assad.
Pour lui, il faut que la politique des États-Unis "ne soit plus l'otage
des désirs catastrophiques des pays du Golfe", comme l'Arabie Saoudite
et le Qatar, qui soutiennent la rébellion.
Ne cachant pas son admiration pour le président russe Vladimir Poutine,
un allié du régime syrien, Donald Trump avait déclaré en juillet au New
York Times: "Assad hait l'EI, l'EI hait Assad. Ils se battent l'un
contre l'autre, et on est censé combattre les deux? L'EI est une bien
plus grande menace contre nous qu'Assad".
De leur côté, des groupes rebelles réclament aussi une nouvelle
politique américaine car "l'expérience avec l'administration Obama n'a
pas été bonne", selon Bassam Moustapha, membre du conseil politique de
Nourredine al-Zinki, l'un des principaux groupes rebelles.
Il demande à M. Trump moins d'"hésitation" face au régime et "une
attitude ferme à l'égard de l'intervention russe et iranienne".
Mais, dans un camp de déplacés à la frontière turque, Abdoul Rahman
Ahmad, un enseignant, ne voit pas de différences entre "le nouveau
président et son prédécesseur". "Ils n'en ont rien à faire du peuple
syrien, ils ne veulent que tuer des musulmans", dit-il, désabusé.
L'Iran a été prompt à réagir en jugeant que "le plus important" était
"que le futur président respecte les accords, les engagements pris (...)
à un niveau multilatéral", selon son ministre des Affaires étrangères,
Mohammad Javad Zarif.
Le président Hassan Rohani a ainsi affirmé que M. Trump ne pourrait pas
revenir sur l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et les grandes
puissances car il avait été "entériné" par l'ONU.
Pendant la campagne électorale, M. Trump avait déclaré qu'il "déchirerait", s'il était élu, cet accord.
"Le président élu est un véritable ami de l'Etat d'Israël", a pour sa
part salué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, "impatient
de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la
paix".
L'un de ses ministres, Naftali Bennett, chef de file du lobby colon,
s'est félicité que "la victoire de Trump offre à Israël la chance de
renoncer immédiatement à l'idée de création d'un Etat palestinien".
A Ramallah, la présidence palestinienne s'est déclarée "prête à
travailler" avec M. Trump pour l'établissement d'un Etat palestinien
indépendant coexistant avec Israël.
Nul changement n'est en revanche attendu par le mouvement islamiste
Hamas, qui dit s'attendre au maintien du "même parti pris
anti-palestinien".
(09-11-2016)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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