Des soldats des forces spéciales irakiennes dans le quartier de Karkoukli le 14 novembre 2016 à Mossoul (Afp)
A Mossoul, deux mots suffisent à afficher la peur sur le visage des soldats irakiens engagés contre les jihadistes: "Voiture piégée!"
Un cri déchire le ciel du quartier de Karkoukli ravagé par les combats entre les forces spéciales irakiennes, dorénavant maîtres de l'ouest du district, et les terroristes de Daesh qui opposent une farouche résistance à l'est.
"Un véhicule blindé se dirige vers vous, mettez-vous à l'abri!", prévient une voix dans le talkie-walkie. Les troupes finissent à peine leur traditionnel déjeuner fait de riz et de sauce tomate quand elles reçoivent l'alerte sur le canal du régiment de Diyala (du nom d'une province située au nord-est de la capitale Bagdad).
La panique gagne les hommes du service d'élite du contre-terrorisme irakien (CTS). Certains intiment l'ordre aux quelques civils de se cacher quand d'autres détalent à toutes jambes dans les rues adjacentes, armes légères ou lance-grenades à la main, avant de forcer l'entrée de maisons abandonnées.
"Prenez les bazookas", crie l'un des chefs à ses hommes qui prennent rapidement position aux intersections d'où ils pourront voir arriver la voiture piégée.
"Une voiture suspecte fait route vers le nord", bourdonne une voix s'échappant de la radio collée à l'oreille du lieutenant Abbas, qui supervise les opérations depuis le toit d'un immeuble de Karkoukli. Elle est à environ 150 mètres de la base des CTS, assure-t-il à l'AFP.
La voiture piégée, arme de prédilection des jihadistes dans cette bataille de rue, roule lentement sur la principale route qui coupe le quartier en deux et cherche probablement à se rapprocher des forces irakiennes.
Toute la matinée, chars et bulldozers bloquent les rues, bouclent les principaux accès, forçant le conducteur de la voiture à rebrousser chemin.
Bien que la menace ait momentanément disparu, les forces spéciales restent sur le qui-vive. Car la recherche de la voiture piégée continue.
A Karkoukli, les mitrailleuses et les lances-roquettes se sont tus. Seule la traque pour retrouver cette mystérieuse voiture vient agiter le calme précaire qui règne dans ses rues désertes.
A peine a-t-il reçu des nouvelles fraîches sur la localisation du véhicule que le lieutenant Haidar Hussein monte sur le toit de la maison abandonnée qui sert aujourd'hui de base pour lui et ses hommes.
Le jeune soldat, rasé de près, est responsable du régiment chargé de la surveillance par drone, précieux engin volant utilisé pour surveiller les mouvements des jihadistes et localiser leurs voitures piégées.
D'ordinaire, ces appareils repèrent les véhicules bourrés d'explosifs qui sont ensuite détruits par les chars des CTS ou des frappes de la coalition internationale antijihadistes conduite par Washington.
Mais cette-fois-ci, le jeune lieutenant n'est pas aussi chanceux.
"J'ai fait voler le drone dès que j'ai entendu parler de la voiture suspecte, mais je n'arrive pas à la trouver", concède-t-il.
La recherche est d'autant plus délicate que le temps est compté: les batteries des drones n'ont que de 20 minutes d'autonomie.
"Je surveille cette zone car c'est l'unique voie par laquelle les voitures peuvent nous atteindre", explique le lieutenant, balayant du regard la principale route désertique menant à Karkoukli.
Il secoue la tête et ramène le drone vers son toit, dont le sol est jonché de verre brisé et de cannettes de boisson énergétique vides.
Quelques minutes plus tard, un soldat vient sonner la fin de l'infructueuse traque en agitant sa main: la voiture a quitté le quartier... pour le moment.
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