Israël a réactivé, selon une ONG, le projet de construire 500 nouveaux
logements dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est annexée et
occupée, une annonce de mauvaise augure pour les Palestiniens quant à la
future présidence Trump.
"Il s'agit du premier plan à aller de l'avant depuis les élections
américaines", a dit à l'AFP Betty Herschman, une responsable de l'ONG Ir
Amim, opposée à la colonisation. Pour elle, le projet s'inscrit "dans
la droite ligne" des déclarations des officiels qui veulent mettre la
victoire de Donald Trump au service de la colonisation.
Une commission de la municipalité de Jérusalem a décidé mercredi de
faire avancer l'instruction d'un projet de construction de 500 logements
à Ramat Shlomo, a indiqué Ir Amim.
Ramat Shlomo est une importante colonie de Jérusalem-Est, partie
majoritairement palestinienne de Jérusalem qu'Israël a annexée et où il
impose ses lois, bien que l'annexion ne soit pas reconnue
internationalement et que les Palestiniens veuillent faire de
Jérusalem-Est la capitale d'un futur Etat indépendant toujours dans les
limbes.
La colonisation, c'est-à-dire la construction par Israël d'habitations
civiles dans les territoires occupés comme Jérusalem-Est, est considérée
comme illégale par la communauté internationale. Celle-ci y voit un
obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens, ce que
conteste le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite
de l'histoire d'Israël.
Après huit années d'administration Obama, qui tient elle aussi la
colonisation pour une entrave à la paix, la droite israélienne s'est
emparée de la victoire de Donald Trump. Elle y a vu la chance de
relancer à grande échelle la colonisation, quasiment gelée selon elle
sous la pression américaine.
Meir Turjeman, un maire adjoint de Jérusalem, avait salué dans la
victoire de M. Trump le signal pour ramener à la vie des projets gelés
et construire des milliers de nouveaux logements à Jérusalem-Est.
L'extension de Ramat Shlomo, peuplée de 20.000 Israéliens très
majoritairement ultra-orthodoxes (stricts observants des lois juives),
était en suspens depuis 2014, selon la presse israélienne.
Un haut conseiller de M. Trump, Jason Greenblatt, déclarait en novembre à
la radio israélienne que le président élu ne voyait pas dans la
colonisation un obstacle à la paix.
Une porte-parole de la municipalité de Jérusalem, Brachie Sprung, a
minimisé la décision de mercredi en la présentant comme de "routine":
"Les plans en question ne sont pas nouveau, ils ont été approuvés il y a
des années".
La décision expose Israël aux critiques. Le ministère français des
Affaires étrangères avait anticipé l'annonce mardi. "La poursuite
ininterrompue de la politique de colonisation ne fait qu'attiser les
tensions sur le terrain et compromet les perspectives d'une paix juste
et durable", avait dit un porte-parole.
Environ 600.000 colons israéliens vivent à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, territoire palestinien voisin.
Dans la foulée de la victoire de M. Trump, la composante la plus
droitière de la coalition gouvernementale a fait adopter le 16 novembre
par le parlement et en lecture préliminaire un projet très controversé.
Il légaliserait en Cisjordanie 2 ou 3.000 logements au regard de la loi
qu'Israël applique dans la majorité du territoire palestinien.
L'administration Obama dénonce là un potentiel dangereux précédent.
Responsables, diplomates et analystes conjecturent sur la possibilité
que Barack Obama, frustré par ses relations difficiles avec Netanayahu et surtout l'absence totale de progrès vers la paix entre
Israéliens et Palestiniens sous sa présidence, ne prenne une initiative
diplomatique de dernière minute avant de céder la place à M. Trump en
janvier.
M. Obama pourrait soutenir une résolution de l'ONU sur le conflit
israélo-palestinien ou rompre avec la politique consistant à opposer le
veto américain à toute résolution défavorable à Israël, y compris sur la
colonisation, spéculent-ils. Une autre éventualité envisagée est celle
d'un discours énonçant les paramètres de résolution du conflit selon les
Etats-Unis.
Netanyahu a lui-même exprimé sa préoccupation récemment devant l'éventualité d'une telle initiative.
Pour la première fois à un aussi haut niveau et publiquement, le
ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a dit mercredi ne pas
croire à une telle éventualité et a exhorté la droite israélienne à la
patience.
(23-11-2016)
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