Des vendeurs de rue dans le quartier rebelle d'Alep en Syrie, le 27 octobre 2016 (Afp)
Les personnes bloquées dans la ville assiégée d'Alep ne peuvent pas se payer le luxe de refuser l'aide des jihadistes, estime un haut responsable de l'opposition syrienne, fustigeant au passage "l'inaction" de la communauté internationale.
Le régime de Damas et son allié russe utilisent la présence de combattants du front Fateh al-Cham -- ex-Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) -- pour justifier la poursuite de leur offensive militaire sur la partie orientale d'Alep, contrôlée par les rebelles.
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a également demandé aux jihadistes de quitter la ville afin de permettre la livraison d'aide humanitaire aux quelque 250.000 civils bloqués dans les quartiers est.
Mais Khaled Khoja, un des membres influents du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, affirme que les habitants pris au piège et désespérés et les rebelles qui tentent de les défendre n'ont pas d'autre choix que d'accepter l'aide des combattants islamistes.
"L'inaction de la communauté internationale pour briser le siège d'Alep a permis à Al-Nosra d'intervenir dans cette bataille", a-t-il dit à l'AFP lors d'une interview lundi soir à Genève.
"Vous ne pouvez pas demander aux gens qui souffrent dans Alep à cause du siège de refuser l'aide de quiconque", a-t-il ajouté.
Une coalition de rebelles islamistes et jihadistes a lancé vendredi une vaste offensive à coups de roquettes et d'obus contre Alep-ouest, tenue par le régime de Damas, afin de briser le siège imposé depuis juillet par l'armée fidèle au dictateur syrien Bashar al-Assad.
M. Khoja affirme qu'il n'y a qu'environ 300 membres d'Al-Nosra qui se battent au côté de quelque 20.000 rebelles retranchés dans Alep-est. L'ONU estime de son côté à environ 8.000 le nombre de rebelles antigouvernementaux, parmi lesquels 900 appartiennent au front Fateh al-Sham.
M. Khoja a d'autre part rejeté les accusations disant que l'opposition tirait sur les civils dans Alep-ouest, affirmant que "le HCN n'accepte pas que des civils soient pris pour cible".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les tirs de roquettes et d'obus venant des quartiers rebelles ont tué 51 civils, dont 18 enfants, depuis vendredi.
M. Khoja a reconnu qu'il y a eu des victimes civiles, mais a rejeté la faute sur les soutiens internationaux comme les Etats-Unis qui ont refusé de livrer des armes appropriées, selon lui.
Il a insisté sur le fait que les rebelles "ne visent pas les civils, mais visent le régime". "Toutefois, les bombes qu'ils utilisent ne sont pas des bombes parfaites", a-t-il admis.
De l'autre côté, a-t-il accusé, "les Russes visent les civils, le régime aussi vise les civils. Ce n'est pas comparable".
M. Khoja a d'autre part exprimé l'espoir que l'élection présidentielle américaine la semaine prochaine pousserait Washington à soutenir plus activement l'opposition en Syrie.
"Nous avons entendu (la candidate démocrate Hillary) Clinton parler de protection des civils, de zones d'exclusion aérienne, c'est quelque chose que nous demandons", a-t-il dit.
Il s'est en revanche montré plus inquiet en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump, qui a donné l'impression d'être "très proche (de Bashar) et des Russes".
Mais une fois qu'il aura pris connaissance de la situation en Syrie, "nous espérons qu'il pourra modifier son attitude".
A propos des discussions de paix sous l'égide de l'ONU à Genève, M. Khoja s'est dit peu optimiste sur leur reprise dans un avenir proche en raison de la poursuite des combats sur le terrain.
Il a précisé que sa présence en Suisse, au côté d'autres membres du HCN, était motivée par des discussions techniques sur la question des prisonniers avec l'entourage de M. De Mistura. Le HCN estime à plus de 200.000 le nombre d'opposants détenus par le régime et ses alliés.
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