samedi 4 juillet 2015

Tunisie: le Premier ministre reconnaît des erreurs

Habib Essid, Premier ministre tunisien, a reconnu des défaillances sécuritaires après l'attenant de Sousse durant lequel 38 touristes ont été tués.
Le Premier ministre tunisien Habib Essid a reconnu, vendredi, que la police avait mis trop de temps à intervenir lors de l'attentat à Sousse qui a tué 38 touristes la semaine dernière dans un hôtel. Il s'agit du premier aveu officiel de défaillances sécuritaires. 
"Le temps de la réaction, là est le problème", a déclaré Habib Essid à la BBC, une semaine jour pour jour après qu'un étudiant de 23 ans a ouvert le feu sur des vacanciers sur une plage et au bord des piscines de l'hôtel Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, dans le centre-est de la Tunisie. Le Premier ministre a ajouté que la police avait été "bloquée partout", sans plus de précisions, et tenu à s'excuser au nom de la Tunisie. "Nous sommes vraiment désolés pour ce qui s'est passé", a-t-il dit.
Les 38 touristes tués, parmi lesquels 30 Britanniques, "étaient nos invités. Ils étaient venus passer leurs vacances avec nous mais ce qui s'est passé est une horreur inacceptable", a ajouté le Premier ministre qui a participé vendredi à une cérémonie commémorative sur les lieux du drame. Une minute de silence a été observée après un air de clairon, et une plaque 'In Memoriam' a été plantée au-dessus des fleurs déposées depuis une semaine.
C'est la première fois qu'un haut responsable tunisien admet officiellement des défaillances des services de sécurité, alors que le tueur a pu déambuler pendant au moins 30 minutes selon plusieurs témoignages, Kalachnikov à la main, avant d'être abattu par les forces de police. Depuis une semaine, les Tunisiens, sur les réseaux sociaux comme dans la rue, alternent entre désespoir et humour noir face aux récits accablant les forces de l'ordre. Deux témoins ont ainsi indiqué à l'AFP qu'un agent de sécurité armé, arrivé par la mer, n'avait pas osé intervenir et avait abandonné son arme à un civil qui, lui, voulait "tirer sur le terroriste".
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak, a revendiqué l'attaque, comme il l'avait fait lors de l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis, le 18 mars, dans lequel 22 personnes (21 touristes et un policier tunisien) étaient mortes.
Après l'attentat, la Tunisie a annoncé la mise en place d'un "plan exceptionnel" mercredi pour sécuriser plages et sites touristiques, avec notamment le déploiement d'un millier d'agents armés supplémentaires dans ces zones. Mais dans une vidéo diffusée par la radio privée Cap FM, le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli, qui inspectait mercredi soir une plage dans la station balnéaire de Hammamet (au sud de Tunis), constatait des carences avec colère. "Nous nous étions mis d'accord sur la protection des plages. Où sont-ils, tes agents chargés de sécuriser les plages? Et je les veux armés. Où sont-ils?", lançait-il à un responsable.

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