Le procès de 24 Tunisiens accusés d'être impliqués dans l'assassinat
en 2013 de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, farouche critique des
islamistes, a été reporté mardi au 30 octobre, a indiqué à l'AFP
Sofiène Sliti, le porte-parole du Parquet.
"A la demande de la partie civile et de la défense des accusés, le
tribunal a décidé de reporter le procès au 30 octobre", a-t-il
précisé.
Les demandes de libération de certains accusés ont été rejetées, a
encore ajouté M. Sliti.
Près de 200 avocats, de nombreux journalistes ainsi que des
policiers en civil étaient présents mardi au tribunal pour la
première audience de ce procès tandis que des dizaines de personnes
manifestaient dans la rue en scandant "Tunisie libre, terrorisme
dehors", selon une journaliste de l'AFP sur place.
Face à l'affluence, l'audience se tenait non pas dans l'une des
salles du Palais de justice de Tunis mais dans le grand hall au
premier étage du bâtiment, "un espace qui ne convient pas à un
procès historique attendu par les Tunisiens", a souligné l'avocat
Slah Hajri au juge.
"Aujourd'hui, nous allons voir si justice sera faite ou non. Il y
aura des indices sur la volonté ou pas de rendre justice", avait dit
plus tôt à l'AFP la veuve de l'opposant, Basma Khalfaoui.
Chokri Belaïd, un farouche critique des islamistes d'Ennahda alors
au pouvoir, a été tué devant chez lui le 6 février 2013 à Tunis, un
assassinat qui avait choqué le pays et provoqué une crise politique.
Sur les 24 accusés, 23 sont en détention et un est en liberté, selon
le parquet.
Quatre seulement étaient visibles dans le hall archiplein. Les
autres qui ont été ramenés au tribunal ont refusé de comparaître
devant le juge, selon leurs avocats.
"Les accusés subissaient depuis plus d'une semaine une vague
d'agressions et violations de leur intégrité physique dans la prison
de Borj Erroumi et la prison de Mornaguia où ils sont même empêchés
de faire la prière", a affirmé l'avocate Sarra Harath au juge.
"Tant que leurs droits ne sont pas respectés, ils refuseront de
comparaître devant le tribunal", a-t-elle ajouté.
Ils sont poursuivis pour "incitation à commettre des crimes
terroristes", "adhésion à des groupes en relation avec des
organismes terroristes" et meurtre avec préméditation, avait indiqué
l'avocat de l'un des accusés.
Ils sont aussi soupçonnés d'avoir "fourni des informations, un local
et des dons directs afin de financer des personnes ayant des
activités terroristes" et d'avoir "fourni des armes et des explosifs
à un organisme en relation avec des crimes terroristes", a précisé
le Parquet à l'AFP.
Les avocats de la partie civile ont demandé une diffusion télévisée
en direct des prochaines audiences, demande refusée par des avocats
des accusés.
Les autorités avaient attribué le meurtre de M. Belaïd à la mouvance
jihadiste et annoncé en février 2014 avoir tué, dans une opération
antiterroriste, son assassin présumé Kamel Gadhgadhi.
En décembre 2014, des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique
(EI) ont pour la première fois revendiqué l'assassinat de Chokri
Belaïd et celui d'un autre opposant, le député Mohamed Brahmi, tué
en juillet 2013.
Mais la famille de Chokri Belaïd continue de dénoncer des "zones
d'ombre" et de réclamer la vérité.
Ce procès s'est ouvert alors que la Tunisie est encore sous le choc
après un attentat sanglant vendredi contre des touristes près de
Sousse revendiqué par l'EI.
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