Si ses contours ont bougé, le califat est toujours là, accroché entre le
Nord-Ouest irakien et l’Est syrien, un an après sa proclamation. L’Etat
islamique dispose aujourd’hui d’un territoire, en majorité désertique,
d’environ 300 000 km².
En un an, les jihadistes ont légèrement reculé en Irak, perdant Tikrit
mais gagnant Ramadi, la capitale de la province d’Al Anbar, où l’Etat
islamique est né. Les frappes de la coalition menée par les Etats-Unis
l’ont empêché de progresser vers Bagdad, la capitale, menacée à l’été
2014. Mais les bombardements ne suffiront pas à les déloger de Mossoul,
deuxième ville irakienne, prise il y a un an. Les Occidentaux,
Américains en tête, n’ont pas l’intention d’envoyer des troupes au sol,
ce sera donc aux forces irakiennes de s’en charger.
L’armée irakienne, seule, n’en est pas capable. A Ramadi, les soldats
ont refusé de combattre après avoir été visés par une série
d’attentats-suicides, préférant fuir. L’envoi de milices chiites,
regroupées au sein des «Unités de la mobilisation populaire», a certes
permis de reprendre Tikrit, peu défendu. Mais les dépêcher à Ramadi, à
forte majorité sunnite, risquerait d’aggraver encore les tensions
sectaires. Les Etats-Unis se disent favorables au recours à des milices
sunnites, sur le modèles des troupes du «Réveil» qui avaient permis de
déloger Al-Qaeda en Irak en 2007. Mais elles n’ont toujours pas reçu les
financements et les armements de la part du ministère de la Défense
irakien.
En Syrie, l’équation est bien plus complexe. Depuis la proclamation du
califat, Daech (l’acronyme arabe de l’Etat islamique) y a progressé. Les
jihadistes se sont emparés de la cité antique de Palmyre, ont chassé
les rebelles de Deir el-Zor et ont avancé dans la province de Hama.
Leurs principales défaites ont eu lieu au nord, au Kurdistan syrien. Les
forces kurdes du YPG, les Unités de protection du peuple, alliées à des
rebelles de l'Armée syrienne libre, les ont repoussés à Kobané, aidées
par les frappes de la coalition. Elles les ont aussi chassés de Tall
Abyad, à la frontière turque, et d’Aïn Issa, à une cinquantaine de
kilomètres seulement de Raqqa. Mais ces victoires sont fragiles. Les
jihadistes viennent de contre-attaquer dans les deux villes, sans succès
pour l’instant. Ils ont revanche progressé à Hassaké, une ville tenue
en partie par le régime de Bashar al-Assad.
Daech tente enfin de s’emparer d’Alep, la grande ville du Nord, où les
rebelles combattent les soldats syriens depuis l’été 2012. Le régime
continue à bombarder la ville, le plus souvent avec des barils
d’explosifs aussi imprécis que dévastateurs. Une stratégie qui bénéficie
directement à l’EI puisqu’elle affaiblit les rebelles, pris entre
jihadistes et forces gouvernementales.
Puissant en Irak et en Syrie, où des combattants étrangers continuent
d'affluer, Daech ne se contente pour autant pas de son califat. En un
an, ses appels à l'allégeance ont été entendus en Libye, en Egypte, en
Tunisie, en Arabie Saoudite, au Yémen, au Pakistan et en Afghanistan.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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