jeudi 2 juillet 2015

Syrie/Irak : Les frontières mouvantes du califat

Si ses contours ont bougé, le califat est toujours là, accroché entre le Nord-Ouest irakien et l’Est syrien, un an après sa proclamation. L’Etat islamique dispose aujourd’hui d’un territoire, en majorité désertique, d’environ 300 000 km².
En un an, les jihadistes ont légèrement reculé en Irak, perdant Tikrit mais gagnant Ramadi, la capitale de la province d’Al Anbar, où l’Etat islamique est né. Les frappes de la coalition menée par les Etats-Unis l’ont empêché de progresser vers Bagdad, la capitale, menacée à l’été 2014. Mais les bombardements ne suffiront pas à les déloger de Mossoul, deuxième ville irakienne, prise il y a un an. Les Occidentaux, Américains en tête, n’ont pas l’intention d’envoyer des troupes au sol, ce sera donc aux forces irakiennes de s’en charger.
L’armée irakienne, seule, n’en est pas capable. A Ramadi, les soldats ont refusé de combattre après avoir été visés par une série d’attentats-suicides, préférant fuir. L’envoi de milices chiites, regroupées au sein des «Unités de la mobilisation populaire», a certes permis de reprendre Tikrit, peu défendu. Mais les dépêcher à Ramadi, à forte majorité sunnite, risquerait d’aggraver encore les tensions sectaires. Les Etats-Unis se disent favorables au recours à des milices sunnites, sur le modèles des troupes du «Réveil» qui avaient permis de déloger Al-Qaeda en Irak en 2007. Mais elles n’ont toujours pas reçu les financements et les armements de la part du ministère de la Défense irakien.
En Syrie, l’équation est bien plus complexe. Depuis la proclamation du califat, Daech (l’acronyme arabe de l’Etat islamique) y a progressé. Les jihadistes se sont emparés de la cité antique de Palmyre, ont chassé les rebelles de Deir el-Zor et ont avancé dans la province de Hama. Leurs principales défaites ont eu lieu au nord, au Kurdistan syrien. Les forces kurdes du YPG, les Unités de protection du peuple, alliées à des rebelles de l'Armée syrienne libre, les ont repoussés à Kobané, aidées par les frappes de la coalition. Elles les ont aussi chassés de Tall Abyad, à la frontière turque, et d’Aïn Issa, à une cinquantaine de kilomètres seulement de Raqqa. Mais ces victoires sont fragiles. Les jihadistes viennent de contre-attaquer dans les deux villes, sans succès pour l’instant. Ils ont revanche progressé à Hassaké, une ville tenue en partie par le régime de Bashar al-Assad.
Daech tente enfin de s’emparer d’Alep, la grande ville du Nord, où les rebelles combattent les soldats syriens depuis l’été 2012. Le régime continue à bombarder la ville, le plus souvent avec des barils d’explosifs aussi imprécis que dévastateurs. Une stratégie qui bénéficie directement à l’EI puisqu’elle affaiblit les rebelles, pris entre jihadistes et forces gouvernementales.
Puissant en Irak et en Syrie, où des combattants étrangers continuent d'affluer, Daech ne se contente pour autant pas de son califat. En un an, ses appels à l'allégeance ont été entendus en Libye, en Egypte, en Tunisie, en Arabie Saoudite, au Yémen, au Pakistan et en Afghanistan.



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