jeudi 2 juillet 2015

Israël/Palestine : L'ONU menace de fermer ses écoles dans la bande de Gaza

L'avertissement a été répercuté ces derniers jours par les principaux médias de la Bande de Gaza. L'agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), qui affirme être confrontée à une crise financière «sans précédent», craint de ne pas pouvoir organiser la prochaine rentrée scolaire. «A moins d'une amélioration spectaculaire de la situation, nous ne serons pas en mesure d'ouvrir les 245 établissements dont nous avons la charge», s'alarme Robert Turner, directeur des opérations dans l'enclave côtière depuis environ trois ans. Si sa prophétie se réalise, plus de 232.000 enfants et adolescent résidant à Gaza se retrouveront sans école en septembre prochain, tandis que 8.000 employés palestiniens seront privés de salaire.
L'UNRWA, qui assiste quelque cinq millions de Palestiniens issus de familles réfugiées à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Jordanie, est confrontée depuis de nombreuses années à d'importantes difficultés budgétaires. La croissance régulière de la population bénéficiaire et la baisse tendancielle des contributions versées par la communauté internationale ont inexorablement creusé le déficit. «Cette fois, pourtant, la situation est d'une gravité particulière», assure Robert Turner. L'agence affiche, pour 2015, un déficit d'environ 101 millions de dollars sur un budget de 680 millions. «Nous avons déjà supprimé de nombreux postes d'expatriés mais ces mesures difficiles n'ont pas suffi à redresser la barre, explique encore le directeur des opérations. Si nous voulons préserver notre infrastructure médicale, nous risquons donc de devoir remettre en cause les programmes non-vitaux.»
Les 700 écoles et les 500 000 élèves pris en charge par l'UNRWA à travers le Proche-Orient sont concernés par cette menace de fermeture. La situation est particulièrement préoccupante en Syrie et au Liban, mais aussi à Gaza, où la population s'apprête à commémorer, dans le dénuement, l'anniversaire de la guerre de l'été 2014. Plus de 2.200 Palestiniens ont trouvé la mort et 18.000 maisons ont été totalement détruites au cours de l'opération Bordure protectrice. «Si nous avons pu venir en aide à 60.000 familles dont les habitations ont été partiellement endommagées, plusieurs milliers d'habitants demeurent aujourd'hui sans abri, observe Robert Turner. Vous pouvez imaginer ce que sera la réaction de cette population si nous sommes contraints de mettre en sommeil notre programme de scolarisation…»
Paradoxalement, cette perspective n'a, pour l'heure, pas suscité de réaction dans la bande de Gaza. La population semble hésiter à prendre au sérieux la mise en garde de l'ONU, qui, par le passé, a plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme mais s'est toujours arrangé pour éviter un drame. «Nous savons que l'UNRWA traverse une crise difficile, mais je pense que les pays contributeurs finiront bien par trouver une solution», espère ainsi Ghazi Hamad, haut responsable du Hamas, la formation islamiste qui contrôle depuis 2007 l'enclave palestinienne. Dans le cas contraire, il prévient toutefois: «La décision de ne pas rouvrir les écoles entraînerait sans nulle doute un immense désastre.»

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