L'avertissement a été répercuté ces derniers jours par les principaux
médias de la Bande de Gaza. L'agence des Nations unies en charge des
réfugiés palestiniens (UNRWA), qui affirme être confrontée à une crise
financière «sans précédent», craint de ne pas pouvoir organiser la
prochaine rentrée scolaire. «A moins d'une amélioration spectaculaire de
la situation, nous ne serons pas en mesure d'ouvrir les 245
établissements dont nous avons la charge», s'alarme Robert Turner,
directeur des opérations dans l'enclave côtière depuis environ trois
ans. Si sa prophétie se réalise, plus de 232.000 enfants et adolescent
résidant à Gaza se retrouveront sans école en septembre prochain, tandis
que 8.000 employés palestiniens seront privés de salaire.
L'UNRWA, qui assiste quelque cinq millions de Palestiniens issus de
familles réfugiées à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en
Jordanie, est confrontée depuis de nombreuses années à d'importantes
difficultés budgétaires. La croissance régulière de la population
bénéficiaire et la baisse tendancielle des contributions versées par la
communauté internationale ont inexorablement creusé le déficit. «Cette
fois, pourtant, la situation est d'une gravité particulière», assure
Robert Turner. L'agence affiche, pour 2015, un déficit d'environ 101
millions de dollars sur un budget de 680 millions. «Nous avons déjà
supprimé de nombreux postes d'expatriés mais ces mesures difficiles
n'ont pas suffi à redresser la barre, explique encore le directeur des
opérations. Si nous voulons préserver notre infrastructure médicale,
nous risquons donc de devoir remettre en cause les programmes
non-vitaux.»
Les 700 écoles et les 500 000 élèves pris en charge par l'UNRWA à
travers le Proche-Orient sont concernés par cette menace de fermeture.
La situation est particulièrement préoccupante en Syrie et au Liban,
mais aussi à Gaza, où la population s'apprête à commémorer, dans le
dénuement, l'anniversaire de la guerre de l'été 2014. Plus de 2.200
Palestiniens ont trouvé la mort et 18.000 maisons ont été totalement
détruites au cours de l'opération Bordure protectrice. «Si nous avons pu
venir en aide à 60.000 familles dont les habitations ont été
partiellement endommagées, plusieurs milliers d'habitants demeurent
aujourd'hui sans abri, observe Robert Turner. Vous pouvez imaginer ce
que sera la réaction de cette population si nous sommes contraints de
mettre en sommeil notre programme de scolarisation…»
Paradoxalement, cette perspective n'a, pour l'heure, pas suscité de
réaction dans la bande de Gaza. La population semble hésiter à prendre
au sérieux la mise en garde de l'ONU, qui, par le passé, a plusieurs
fois tiré la sonnette d'alarme mais s'est toujours arrangé pour éviter
un drame. «Nous savons que l'UNRWA traverse une crise difficile, mais je
pense que les pays contributeurs finiront bien par trouver une
solution», espère ainsi Ghazi Hamad, haut responsable du Hamas, la
formation islamiste qui contrôle depuis 2007 l'enclave palestinienne.
Dans le cas contraire, il prévient toutefois: «La décision de ne pas
rouvrir les écoles entraînerait sans nulle doute un immense désastre.»
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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