jeudi 10 avril 2014

Syrie : plus de 50 morts dans des combats entre rebelles et jihadistes

Plus de 50 combattants ont été tués jeudi dans de nouveaux affrontements en Syrie entre jihadistes et rebelles, auparavant alliés dans leur lutte contre le régime de Bashar al-Assad, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Ces combats ont éclaté avec un assaut lancé à l’aube par les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sur des positions tenues par le Front al-Nosra, lié à Al-Qaïda, et par ses alliés, à la frontière syro-irakienne, a précisé l’OSDH.
Selon cette organisation qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales dans le pays en guerre, les combats se déroulent en particulier dans et autour de la ville de Boukamal, où les jihadistes de l’EIIL ont avancé en direction du poste-frontière, pour tenter de faire la jonction avec leurs frères d’armes en Irak.
L’EIIL a pris plusieurs quartiers de Boukamal aux combattants d’Al-Nosra et d’autres rebelles islamistes, a précisé l’OSDH. Outre les 51 combattants tués, les corps de 10 autres combattants, apparemment exécutés par l’EIIL, ont été retrouvés à l’extérieur de Boukamal, selon la même source.
Selon un capitaine de l’Armée syrienne libre (ASL) formée en grande partie de soldats ayant fait défection, son groupe "contrôle toujours le poste-frontière avec l’Irak".
"L’EIIL a attaqué nos positions à Boukamal et les affrontements se poursuivent", a-t-il précisé.
Depuis le côté irakien de la frontière, un correspondant de l’AFP a constaté que les drapeaux de l’ASL étaient toujours en place.
L’armée irakienne a installé des barrières de protection en béton sur des centaines de mètres ainsi que des sacs de sable par endroits entre Qaïm en Irak et Boukamal. "Nous avons peur que l’EIIL prenne le contrôle du poste-frontière", a assuré à l’AFP un colonel irakien.
Située dans la province de Deir Ezzor, Boukamal comptait 70 000 habitants avant le conflit. La ville aux mains de la rébellion depuis fin 2012, après plusieurs tentatives du régime de la reprendre. Chassé de cette province riche en pétrole et en gaz début février, l’EIIL tente d’y reprendre pied.
Déclenché en mars 2011 par une révolte populaire, le conflit en Syrie s’est militarisé face la répression, des soldats ayant fait défection et des civils ayant pris les armes combattant les troupes gouvernementales.
Mais le conflit est devenu de plus en plus complexe avec les affrontements opposant rebelles et jihadistes venus en grande partie de l’étranger.
Après les avoir accueillis à bras ouverts, les rebelles islamistes et "modérés", excédés par les exactions attribuées à l’EIIL et sa volonté d’hégémonie, ont retourné début janvier leurs armes contre leurs ex-alliés, dans les zones sous leur contrôle dans le nord du pays.
En janvier et février, ces combats entre jihadistes et rebelles ont fait des milliers de morts.
Dans le même temps, le Front al-Nosra a revendiqué, dans un communiqué le double attentat à la voiture piégée qui a fait au moins 25 morts mercredi dans un quartier de Homs (centre).
Dans la localité de Karm al Zeytun, dans la province de Homs, 14 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées par des inconnus jeudi, selon l’OSDH qui attribue l’attaque à des miliciens pro-régime. Mais l’agence officielle SANA a accusé "un groupe terroriste armé", terme utilisé par le régime pour désigner les rebelles.
Le conflit en Syrie, qui a fait plus de 150 000 morts, semble s’éterniser, aucun des protagonistes ne parvenant à prendre le dessus sur le terrain malgré les récentes avancées de l’armée.

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