L’armée de l’air jordanienne a annoncé avoir détruit mercredi des
véhicules militaires qui tentaient de pénétrer sur son territoire depuis
la Syrie, la première frappe de ce type depuis le début du conflit chez
son voisin il y a trois ans.
Le ministre jordanien de l’Information, Mohammad Momani, a affirmé à
l’AFP que les véhicules visés transportaient des trafiquants d’armes,
qui ont "tous été tués".
Les autorités de Damas avaient assuré un peu avant que les véhicules
n’appartenaient pas à l’armée syrienne, qui combat une rébellion,
composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, ainsi que de
jihadistes, venus de l’étranger.
Damas a accusé à plusieurs reprises les autorités jordaniennes de
soutenir les rebelles, en les armant et en les entraînant, mais Amman
rejette ces allégations, assurant avoir renforcé ses contrôles à la
frontière et avoir arrêté des dizaines de personnes qui tentaient de
rejoindre la rébellion en Syrie.
"Des avions de combat des forces armées royales ont détruit aujourd’hui à
10H30 (07H30 GMT) plusieurs véhicules militaires qui tentaient de
pénétrer en Jordanie depuis la Syrie", a indiqué l’armée jordanienne
dans un communiqué.
"Les véhicules, camouflés, ont essayé d’entrer depuis un secteur au
terrain accidenté. Les avions de combat ont lancé des tirs de semonce,
qui ont été ignorés, ce qui les a conduits à détruire ces véhicules", a
ajouté l’armée, en précisant qu’elle ne tolèrerait "pas ce type
d’actions".
C’est la première fois que la Jordanie a recours à ses avions de combat
pour lutter contre des infiltrations sur son territoire depuis la Syrie.
Une source militaire à Amman a précisé que "trois véhicules avaient
essayé d’entrer dans le royaume près de Rouwaïched (nord)", dans le
désert.
"Les premières investigations montrent que (les personnes) se trouvant à
l’intérieur des véhicules (...) essayaient de faire passer en
contrebande des armes et d’autres choses", a déclaré M. Momani,
également porte-parole du gouvernement.
"Ils ont tous été tués", a-t-il ajouté, sans préciser leur nombre.
Les personnes visées étaient "des trafiquants d’armes, qui cherchaient
également parfois à faire entrer de la drogue", a également déclaré un
responsable militaire.
Les gardes-frontières jordaniens ont récemment annoncé que la
contrebande d’armes entre la Jordanie et la Syrie avait augmenté de 300%
en 2013 et qu’ils avaient déjoué des centaines de tentatives de trafic.
Ces dernières semaines, des heurts avaient eu lieu entre des
gardes-frontières jordaniens et des hommes armés arrêtés alors qu’ils
tentaient de pénétrer dans le royaume.
A Damas, une source militaire syrienne citée par la télévision
officielle a assuré qu’"aucun engin militaire ni blindé appartenant à
l’armée arabe syrienne n’(avait) fait mouvement vers la frontière
jordanienne" et que les véhicules touchés n’appartenaient pas à l’armée.
"En faisant usage de la force aérienne, la Jordanie veut envoyer un
message aux terroristes et aux groupes qui cherchent à exploiter la
situation en Syrie, à savoir (que les autorités) répondront de façon
très ferme à toute menace contre la sécurité nationale", a déclaré à
l’AFP l’expert Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les
études politiques.
"La Jordanie veut aussi (...) répondre à ceux qui l’accusent de
faciliter l’entrée de jihadistes en Syrie, qui sont considérés comme une
menace pour le royaume lui-même", a-t-il ajouté.
A plusieurs reprises, la Jordanie a exprimé ses craintes d’une
propagation du conflit syrien, alors que le royaume accueille plus de
500 000 réfugiés syriens, qui font peser un lourd poids sur l’économie
déjà exsangue du pays et ses faibles ressources en eau et en énergie.
Les Etats-Unis ont eux aussi exprimé leur inquiétude pour la Jordanie,
un de leurs alliés-clés dans la région. Washington a déployé un millier
de soldats, des avions F-16 et des missiles Patriot en Jordanie pour
renforcer la sécurité et mener des missions d’entraînement.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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