Le scrutin anticipé des forces de sécurité irakiennes a été endeuillé
lundi par une série d’attentats qui a fait au moins 20 morts, laissant
présager le pire pour les élections générales de mercredi.
Soldats et policiers votent deux jours plus tôt, pour pouvoir surveiller
les législatives, les premières depuis le départ des troupes
américaines fin 2011.
Le précédent scrutin, en 2010, avait été frappé par plusieurs attaques,
faisant près de 40 morts et des dizaines de blessés, mais depuis, l’Irak
s’est enfoncé dans une nouvelle spirale de violences.
Près de 600 soldats et policiers ont été tués en 2014, et nul ne
parvient à contenir les violences, qui ont fait en tout près de 3.000
morts.
Dès l’ouverture des bureaux de vote à 07H00 locales (04H00 GMT), soldats
et policiers s’alignaient devant les écoles de Bagdad et du reste du
pays, avant de repartir le doigt marqué de la traditionnelle encre
violette indiquant "a voté".
"Les Irakiens veulent du changement. Le gouvernement doit changer, car
il a échoué dans les grandes largeurs", lance Jawad Kadhem, un
sous-officier de police qui attend devant un bureau de vote du centre de
Bagdad, sanglé dans son uniforme.
Craignant une escalade à l’approche du vote, les autorités ont décrété 5
jours fériés —de dimanche à jeudi— pour tenter de sécuriser le scrutin,
auquel un peu plus de 20 millions d’électeurs sont inscrits. Mais ces
élections anticipées entachées de violences, laissent présager un
mercredi noir.
A travers le pays, au moins 20 membres des forces de sécurité ont péri.
La majorité des attaques a visé des bureaux de vote, mais des convois de
l’armée ont également été pris pour cible, faisant des dizaines de
blessés, selon des sources policières et médicales.
L’attaque la plus meurtrière, un attentat suicide contre un bureau de
vote dans l’ouest de Bagdad, a tué au moins 7 policiers et blessé 15
personnes.
A Kirkouk, un kamikaze a fait détoner sa charge dans un bureau de vote,
tuant six policiers, selon des responsables de sécurité.
En outre, au moins six journalistes irakiens ont été blessés dans
l’attaque du bus qui les transportait vers un bureau de vote de Mossoul.
Plus de 9000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés.
Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième
mandat, est donné favori, en l’absence d’un véritable challenger et sur
fond de divisions dans l’opposition.
Mais dans certaines zones du pays, tombées aux mains d’insurgés dont des
jihadistes radicaux, les élections ne pourront probablement pas se
tenir.
Outre l’insécurité grandissante, les Irakiens sont aussi lassés du
chômage, de la corruption et du manque criant de services publics.
"Je suis venu voter pour le bien de l’Irak, et pour chasser ceux qui
n’ont pas servi le pays", explique Ahmed, un policier rencontré dans la
file d’attente d’un bureau de vote de Bagdad, et qui refuse de donner
son nom complet.
"Le Parlement n’a rien fait", renchérit le général de brigade Yahiya
Saad Yahyia, 56 ans, un ancien soldat de l’armée de Saddam Hussein
désormais employé au ministère de l’Intérieur.
Les députés irakiens n’ont approuvé que très peu de projets de loi depuis 2010.
La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au centre des
débats, M. Maliki et son parti, l’Alliance pour l’Etat de droit, faisant
campagne sur la nécessité de s’unir derrière le gouvernement pour
mettre fin au bain de sang.
Il "utilise la crise sécuritaire pour détourner le débat de
l’insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement", explique
Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy.
"S’il réussit, la crise sécuritaire pourrait lui être très bénéfique", pronostique M. Knights.
En plus des quelque 800 000 membres des forces de sécurité, les malades
hospitalisés, le personnel médical, les prisonniers et leurs gardiens
votent également lundi.
Les Irakiens de l’étranger, qui ont commencé à voter dimanche dans 19 pays, ont jusqu’à lundi soir pour se rendre aux urnes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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