Le président Mahmud Abbas a promis samedi que le futur gouvernement
d’union nationale palestinien composé de personnalités indépendantes, en
accord avec le Hamas, rejetterait la violence, afin de rassurer la
communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël.
"Le prochain gouvernement obéira à ma politique", a-t-il dit aux membres
du Conseil central palestinien (CCP), une instance dirigeante de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qu’il préside,
réunis à Ramallah en Cisjordanie jusqu’à dimanche.
"Je reconnais l’Etat Israël, je rejette la violence et le terrorisme et
je respecte les engagements internationaux", a-t-il assuré dans un
discours de plus d’une heure, plus pédagogique que polémique.
Il se référait ainsi aux exigences du Quartette pour le Proche-Orient
(Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) pour ouvrir le dialogue
avec le Hamas : la reconnaissance d’Israël et des accords signés avec
lui, et la renonciation à la lutte armée.
Aux termes d’un nouvel accord de réconciliation conclu mercredi, l’OLP
et le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, sont convenus
de former un gouvernement de "consensus national" que dirigera par
M. Abbas et composé de personnalités indépendantes.
Ce dernier épisode de l’interminable feuilleton de la réconciliation
nationale palestinienne, lancé il y a trois ans par une série d’accords
restés pour l’essentiel lettre morte, a provoqué la fureur d’Israël qui
considère le Hamas comme un "groupe terroriste".
En représailles, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a
suspendu les pourparlers de paix relancés en juillet 2013 sous l’égide
de Washington, déjà fort mal engagés, qui étaient censés aboutir à un
accord de principe d’ici le 29 avril.
Le Hamas est opposé à ces négociations "futiles" et prône la "résistance armée" contre Israël.
M. Abbas a souligné, dans son discours, que, comme depuis le début du
processus de paix il y a plus de 20 ans, les négociations avec Israël
seraient menées non par le nouveau gouvernement, mais par l’OLP qui
"représente l’ensemble du peuple palestinien".
A ce sujet, il a réaffirmé son opposition à l’exigence par Netanyahu
d’une reconnaissance d’Israël par les Palestiniens comme "Etat du peuple
juif", rappelant qu’ils reconnaissaient déjà l’Etat d’Israël depuis
1993.
"Nous n’accepterons jamais de reconnaître un Etat juif", a-t-il dit,
relevant que cette exigence n’avait été présentée ni à l’Egypte ni à la
Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël.
"Le (nouveau) gouvernement, lui, sera en charge de ce qui se passe à
l’intérieur des Territoires palestiniens", a dit M. Abbas. L’OLP est
reconnue internationalement comme "l’unique représentant du peuple
palestinien" et, à ce titre, seule habilitée à négocier en son nom.
Le Hamas a qualifié le discours de M. Abbas de "positif" saluant notamment la "non-reconnaissance de l’Etat juif".
Le président palestinien a aussi répété qu’il était disposé à prolonger
les pourparlers avec Israël au-delà de l’échéance du 29 avril mais à
condition que le gouvernement Netanyahu libère des prisonniers, gèle la
colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du
futur Etat palestinien.
Israéliens et Palestiniens ont multiplié les gestes d’hostilité depuis
qu’Israël a refusé de relâcher comme prévu le 29 mars un dernier
contingent de prisonniers, en réclamant une prolongation des
négociations de paix jusqu’à la fin de l’année.
En réponse, M. Abbas a décidé d’adhérer à 15 agences et traités internationaux.
Le président palestinien a averti qu’en vertu du statut d’Etat
observateur obtenu par la Palestine le 29 novembre 2012 à l’ONU, il
avait le droit de demander l’adhésion à quelque 63 organisations et
conventions internationales.
Enfin, M. Abbas a laissé planer la menace d’une autodissolution de
l’Autorité palestinienne, qu’il dirige, chargée d’administrer les zones
autonomes de Cisjordanie, qui obligerait Israël à assumer la
responsabilité directe de la population de ce territoire occupé, comme
avant les accords d’Oslo de 1993.
Côté américain, le secrétaire d’Etat John Kerry, parrain du processus de
paix, a dû prendre acte de l’échec, à ce stade, de son initiative.
"C’est un moment de transition. Nous ne pouvons pas forcer les parties à
prendre des mesures qu’elles ne veulent pas prendre", a souligné
vendredi la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki.
L’Iran, considéré par Israël comme son ennemi juré, a pour sa part salué
la "réconciliation" palestinienne "contre le régime sioniste".
(26-04-2014)
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