dimanche 13 avril 2014

Algérie : Les Algériens de France aux urnes, "Bouteflika, je sais qu’il va gagner..."

"J’ai toujours voté pour Bouteflika, je sais qu’il va gagner..." Ahmed, 68 ans, est l’un des 815 000 Algériens de France appelés aux urnes dès samedi pour élire leur futur président, cinq jours avant le scrutin en Algérie.
Jusqu’à jeudi, les Algériens, première communauté immigrée en France, vont devoir choisir entre six candidats, dont une femme. Le chef de l’État sortant Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un quatrième mandat malgré un sévère accident vasculaire cérébral, est donné favori.
Au consulat d’Algérie de Seine-Saint-Denis, où 91.632 Algériens, le plus fort corps électoral de France, sont appelés aux urnes, c’est l’effervescence dès 8 heures du matin.
"Je suis venu voter dès le premier jour pour montrer l’exemple, surtout aux jeunes", déclare à l’AFP Stili, 78 ans, en montrant son doigt taché de l’encre indélébile qui scelle son vote. Cet Algérien vote depuis toujours pour le président Bouteflika. "Même s’il est vieux et malade, il apaise et fait du bien au pays", affirme cet ancien ouvrier du BTP arrivé en France à 18 ans.
Au consulat de Nanterre, Hamed, un cariste de 60 ans, veut lui aussi garder "son président". "Il est malade, mais il bouge encore", assure-t-il à la sortie des urnes.
"Il est trop vieux, mais est-ce qu’on a trouvé mieux que lui ?", interroge de son côté Halima, 51 ans. "Depuis qu’il est là, la situation du pays n’a fait que s’améliorer".
A Nanterre, berceau dans les années 30 du mouvement nationaliste algérien, les Chibanis (travailleurs retraités), certains très âgés et boitillants, ont été les tout premiers à se présenter aux urnes. "Ils sont ici, mais leur coeur est là-bas", sourit le consul d’Algérie à Nanterre, Abdelkader Dehendi, en soulignant "la mobilisation habituellement forte" dans ce siège qui compte 43 969 votants.
A la sortie des isoloirs, la fierté, le sentiment du devoir accompli se manifestent au cri de "Vive l’Algérie" ou au son des youyous.
A Nanterre comme à Bobigny, des observateurs vont scruter pendant six jours la transparence des élections. Chérif Oualid, consul d’Algérie à Bobigny, insiste auprès des assesseurs : "il ne faut pas bousculer les bulletins. Ils doivent être disposés dans l’ordre de l’alphabet arabe". "C’est le premier jour, tout le monde est un peu nerveux", glisse-t-il.
"On m’a traité de traître !", peste un homme avec un badge bleu d’observateur pour le camp d’Ali Benflis, principal rival de Bouteflika. "J’ai constaté qu’un bulletin était posé sur la mauvaise pile alors je l’ai signalé", explique cet Algérien qui préfère taire son nom.
Ce quinquagénaire, investi "pour la première fois dans une élection", voit dans M. Benflis "un espoir de changement".
Le changement, Abed, 44 ans, qui a découvert l’ouverture du scrutin dans la presse algérienne en buvant son café, l’attend aussi. Surtout pour faciliter la vie des Algériens de France écrasés, selon lui, par "la paperasse" consulaire et la cherté des billets d’avion pour le bled.
Patricia-Fatima Houiche, 64 ans, voudrait aussi "en finir avec les vieilles recettes, le système clanique et le clientélisme". Cette observatrice du scrutin pro-Benflis pour le bureau de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) veut croire que "la jeunesse française est derrière Benflis" et contre "ce président handicapé et virtuel".
Mais devant les grilles du consulat de Nanterre, parmi une dizaine d’Algériens qui patientent pour "les papiers", certains n’iront pas voter. "Ca ne change rien, le match est joué dans les vestiaires", lâche Karim 28 ans. Kamel, 37 ans, acquiesce, blasé lui aussi : "En trois mandats, Bouteflika n’a rien fait. Regardez ce qu’a réussi à faire le Premier ministre turc en 10 ans ! Il faut passer le flambeau aux jeunes".

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