Le 15 juillet sera une date de mobilisation et de résistance à la
judaïsation du Naqab, situé au sud de la Palestine occupée en 1948. A
l’appel du Haut Comité de Liaison des masses arabes, organisme unitaire
qui rassemble les partis, les associations et les maires arabes
palestiniens dans l’Etat colonial sioniste, une grève générale de
protestation contre le plan Prawer est en préparation. Il s’agit cette
fois-ci de réclamer dans l’unité l’abolition de ce plan colonial conçu
par le Knesset israélien pour chasser la population arabe palestinienne
du Naqab.
Le Plan Prawer ouvre la bataille. Cette fois-ci, les Palestiniens
du Naqab (que certains insistent à appeler « bédouins », niant leur
appartenance nationale) seront expulsés, leurs villages seront détruits,
leurs terres seront confisquées, « légalement » puisque le Knesset a
accepté au mois de juin dernier cette nouvelle phase de nettoyage
ethnico-religieux d’une partie de la Palestine. Le Plan Prawer est même
plus que cela : le chercheur Thabet Abou Rass, du centre « Adalah »
(centre pour la défense de la « minorité arabe ») écrit que jamais un
tel plan n’a encore été conçu par l’établissement colonial sioniste
puisqu’il utilise tous les outils pour parachever le nettoyage
ethnico-religieux du Naqab.
Ce plan fait partie d’une série de lois racistes promulguées
récemment par l’entité sioniste, contre la population palestinienne de
l’intérieur. Il vise tout particulièrement la population du sud du pays,
mais menace la présence palestinienne dans son ensemble. C’est
d’ailleurs ce qu’a déclaré Talab Sanae, président du haut comité
d’orientation des Arabes du Naqab, qui a salué les manifestations qui se
sont déroulées récemment à Umm al-Fahem et dans la vallée de ‘Ara (dans
le Triangle) en soutien à la population du Naqab. Pour lui, comme pour
les Palestiniens de l’intérieur, viser le Naqab par la judaïsation c’est
viser tous les Palestiniens qui vivent encore dans leur patrie occupée.
L’épreuve de force est lancée. Si le Plan Prawer n’est pas remis en
cause, l’entité coloniale aura les mains libres, à cause du soutien et
de l’appui de la communauté internationale, et de l’absence de toute
réaction arabe officielle ou populaire, pour poursuivre la judaïsation
de toutes les régions ayant résisté jusqu’ici, par la seule mobilisation
unitaire des Palestiniens de 48.
Qu’est-ce le plan Prawer ? Selon le chercheur Thabet Abu Rass, il s’agit
de la pire des lois conçue par l’entité coloniale depuis 1948 quant à
ses effets sur la population palestinienne. Ce plan vise l’expulsion de
40.000 Palestiniens et la confiscation d’un demi-million de dunums de
terres (pour rappel : la Journée de la terre, en 1976, a été déclenchée
pour s’opposer à la confiscation de 21.000 dunums des terres dans la
région d’al-Jalil, au nord). Mais le plan Prawer propose d’autres
mesures discriminatoires : pour la première fois, une zone est déclarée
fermée et interdite à une catégorie « nationale » et non pour des
mesures « sécuritaires », comme le prétendaient avant les autorités
coloniales. Le plan Prawer interdit l’indemnisation des Palestiniens
dont les terres seront confisquées et situées dans une certaine zone,
tout comme il interdit la construction de villages arabes dans la zone
nord-ouest du Naqab, d’où les Palestiniens seront exclus par avance de
tout achat de terrain. Le Plan Prawer a de l’effet sur les biens
confisqués appartenant au réfugiés de l’intérieur (qui représentent 25%
des Palestiniens de 48), puisqu’il propose une très légère compensation
monétaire pour les terres confisquées des Palestiniens du Naqab depuis
1948 (4000 shekels pour le dunum).
De plus le Plan Prawer propose de nouveaux critères pour la
reconnaissance des villages arabes, beaucoup plus sévères que les
planifications précédentes, comme par exemple des critères économiques,
et pour la première fois, depuis la création de l’Etat sioniste, des
villages arabes sont détruits pour permettre la construction de colonies
sionistes à leur place (cela s’est toujours fait, mais en silence..
sans être annoncés à l’avance), comme a commencé la destruction du
village de ‘Umm al Hiran pour installer la colonie sioniste (Hiran). Un
plan précédent conçu par les sionistes proposait le maintien du village
en le rattachant à la colonie. Mais le Plan Prawer veut détruire et
effacer le village en entier.
Selon le chercheur, le plan Prawer a commencé à être appliqué, dans
le village menacé de ‘Atir. Un des quartiers du village, comprenant 30
maisons, a été entièrement détruit et tous les arbres fruitiers, plantés
par les Palestiniens du village, ont été arrachés. Mais la population
est restée sur place. Elle refuse de s’en aller. Des patrouilles de la
police sioniste et les « brigades vertes » du ministère sioniste de
l’agriculture vont et viennent, elles menacent la population et leur
enjoignent de s’en aller. Devant l’insistance à s’accrocher à la terre
et au village, elles menacent : « des bus viendront et vous emmèneront
loin d’ici ». Du déjà vu, c’est la Nakba à nouveau, c’est la Nakba qui
se poursuit.
La mondialisation des médias, l’élévation du degré d’instruction dans
le monde et notamment dans le monde arabe et la multiplication des
chaines satellitaires arabes et internationales n’ont apparemment rien
changé, pour le peuple palestinien. La Nakba subie en 1948 se poursuit,
dans l’indifférence générale et face à un silence complice. Les uns et
les autres trouvent mille prétextes pour ne pas regarder vers la
Palestine occupée, pour ne pas soutenir la résistance du peuple
palestinien, pour oublier la Palestine ou la reléguer pour des moments
plus propices, diront-ils. Mais le peuple palestinien est là, il
s’accroche à sa terre et il invente mille et un moyen pour défier et
résister au colonial. Ni sa direction compromise avec l’occupant, ni son
abandon par ses frères arabes et musulmans ne l’empêcheront de
poursuivre son chemin : résister, résister, résister. L’entité coloniale
sioniste ne peut tenir aussi longtemps que le peuple palestinien,
malgré toutes les apparences de sa puissance.
13 juillet 2013,
Fadwa Nassar
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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