Partisans et détracteurs du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont
appelé à de nouvelles manifestations lundi au Caire, alors que la
formation définitive du gouvernement intérimaire devait être annoncée
dans la semaine, une situation suivie de très près à l’étranger, comme
l’illustre l’arrivée en Égypte d’un haut responsable américain, William
Burns.
Par ailleurs, au moins trois personnes ont été tuées et 17 blessées
lundi matin dans l’attaque par des hommes armés d’un bus transportant
des ouvriers d’une cimenterie à Al-Arish, dans le nord de la péninsule
du Sinaï, où les troubles sont récurrents, selon des sources médicales
et sécuritaires.
Dimanche, Mohamed Morsi a été interrogé sur son
évasion de prison début 2011 par la justice égyptienne qui a décidé le
gel des avoirs de 14 responsables islamistes dans le cadre de l’enquête
sur les violences sanglantes des deux dernières semaines.
Le secrétaire d’État adjoint William Burns est arrivé au Caire pour une
visite de deux jours, la première d’un haut responsable américain depuis
la destitution par l’armée de M. Morsi le 3 juillet. "Il rencontrera
des responsables du gouvernement par intérim ainsi que des responsables
de la société civile et des entreprises", a indiqué le département
d’État dans un communiqué. "Dans toutes ces rencontres, il soulignera le
soutien des États-Unis aux Égyptiens, pour la fin des violences et pour
une transition qui conduise à un gouvernement civil ouvert et
démocratiquement élu", précise-t-il.
L’ex-chef de l’État, ainsi que d’autres membres des Frères musulmans,
ont été interrogés dimanche dans un lieu tenu secret sur les
circonstances de leur évasion de la prison de Wadi Natroun (au
nord-ouest du Caire) durant la révolte contre Hosni Moubarak, ont
indiqué des sources judiciaires à l’AFP.
L’enquête, menée par la
Sécurité intérieure, cherche en particulier à déterminer si la confrérie
a bénéficié de l’aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais
ou le Hamas palestinien, ont-elles précisé.
Samedi, des sources judiciaires avaient par ailleurs annoncé que le
nouveau procureur général, Hicham Barakat, examinait des plaintes de
particuliers contre M. Morsi et d’autres membres des Frères musulmans,
pour "espionnage", "incitation au meurtre de manifestants" et "mauvaise
gestion économique". Le procureur général a en outre ordonné le gel des
avoirs de 14 hauts responsables islamistes, parmi lesquels le Guide
suprême Mohamed Badie et huit autres dirigeants des Frères musulmans.
Une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de Mohamed
Morsi par l’armée, au terme de manifestations massives réclamant son
départ. Les heurts les plus sanglants sont survenus le 8 juillet, lors
d’un rassemblement pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au
Caire, faisant au moins 53 morts. Un mandat d’arrêt a été émis contre
le Guide suprême des Frères et d’autres responsables de la confrérie en
lien avec ce drame. En revanche, quelque 200 personnes arrêtées la
semaine dernière ont été libérées dimanche.
Les deux camps rivaux ont prévu de nouvelles manifestations lundi au Caire.
Les
partisans de Mohamed Morsi, auquel des millions d’Égyptiens ont
reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir servi que les
intérêts de sa confrérie, sont rassemblés depuis deux semaines devant la
mosquée Rabaa al-Adawiya. Ils exigent le retour du premier président
démocratiquement élu du pays. Le nouveau pouvoir, sourd à ces demandes, a
assuré que l’ex-chef de l’État se trouvait "en lieu sûr" et était
"traité dignement". Mais il n’est pas apparu en public depuis son
arrestation, et Washington, ainsi que Berlin, a réclamé sa libération.
Dans un premier commentaire depuis le 3 juillet, le général Abdel Fattah
al-Sissi - nouvel homme fort du pays - a affirmé que l’armée avait agi
après le refus de Mohamed Morsi d’organiser un référendum sur sa
présidence.
Parallèlement, le Premier ministre Hazem Beblawi a
poursuivi dimanche ses tractations pour constituer au plus vite un
nouveau gouvernement, afin de maintenir le cap politique fixé par le
président intérimaire Adly Mansour, qui doit notamment mener à des
élections législatives début 2014.
Le Prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei a prêté serment comme
vice-président chargé des relations internationales, et l’ancien
ambassadeur à Washington, Nabil Fahmy, a dit avoir accepté le poste de
ministre des Affaires étrangères. Ahmed Galal, un ancien de la Banque
mondiale (BM), va devenir ministre des Finances.
Selon M. Beblawi, la composition du gouvernement pourrait être annoncée
mardi ou mercredi. Il a réaffirmé que ses priorités seraient de
restaurer la sécurité, d’assurer la fourniture des biens et services et
de préparer les échéances électorales.
L’évolution de la crise dans le pays le plus peuplé du monde arabe est
toujours scrutée de près à l’étranger : la chef de la diplomatie
européenne Catherine Ashton s’est dite "profondément préoccupée", tandis
que le Premier ministre turc, l’islamiste Recep Tayyip Erdogan, a clamé
que Mohamed Morsi demeurait le seul chef d’État légitime à ses yeux.
Dimanche soir, des milliers de personnes se sont rassemblées à Istanbul
en soutien à M. Morsi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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