Les tractations, entamées samedi, devaient se poursuivre dimanche pour
la formation du gouvernement intérimaire d’Egypte alors que le procureur
général a annoncé examiner plusieurs plaintes contre Mohamed Morsi,
destitué par l’armée le 3 juillet.
Cette annonce a suivi des manifestations de masse au Caire en faveur du
président déchu, qui se poursuivent depuis deux semaines.
Samedi, le Premier ministre Hazem Beblawi a débuté dans la journée des
entretiens téléphoniques avec les ministres pressentis. Ceux-ci se
poursuivront dimanche, et le gouvernement pourrait-être annoncé mardi ou
mercredi.
Celui-ci sera constitué de 30 membres, a ajouté M. Beblawi, relevant que
ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d’assurer la
fourniture des biens et services et de préparer les échéances
électorales (législatives et présidentielle).
D’après des sources officielles, citées par l’agence Mena, le ministre
de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, et surtout celui de la Défense, le
général Abdel Fattah al-Sissi —le nouvel homme fort du pays—, devraient
garder leur poste.
Le vice-président chargé des relations internationales et figure de
l’opposition anti-Morsi, Mohamed ElBaradei, ainsi que l’économiste Ziad
Bahaa Eldin, pressenti comme vice-Premier ministre, participent aux
consultations préalables.
Ces démarches témoignent de la volonté du nouveau pouvoir d’aller de
l’avant malgré la poursuite des protestations de rue des partisans de
M. Morsi, destitué par l’armée après des manifestations massives
appelant à son départ.
Vendredi, dans le bras de fer entre camps rivaux, des centaines de
manifestants anti-Morsi se sont rassemblés place Tahrir, ainsi qu’aux
abords du palais présidentiel, où ils ont rompu le jeûne en fin de
journée, pour le premier vendredi du ramadan.
Mais la foule a surtout été particulièrement nombreuse ce jour là devant
la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, où les
pro-Morsi manifestent depuis deux semaines. Plusieurs dizaines de
milliers de personnes ont de nouveau exigé le retour du président
islamiste.
Une nouvelle manifestation de masse pacifique" est prévue lundi, a
affirmé à l’AFP un porte-parole des Frères musulmans, Tareq al-Morsi.
"Nous sommes là pour faire passer le message aux militaires que nous ne
renoncerons pas à la légitimité" du premier président élu
démocratiquement, a pour sa part fait valoir vendredi un manifestant,
Achraf Fangary. "Nous défendrons Morsi par notre sang", a ajouté Mohamed
Yousry.
Un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi, a réitéré les exigences
des Frères musulmans : retour immédiat de M. Morsi, tenue de
législatives et création d’une commission pour la réconciliation
nationale.
Le nouveau pouvoir, resté sourd à ces demandes, a assuré que M. Morsi se
trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement". Mais il n’est pas
apparu en public depuis son arrestation, dans la foulée de sa
destitution.
Washington, qui consacre 1,3 milliard de dollars d’aide militaire par an
à l’Égypte, a réclamé vendredi sa libération, ainsi que Berlin.
Samedi, des sources judiciaires ont indiqué que le nouveau procureur
général étudiait des plaintes de particuliers contre Mohamed Morsi et
d’autres responsables de sa confrérie des Frères musulmans, pour
espionnage, incitation au meurtre de manifestants et mauvaise gestion
économique.
Cette première étape pourrait aboutir par la suite à l’ouverture officielle d’une enquête.
Au cours de la semaine écoulée, les autorités ont souligné qu’aucune
poursuite n’avait pour l’heure été engagée contre l’ex-chef de l’Etat.
A Tunis, quelques milliers de personnes ont aussi manifesté samedi, à
l’appel du parti islamiste Ennahda au pouvoir, pour dénoncer le
renversement du président égyptien.
Si aucune violence n’a émaillé les manifestations de vendredi au Caire,
près d’une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de
M. Morsi, accusé d’avoir trahi les idéaux de la révolte contre Hosni
Moubarak, de n’avoir pas su gérer le pays et de n’avoir servi que les
intérêts de sa confrérie.
Lundi dernier, 53 personnes ont été tuées et plusieurs centaines
blessées lors d’une manifestation pro-Morsi, dans des circonstances
confuses.
Un mandat d’arrêt a été émis contre le Guide suprême, Mohamed Badie et
d’autres responsables de la confrérie, en lien avec ce drame. Quelque
250 personnes ont en outre été inculpées.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire