Le journaliste et militant communiste Henri Alleg, auteur de l’ouvrage "La Question"
(1958) qui dénonçait la torture pendant la guerre d’Algérie, est décédé
mercredi à Paris à l’âge de 91 ans, a-t-on appris auprès du quotidien
l’Humanité dont il fut secrétaire général.
Publié à l’époque aux éditions de Minuit, ce livre-témoignage avait été saisi au lendemain de sa parution.
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Harry Salem dit Henri Alleg, né le 20 juillet 1921 à Londres, mort le
17 juillet 2013 à Paris est un journaliste franco-algérien, membre du
PCF et ancien directeur d’Alger républicain. Il est notamment l’auteur
de La Question.
Né à Londres de parents juifs russo-polonais Henri Alleg s’installe en
Algérie en provenance de Paris en 1939, et milite au sein du Parti
communiste algérien. En 1946, il épouse Gilberte Serfaty qui deviendra
comme lui une ardente militante communiste. En 1951, il devient
directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité
en 1955, date d’interdiction du journal en Algérie. Il continue
cependant à transmettre des articles en France dont certains sont
publiés par L’Humanité.
Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e D.P, au
domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé
à mort.
Il est séquestré un mois à El-Biar, où il est torturé lors de plusieurs
séances, puis subit un interrogatoire mené après une injection de
penthotal, utilisé comme « sérum de vérité ». Le général Massu, qui
reconnaîtra plus tard l’utilisation de la torture dans certains cas
particuliers lors de la guerre d’Algérie, affirme en 1971, « en fait de
tortures, Alleg a reçu une paire de gifles ». Roger Faulques, officier
du 1er REP, accusé de ces tortures, déclare lors d’un procès en
diffamation en 1970 « Je ne l’ai vu qu’une seule fois, mais il m’a
fourni à cette occasion des indications qui m’ont permis d’arrêter les
membres du parti communiste algérien ».
Il est ensuite transféré au camp de Lodi (Draa Essamar Wilaya de Médéa)
où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d’Alger. En
prison, il écrit La Question, dissimulant les pages écrites et les
transmettant à ses avocats.
Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices
qu’il y subit en pleine guerre d’Algérie. Tout d’abord publié en France
aux Éditions de Minuit, l’ouvrage est immédiatement interdit. Nils
Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l’interdiction en
France de mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre
contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en
Algérie. Sa diffusion clandestine s’élève à 150 000 exemplaires.
Trois ans après son arrestation, il est inculpé d’« atteinte à la sûreté
extérieure de l’État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et
condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la
prison de Rennes. Profitant d’un séjour dans un hôpital, il s’évade.
Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce
notamment à Alfred Locussol.
Il revient en France après les accords d’Évian, puis en Algérie où il
participe à la renaissance du journal Alger Républicain. « Persona non
grata » en Algérie à la suite du coup d’État de Houari Boumédiène, il se
réinstalle en France en 1965. Le film documentaire de Jean-Pierre Lledo
Un rêve algérien retrace son retour, 40 ans plus tard dans une Algérie
qui l’accueille à bras ouverts et où il retrouve avec bonheur ses
anciens compagnons.
En 2005, il cosigne une lettre au Président de la République, demandant à
l’État français de reconnaître l’abandon des harkis en 1962.
Il est par ailleurs membre du Pôle de renaissance communiste en France
et déclare regretter en 1998 « la dérive social-démocrate du PCF, qui
abandonne son authenticité communiste ». Il fait partie du comité
Honecker, qui soutient l’ancien dirigeant de la RDA poursuivi par la
justice allemande.
Il est également membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine.
Henri Alleg est le père de Jean Salem.
Il meurt le 17 juillet 2013.
Oeuvres
La Question, Lausanne, E. La Cité, 1958 ; Paris, Les Éditions de Minuit, Alger, Éditions Rahma, 1992. (ISBN 2-7073-0175-2).
Mémoire algérienne : Souvenirs de luttes et d’espérances, Paris, Éditions Stock, 2005, 407 pp., 24 cm. (ISBN 2-234-05818-X).
Prisonniers de guerre ; Victorieuse Cuba. Les Éditions de Minuit :
La Guerre d’Algérie (en collaboration avec P. Haudiquet, J. de
Bonis, H. J. Douzon, J. Freire, G. Alleg), 3 volumes ; Étoile rouge et
Croissant vert ; SOS America ! ; La Grande Aventure d’Alger républicain
(en collaboration avec A. Benzine et B. Khalfa) ; L’URSS et les Juifs ;
Requiem pour l’Oncle Sam. Chez Messidor-Temps Actuels
Le Siècle du Dragon ; Le Grand Bond en arrière. Aux Éditions Le Temps des cerises
Les Chemins de l’espérance. Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes
Retour sur La Question. Éditions Aden et Le Temps des cerises
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