L'ONU a révisé vendredi à 1,6 milliard de dollars son appel de fonds
pour le Yémen, craignant une "catastrophe humanitaire imminente", alors
que les pourparlers de Genève se poursuivent pour tenter d'établir une
trêve.
Avec ces fonds, les Nations unies espèrent pouvoir aider cette année les
plus affectés par ce conflit, soit 11,7 millions de personnes.
Cet appel intervient alors que l'émissaire spécial de l'ONU sur le
Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a continué à faire la navette à Genève
entre les délégations des rebelles et du gouvernement en exil pour les
convaincre de proclamer une trêve humanitaire pendant le Ramadan.
"La cessation des hostilités est primordiale", a déclaré un porte-parole
de l'ONU à Genève, Ahmed Fawzi. Il a précisé que les consultations
pouvaient se poursuivre jusqu'à samedi, la délégation du gouvernement en
exil quittant Genève samedi soir et celle des rebelles dimanche.
La délégation des rebelles a présenté jeudi dans la nuit une proposition
pour une trêve assortie d'un arrêt des frappes aériennes de la
coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite et de l'amorce de
négociations politiques à l'émissaire de l'ONU, a indiqué à l'AFP un
membre de la délégation, Mohamed Zubairi. La proposition ne porte pas
sur un retrait des rebelles, même partiel, des zones qu'il ont
conquises, qu'exige le gouvernement en exil.
Selon ce délégué, les assistants de l'émissaire de l'ONU sont revenus
vendredi matin avec un document amendé, que les rebelles ont rejeté.
L'ONU estime que pas moins de "21 millions de personnes ont besoin
d'aide et/ou de protection au Yémen, soit 80% de la population", a
déclaré un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires
humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse.
L'appel a été présenté vendredi à Genève par l'ONU aux pays donateurs.
"Le Yémen fait face à une catastrophe humanitaire imminente", a déclaré à
cette occasion le Britannique Stephen O'Brien , coordonnateur des
opérations humanitaires des Nations unies.
Il a dénoncé "le mépris du droit international humanitaire par les
parties au conflit" et le bilan humain élevé, alors que les combats ont
fait plus de 2.600 morts depuis la mi-mars, dont une moitié de civils,
selon l'ONU.
"Il y a aussi un besoin urgent de pleine reprise des importations
commerciales", a-t-il ajouté, alors que le Yémen fait venir de
l'étranger près de 90% des aliments qu'il consomme.
Le Yémen est en proie à de violents combats depuis l'avancée de rebelles
chiites, soutenus par l'Iran, qui ont conquis la capitale Sanaa et
d'autres régions du pays, poussant à l'exil le président Abd Rabbo
Mansour Hadi.
Avant la crise actuelle, les Nations unies estimaient avoir besoin de
747,5 millions de dollars pour aider 8,2 millions de personnes cette
année au Yémen, un des pays les plus pauvres au monde.
A la mi-avril, l'ONU avait demandé en plus une contribution urgente de
près de 274 millions de dollars. Un montant que l'Arabie Saoudite
s'était aussi engagé à donner. Et le 13 mai, l'Arabie Saoudite avait
annoncé qu'elle donnerait un montant similaire à d'autres organisations
humanitaires.
Jusqu'à présent, l'ONU n'a toutefois pas encore reçu les fonds promis
par les Saoudiens, a indiqué vendredi aux médias M. Laerke.
"Ce plan va nous permettre d'alléger les souffrances au Yémen, mais à
lui seul il ne va pas pouvoir mettre fin au cauchemar des familles.
Seule une solution politique peut mettre fin à la crise au Yémen", a
affirmé M. O'Brien.
(19-06-2015)
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