Le chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, qui aurait été tué durant
le week-end en Libye par une frappe américaine, est un ex-chef d'Aqmi
responsable d'attaques sanglantes, notamment sur le complexe gazier d'In
Amenas (janvier 2013), et dont la tête était mise à prix par
Washington.
Surnommé Belawar ("le borgne" en arabe), il avait crée fin 2012 sa
propre unité combattante, les "Signataires par le sang", pour
s'affranchir de la tutelle d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avec
laquelle il était entré en dissidence en octobre 2012.
Mi-mai dernier, Belmokhtar avait réaffirmé la loyauté de son groupe,
Al-Mourabitoune, à Al-Qaïda et démenti l'allégeance à l'Etat islamique
(EI) proclamée par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse
discorde dans la hiérarchie du mouvement.
Selon des sources sécuritaires maliennes, ce chef jihadiste s'était retiré en Libye d'où il entendait contrôler tout le Sahel.
Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, Mokhtar Belmokhtar a
combattu très jeune en Afghanistan en 1991, où il a perdu un oeil.
A son retour en Algérie en 1993, au début de la guerre civile, il
rejoint le Groupe armé islamique (GIA, démantelé en 2005), le plus
sanguinaire des groupes armés algériens, et crée une unité basée
principalement dans le Sahara.
En 1998, il intègre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat
(GSPC), une dissidence du GIA, et règne en maître sur les routes
clandestines du grand sud saharien, menant à la fois des actes de
terrorisme, de brigandage et de contrebande.
Mokhtar Belmokhtar, surnommé aussi MBM ou encore "Mister Marlboro" en
référence à ses activités de contrebande de cigarettes, établit des
liens avec les tribus qui le préviennent des mouvements des forces de
l'ordre, dans des régions où rien n'échappe aux hommes du désert.
En 2001, il rencontre au Sahara Amari Saïfi, alias Abderrezak El Para,
alors numéro deux du GSPC, en route pour acheter des armes au Mali. Une
rivalité va les opposer pour le contrôle de ce que les jihadistes
désignent comme la zone 9 (Sahara).
Auteur de l'enlèvement de 32 touristes européens en 2003 dans le Sahara
algérien, El Para a été livré à l'Algérie par la Libye en 2004.
A la suite de cette arrestation, MBM se replie dans le désert malien où
il lie de solides alliances en épousant des femmes de plusieurs tribus
touareg du Nord-Mali, qu'il transforme en sanctuaire.
En 2007, à la suite de dissensions au sein du GSPC qui devient Aqmi, il
est remplacé à la tête de la zone 9 par Abdelhamid Abou Zeïd, Mohamed
Ghedir de son vrai nom.
Au début de la rébellion touareg dans le nord du Mali en mars 2012,
Belmokhtar séjourne trois semaines en Libye pour acheter des armes.
Entre avril et juin 2012, il est vu à au moins deux reprises à Gao et
Tombouctou, aux côtés d'Iyad Ag Ghaly, chef touareg des islamistes
d'Ansar Dine.
Il dirige alors la katiba (unité combattante) des "Moulathamoune" (les
"Enturbannés") dans le nord du Mali, occupé par plusieurs groupes
islamistes.
En octobre 2012, le chef d'Aqmi le destitue après plusieurs mises en garde concernant son manque de respect de la hiérarchie.
En janvier 2013, il revendique l'attaque sanglante et la prise d'otages
massive qui s'en est suivi sur le complexe gazier d'In Amenas, dans le
Sahara algérien, qui se sont soldées par la mort de 38 otages et de 29
ravisseurs.
Il avait été donné pour mort, "tué" par l'armée tchadienne au Mali le 2
mars 2013, mais l'information avait ensuite été démentie.
En mai 2013, il revendique également des attaques contre l'armée
nigérienne à Agadez et le site français d'uranium d'Areva à Arlit qui
font au total une vingtaine de morts.
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, il aurait
commandité l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre
2007, et la prise en otages de deux Canadiens en 2008, trois Espagnols
et deux Italiens en 2009.
Belmokhtar est recherché par plusieurs pays et sa tête a été mise à prix
pour cinq millions de dollars par les Etats-Unis en juin 2013.
En août 2013, les "Signataires par le sang" avaient fusionné avec une
partie du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest
(Mujao) - un des groupes qui avaient occupé le nord du Mali en 2012 -
sous le nom de "Al-Mourabitoune".
En novembre 2013, son bras droit, Hacène Ould Khalill, un Mauritanien
connu sous le nom de Jouleibib, aurait été tué par l'armée française.
En janvier dernier, le général américain David Rodriguez, patron de
l'Africa Command, estimait que Belmokhtar avait les moyens de perpétrer
"à nouveau une attaque" du type de celle conduite à In Amenas.
Selon des experts, les hommes du groupe de Belmokhtar se comptent en
dizaines plutôt qu'en centaines, avec une forte proportion de Maliens et
Mauritaniens.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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