La Tunisie a connu mardi l'un des plus graves drames ferroviaires de son
histoire récente, avec la mort d'au moins 18 personnes dans un accident
entre un train et un camion, un "carnage" dû à un défaut de
signalisation au passage à niveau.
"Nous avons reçu les corps de 17 personnes (à l'hôpital d'El Fahes) et
un autre mort a été remis à l'hôpital de Zaghouan", a indiqué à l'AFP
Riadh Khlifi, le directeur du centre hospitalier d'El Fahes situé à une
dizaine de kilomètres du site de l'accident et à une soixantaine de
kilomètres au sud-ouest de Tunis.
Il a aussi indiqué que 98 personnes avaient été blessées. Trois victimes
sont "dans un état critique" et ont été transférées vers la capitale
tunisienne. Le précédent bilan était de 17 morts et environ 70 blessés.
Quant aux causes de l'accident, le ministère des Transports, après avoir
évoqué la vitesse des véhicules dans un premier temps, a admis que le
passage à niveau n'était pas suffisamment bien signalé, un problème
récurrent en Tunisie.
"La cause principale de l'accident est la non-existence d'une barrière
(...) et d'une protection sur le passage à niveau" près du village de
Tabika, a dit le ministre des Transports, Mahmoud Ben Romdhane, à la
radio Shems-FM.
"En Tunisie, il y a 1.150 passages à niveau. Seuls 250 sont équipés de
panneaux de signalisation et de barrières, et seuls 150 sont équipés de
feux et cela est insuffisant", a-t-il reconnu.
De son côté, la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a
assuré qu'une signalisation adéquate existait à cet endroit avant
l'accident, semblant rendre le chauffeur du camion responsable du drame.
"Au passage à niveau, il y avait un panneau STOP et une croix de Saint
André", a souligné le chef du service de communication de la SNCFT,
Hassen Miaad à l'antenne de radios tunisiennes.
Un témoin a cependant expliqué à la radio Shems-FM qu'il "y a eu à cet
endroit des accidents avant" en raison de l'absence de barrières.
La présidence tunisienne a appelé dans un communiqué à "ouvrir une enquête pour déterminer les causes de cette catastrophe".
Sur les lieux du drame, les témoins décrivaient des scènes horribles de corps déchiquetés.
"Un bruit très fort m'a réveillé, j'ai d'abord cru que c'était un séisme
mais en sortant j'ai vu un camion transportant du gravier renversé et
des corps par terre. Deux corps avaient les jambes arrachées", a raconté
à l'AFP Habib Fayedh, un habitant des environs qui a été le premier à
prendre en charge le conducteur du camion.
"Il était vivant mais blessé au niveau de la tête (...) il était en état
de choc et ne se rappelait pas de l'accident", a-t-il dit en ajoutant
avoir conduit le chauffeur, à sa demande, d'abord à la gendarmerie puis à
l'hôpital.
"C'est l'horreur, (il y a) des corps déchiquetés, du sang et de la chair
partout, c'est un carnage", a raconté un autre témoin à l'antenne de la
radio Shems-FM. "La protection civile a mis une heure à arriver", selon
lui.
Selon un des témoins, au moment de l'impact "des portes (du train) étaient ouvertes et beaucoup de passagers ont été éjectés".
La locomotive et le camion étaient complètement détruits, selon une
journaliste de l'AFP sur place. Un wagon s'est renversé et un second a
déraillé.
Aux abords du train, des traces de sang, des bouts de vêtements et des
babouches abandonnées étaient visibles au milieu des éclats de verre.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué que le train venait de la ville
Gaafour, dans le nord-ouest de la Tunisie, et se rendait à Tunis.
Des accidents ferroviaires ont lieu régulièrement en Tunisie en raison
de la vétusté du réseau mais aussi du non respect du code de la route,
notamment aux passages à niveau, mais aucun bilan aussi lourd n'avait
été enregistré dans l'histoire récente du pays.
Un train avait déraillé dans un virage dans le nord-ouest du pays en
juillet 2014, tuant cinq personnes et blessant une quarantaine.
(16-06-2015
- Avec les agences de presse)
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