L'organisation Human Rights Watch a accusé mercredi le gouvernement
libyen reconnu par la communauté internationale d'avoir recours à la
torture dans ses centres de détention dans l'est du pays.
Dans un communiqué, l'ONG basée à New York affirme que "le gouvernement
(...) et ses forces alliées sont responsables de détentions arbitraires
généralisées, d'actes de torture et d'autres mauvais traitements dans
les lieux de détention qu'ils contrôlent dans l'est du pays".
En proie au chaos et aux violences depuis la chute du régime de Muammar
Kadhafi en 2011, la Libye compte deux gouvernements et Parlements qui
se disputent le pouvoir, l'un dans la capitale Tripoli sous la coupe des
milices de la coalition Fajr Libya, et l'autre à Tobrouk (est) reconnu
par la communauté internationale.
HRW a indiqué avoir pu visiter en janvier et avril des centres de
détention à al-Baïda et Benghazi (est) contrôlés par l'armée libyenne et
par les ministères de la Justice et de l'Intérieur, et y a mené des
entretiens individuels avec 73 détenus en dehors de la présence de
gardiens.
De nombreux détenus ont déclaré que les personnes chargées des
interrogatoires les avaient forcés à "avouer" des crimes graves sous la
torture.
"Les ministres du gouvernement libyen, les commandants militaires et les
directeurs de prison devraient immédiatement annoncer une politique de
tolérance zéro à l'égard de la torture", a déclaré Sarah Leah Whitson,
directrice du département Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG.
Tous les détenus interrogés ont déclaré ne pas avoir eu accès à des
avocats, ni comparu devant un juge, ni avoir été accusés formellement en
dépit de nombreux mois de détention, selon le communiqué.
Les détenus ont également affirmé qu'il y avait eu au moins deux morts en détention après des tortures.
Parmi les détenus interrogés figuraient des personnes "soupçonnées de
terrorisme ou d'appartenance à des groupes extrémistes comme l'État
islamique (EI) et Ansar Al-Charia", note encore l'ONG.
Les groupes jihadistes ont profité du chaos dans le pays pour monter en
puissance ces derniers mois, l'EI ayant notamment annoncé le 9 juin
avoir pris la grande ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli.
Le vice-ministre de la Justice du gouvernement internationalement
reconnu, Sahar Banoon, a déclaré en avril à HRW que "le système de
justice pénale dans l'Est s'était effondré, sans tribunaux pénaux
opérationnels et que le procureur général de Benghazi avait ordonné la
nomination d'un comité de procureurs afin d'examiner les cas des
personnes détenues".
(17-06-2015)
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