Police touristique armée et un millier d'agents de sécurité déployés.
Voilà les premières mesures que prend la Tunisie pour protéger hôtels,
plages et sites touristiques après qu'un attentat contre un hôtel a fait
38 morts vendredi. C'est l'attaque terroriste la plus sanglante de
l'histoire du pays.
Alors que plusieurs Britanniques - le nombre final pourrait d'être d'«
au moins 30 », selon la BBC - et un Allemand figurent parmi les morts,
les ministres de l'Intérieur français, allemand et britannique sont
attendus lundi sur les lieux de la tuerie, où ils donneront notamment
une conférence de presse.
C'est la première fois, selon les autorités, que la police touristique
va être armée. Le ministère du Tourisme a précisé que 1 000 agents de
sécurité armés viendraient renforcer à partir du 1er juillet la police
touristique et qu'ils seraient déployés à « l'intérieur et à l'extérieur
des hôtels », sur les plages et dans les sites touristiques et
archéologiques.
Cette annonce intervient deux jours après qu'un jeune Tunisien a fait
irruption sur la plage d'un hôtel à Port El Kantaoui, près de Sousse
(140 km au sud de Tunis), une kalachnikov cachée dans son parasol, avant
d'ouvrir le feu sur les touristes. L'attentat a été revendiqué par le
groupe djihadiste État islamique (EI).
La Grande-Bretagne a payé le plus lourd tribut. Au moins 15 Britanniques
ont été tués, selon les autorités tunisiennes, qui ont identifié 20 des
38 victimes. Parmi elles se trouvent également des ressortissants
belge, allemand, irlandais et portugais. Dans une tribune publiée lundi
dans la presse, le Premier ministre britannique David Cameron a réitéré
la « détermination » de son pays à lutter contre le djihadisme après
cette attaque, la plus meurtrière pour des citoyens britanniques depuis
les attentats-suicides du 7 juillet 2005 à Londres.
« Nous devons nous montrer intolérants vis-à-vis de l'intolérance -
rejeter tous ceux qui cautionnent l'islamisme extrémiste et créent les
conditions pour qu'il puisse prospérer », a écrit David Cameron dans les
colonnes du Daily Telegraph. Le chef de gouvernement a également appelé
à contrecarrer l'activisme sur Internet des groupes djihadistes, mais
aussi « à agir à la source, dans des endroits comme la Syrie, l'Irak et
la Libye » où l'EI est particulièrement implanté.
Parmi les blessés, 39 selon le dernier bilan tunisien, six sont toujours
dans un « état critique », a annoncé la direction espagnole du Riu
Imperial Marhaba Hotel, où a eu lieu la tuerie, disant être en contact
avec les hôpitaux locaux. Sur les lieux du drame, touristes et Tunisiens
ont déposé dimanche des fleurs en mémoire des victimes.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué que la famille du tueur présumé
avait été interrogée et que son téléphone portable, qu'il avait jeté
dans la mer, avait été retrouvé. « Une seule personne a perpétré
l'attentat (...), mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a des gens qui ont
aidé » l'assaillant, abattu par la police après le carnage, a-t-on
ajouté.
Malek, 16 ans, un témoin de l'attaque, a raconté avoir vu le tireur «
commencer à tirer sur le sable ». « Tout le monde s'est levé pour voir
ce qui se passait, puis on l'a vu tirer sur les touristes avec un grand
sourire », a-t-il ajouté.
Selon des témoins, l'attaque a duré de 30 à 40 minutes, et beaucoup de
Tunisiens se demandaient pourquoi l'assaillant n'a pas été neutralisé
plus tôt par les forces de l'ordre. Le porte-parole de l'Intérieur a
refusé de réagir, arguant de l'enquête en cours.
Avec 1 000 kilomètres de littoral, d'innombrables plages et des sites
archéologiques de renommée internationale, la Tunisie a très longtemps
été l'une des destinations phares des tours opérateurs européens. Mais,
depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir Zine el-Abidine Ben
Ali, bouleversements politiques, tensions économiques et sociales et
montée du djihadisme ont pesé sur le secteur crucial du tourisme (7 % du
PIB).
Les réservations avaient déjà chuté après l'attentat du Bardo le 18 mars
(22 morts, dont 21 touristes étrangers), et un flot continu de
touristes arrivait encore dimanche soir à l'aéroport d'Enfhida, entre
Tunis et Sousse, en vue de repartir dans leurs pays.
La France n'a pour l'heure annoncé aucune victime, mais Tunis n'a
toujours pas publié la liste détaillée des victimes qui n'étaient vêtues
que de leurs maillots de bain au moment du carnage, sans papiers
d'identité sur elles. « Nous prenons le temps nécessaire. Il faut faire
zéro erreur », a déclaré Naoufel Somrani, directeur des services
d'urgence au ministère de la Santé, ajoutant que des familles étaient
arrivées de l'étranger pour identifier les corps.
Depuis 2011, des dizaines de soldats et policiers ont été tués par des
djihadistes en Tunisie, un pays qui fournit le plus gros contingent de
ressortissants - environ 3 000 - auprès de groupes extrémistes en Syrie,
en Irak et en Libye.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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