La Tunisie a annoncé vendredi la fermeture de son consulat à Tripoli
après la libération de ses dix fonctionnaires enlevés la semaine
dernière par une milice armée de Fajr Libya, le groupe contrôlant la
capitale libyenne.
"Après cet incident grave (l'enlèvement le 12 juin), nous avons décidé
la fermeture du consulat de Tripoli", a déclaré à la presse le ministre
des Affaires étrangères Taïeb Baccouche depuis un aérodrome militaire de
Tunis où certains des employés consulaires enlevés sont arrivés
vendredi matin.
La Tunisie ne dispose plus d'ambassade à Tripoli, sous le contrôle
depuis août 2014 des milices de Fajr Libya, et de leur gouvernement non
reconnu. Tunis avait néanmoins décidé en avril dernier d'y rouvrir un
consulat, en parallèle d'un autre auprès des autorités officielles
installées dans l'est de la Libye.
"Tant que la protection de nos fonctionnaires ne sera pas assurée, il
n'y aura pas de réouverture", a souligné M. Baccouche qui a assuré que
les 23 Tunisiens travaillant au consulat, dont les dix qui avaient été
enlevés, étaient sains et saufs en Tunisie.
L'un des anciens otages, Jamel Saïbi, a brièvement raconté l'enlèvement
et confirmé que la milice armée qui les détenait voulait arracher la
libération d'un de ses chefs, Walid Glib, détenu en Tunisie dans le
cadre d'une enquête pour "terrorisme".
"Nous étions dans nos bureaux quand une bande armée nous a fait sortir
et mis dans des voitures. Ils nous ont conduit vers un endroit sur la
route de l'aéroport" de Tripoli, a-t-il raconté.
"Ils nous ont détenus parce qu'ils voulaient libérer leur frère Walid Glib", a-t-il souligné.
La justice tunisienne a ordonné mercredi l'expulsion de M. Glib vers
Tripoli en se réservant le droit de le convoquer pour un éventuel
procès, mais Tunis a assuré qu'il ne s'agissait pas pour autant d'un
échange de prisonniers.
"C'est une décision de la justice. Nous n'acceptons aucun chantage", a
réitéré le ministre des Affaires étrangères devant la presse. "Il n'y a
pas eu d'échange. Son affaire (de M. Glib, ndlr) est aux mains de la
justice et nous n'avons rien à voir avec elle", a-t-il martelé.
Le directeur des établissements pénitenciers Ridah Zaghdoud a confirmé à
l'AFP la libération de Walid Glib. "Il a quitté la prison vendredi à
l'aube", a-t-il précisé.
M. Glib a été pris en charge par des officiels tunisiens mais M.
Zaghdoud n'était pas en mesure de s'exprimer sur son expulsion vers la
Libye.
Trois des dix Tunisiens enlevés avaient été libérés mercredi et les sept autres vendredi matin.
Déjà en mai, les partisans de M. Glib avaient enlevé 254 Tunisiens pour
monnayer sa libération. Tous avaient été libérés sains et sauf au bout
d'une dizaine de jours, sans que lui même ne soit élargi.
Les ressortissants et intérêts tunisiens sont régulièrement visés en
Libye, comme d'autres représentations diplomatiques étrangères. Un
diplomate et un employé de l'ambassade tunisienne à Tripoli avaient
ainsi déjà été détenus en 2014 avant d'être libérés.
Depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en 2011, la Libye est
déchirée entre différentes milices armées. Deux gouvernements se
disputent le contrôle du pays: l'un, reconnu par la communauté
internationale, qui siège dans l'est du pays, l'autre à Tripoli sous
contrôle de Fajr Libya.
Par ailleurs, un groupe se réclamant de la branche libyenne de
l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), en plein essor en Libye,
avait revendiqué en janvier l'assassinat de deux journalistes tunisiens,
Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari.
La Tunisie a appelé à maintes reprises ses ressortissants à quitter la Libye et à ne s'y rendre qu'en cas de nécessité absolue.
(19-06-2015)
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