A la veille du 52ème jour de la grève de la faim menée par Sheikh Khodr
Adnan, placé en détention administrative il y a un an, la population du
camp de Jénine a organisé une veillée de solidarité avec lui, en
présence du responsable du mouvement du Jihad islamique dans le camp,
sheikh Bassam Saadi, toujours recherché par les sionistes, depuis sa
libération.
Cet hommage à Khodr Adnan n’est pas exceptionnel mais le fait qu’il se
déroule dans le camp de Jénine est significatif, à cause de l’ambiance
combative en plein mois de Ramadan, mois de lutte, de victoire et de
sacrifice, et à cause de la présence de nombreuses formations
combattantes et de leur unité autour du « sheikh de la dignité » dont
elles réclament la libération immédiate.
Le père de Khodr Adnan a souligné, au cours de ce rassemblement, la
nécessaire unité des formations de la résistance autour de la lutte de
son fils et autour de la question des prisonniers, qui représentent la
combativité et l’âme du peuple palestinien résistant. Pendant plus de
cinq minutes, il a affirmé son espoir dans la victoire de son fils qui
se bat non seulement pour lui-même, mais pour la dignité de tout le
peuple, qui veut en finir avec l’occupation et ses pratiques barbares et
humiliantes. Pour lui, comme pour les militants présents, qui portaient
haut les affiches du « combattant pour la dignité » et le drapeau
palestinien, Khodr Adnan est déjà victorieux : qu’il soit libéré ou
qu’il soit martyr, il a su réinsuffler au peuple palestinien le souffle
de la combativité, que les méandres des divisions interpalestiniennes et
des pratiques de l’Autorité palestinienne (coopération sécuritaire avec
l’occupant, attentisme et paralysie) ont réduit à presque néant ces
dernières années.
Autour de la figure de sheikh Khodr Adnan, le peuple palestinien
s’unifie. Les rassemblements solidaires se multiplient dans toute la
Palestine occupée et dans l’exil. La puissance médiatique des sionistes
et de leurs alliés a peut-être réussi à masquer cet élan de solidarité
autour de ce militant courageux et digne, mais n’a pas réussi à le
briser, ni à briser le moral de Khodr Adnan en lui sussurant qu’il est
seul et abandonné de tous. Khodr Adnan refuse depuis plus de 50 jours de
se plier à une entité coloniale et militaire qui a déjà détruit des
villes, rasé des villages, décimé des familles entières, en quelques
secondes, mais qui est perturbée par la lutte menée par un Palestinien
prisonnier qui l’affronte avec la seule arme dont il dispose, son corps.
Il a récemment refusé la proposition sioniste consistant à ne pas lui
renouveler la détention administrative, réclamant une libération
immédiate, et déclarant qu’il n’arrêterait la grève de la faim que dans
sa propre maison, parmi les siens.
Car Khodr Adnan a fait l’expérience des promesses sionistes, comme
d’ailleurs les autres prisonniers et tout le peuple palestinien.
L’entité sioniste n’a jamais tenu sa promesse que lorsqu’il s’agit
d’avaler les terres et de démolir les maisons des Palestiniens, de les
tuer ou de les emprisonner, et ce depuis 1948. Il a décidé de mettre fin
aux manœuvres sionistes et de montrer le visage barbare de l’occupant,
au monde entier. De plus, Khodr Adnan a rompu avec la logique de
l’entité coloniale qui présente tout recul de sa part comme une
concession, comme si la partie en face n’avait aucun droit et que seul
existerait le droit des sionistes, dont celui de d’emprisonner
arbitrairement tout Palestinien. Alors que Khodr Adnan veut remettre en
cause le principe même de la détention administrative, l’occupant cède
sur des miettes ne remettant pas en cause ce principe. C’est précisément
toute la signification de la « bataille de la volonté » que mène Khodr
Adnan.
Enchaîné sur le lit d’hôpital où il a été transféré il y a deux
semaines, après avoir été placé en isolement, sheikh Khodr Adnan a
décidé de mener la lutte jusqu’au bout. Son mot d’ordre « la liberté ou
le martyre » traduit la combativité du peuple palestinien, quand il est
libéré des illusions injectées par l’ONU, les puissances occidentales et
orientales, les ONGs et les médias à leur solde depuis des décennies.
Khodr Adnan renoue avec le principe de la lutte et du sacrifice pour la
libération du pays et du Palestinien. Il refuse de composer, de
manœuvrer, de faire des tactiques et des calculs. Son intégrité morale
et politique, puisée dans l’islam, dans l’histoire de son peuple et dans
la pensée du fondateur du mouvement auquel il appartient, le Mouvement
du Jihad islamique en Palestine, le martyr Dr. Fathi Shiqaqi, et sa
popularité grandissante auprès de son peuple et de sa nation, jettent le
trouble dans les rangs des occupants sionistes, qui manoeuvrent et
louvoient, mais qui savent qu’en fin de compte, sheikh Khodr Adnan a
déjà remporté la victoire, parce qu’il a précisément rompu avec la
logique de l’occupant. Sinon, pourquoi de plus en plus de détenus
administratifs refusent de comparaître devant les tribunaux militaires
(grèves des tribunaux), rejettant les simulacres de procès à huis-clos
où leur sort est déterminé à l’avance par l’occupant et ses appareils ?
Par la grève de la faim qu’il mène pour réclamer sa liberté et la fin de
la détention administrative, synonyme d’humiliation de tout un peuple,
et par son intégrité morale et politique qui effraie les sionistes et
leurs alliés, sheikh Khodr Adnan représente non seulement la combativité
historique du peuple palestinien mais celle des peuples
arabo-musulmans, longtemps en lutte contre les invasions, l’occupation
et la barbarie occidentales. Au moment où des groupes armés rebelles se
font soigner par ces sionistes qui arrêtent et torturent enfants, jeunes
et vieillards palestiniens, femmes et hommes, au moment où ces rebelles
n’hésitent pas à louer « l’humanisme » des colons sionistes pour les
soins qui leur sont prodigués dans ces mêmes hôpitaux qui maltraitent
les Palestiniens ou les refusent tout net, sheikh Khodr Adnan déclare,
par sa lutte, attaché à un lit de leurs hôpitaux, que le combat contre
l’ennemi sioniste reste la boussole, et que cet ennemi reste le
responsable des maux subis par nos peuples, malgré toute la propagande
diffusée par l‘occupant et ses alliés occidentaux et orientaux.
Fadwa Nassar
Jeudi, 25 juin 2014
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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