Sur le marché de Bint Jbeil au Liban sud, Mahmoud pousse sa charrette
à bras remplie de tomates et de concombres. Rien ne le distingue des
autres marchands, à part ses faits d’armes au sein du puissant
Hezbollah.
Pour ce quinquagénaire trapu à la barbe rousse, la "résistance" à
laquelle il a participé dans cette ville frontalière à la guerre contre
Israël en 2006 est presque de l’histoire ancienne.
Il vient de rentrer d’un autre front : la Syrie, où il a combattu durant
25 jours contre les rebelles engagés depuis trois ans contre le
président Bashar al-Assad.
Depuis que leur chef Hassan Nasrallah leur en a donné l’ordre il y a
plus d’un an, des milliers de combattants du Hezbollah ont franchi la
frontière et permis au régime Assad de reprendre l’initiative.
Marchands ambulants, agriculteurs, restaurateurs, infirmiers, chômeurs,
commerçants ou étudiants, ils ont tout abandonné pour participer à ce
qu’ils décrivent comme une "bataille existentielle" face aux extrémistes
sunnites qualifiés de "takfiri" (littéralement : ceux qui lancent des
anathèmes).
"Quand le parti m’a demandé d’y aller, j’ai obtempéré. J’ai laissé mon
travail et je suis parti pour empêcher les takfiri d’arriver au Liban",
assure Mahmoud. "J’ai combattu dans plusieurs régions et nous avons fait
prisonniers des combattants arabes et d’autres nationalités",
ajoute-t-il.
"Notre cause est juste. Eux sont des mercenaires venus de Tchétchénie,
du Yémen, de Libye pour faire tomber le régime Assad, qui nous a
énormément soutenu durant la guerre de 2006 contre Israël. Notre devoir
est de l’assister", explique ce combattant aguerri.
Aux yeux du mouvement, les rebelles en majorité sunnites veulent
renverser Assad non pas pour instaurer une démocratie mais par haine
des alaouites, une branche du chiisme à laquelle appartiennent la
plupart des cadres du régime.
Dans un autre village frontalier d’Israël, Fatima a encouragé son fils
de 16 ans à partir se battre, malgré la mort de son mari en juin 2013
dans les combats dans la ville syrienne de Qoussair.
"J’ai envoyé Khodr, avec des dizaines d’autres jeunes, suivre un
entraînement militaire d’un mois. Il faut qu’il apprenne à manier les
armes pour devenir un combattant comme l’a été son père", dit cette
veuve de 46 ans.
A côté d’elle, Khodr prépare en silence des plants de tabac. Une barbe
naissante, il porte à son cou une photo de son père et sur sa chemise un
pin’s de Hassan Nasrallah accompagné de l’une de ses formules : "La
victoire nous attend".
Son aîné, Wissam, 25 ans, est rentré de Syrie il y a une semaine. "Nous
obéissons à Sayyed Hassan (Nasrallah) quand il nous invite à combattre.
Mon père est tombé en martyr et il faut suivre son chemin".
S’il n’y a pas de chiffres officiels, les experts estiment que le
Hezbollah a perdu plusieurs centaines de combattants en Syrie.
"Allons-nous les laisser venir (les extrémistes sunnites) nous égorger
comme des brebis, comme ils l’ont fait aux chiites d’Irak et de Syrie.
Non ! Nous allons les défaire comme nous avons défait Israël", insiste
Wissam.
Réticents au début, les combattants du Hezbollah aujourd’hui parlent
avec fierté de leur engagement en Syrie, même s’ils refusent de donner
des détails sur les opérations militaires, le nombre de combattants
engagés et le montant de leur solde.
(11-04-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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