Le président palestinien Mahmud Abbas a balayé les menaces de
sanctions israéliennes en riposte à la signature de 15 conventions
internationales, le secrétaire d’Etat américain John Kerry évoquant
vendredi un désengagement de Washington du processus de paix.
Le négociateur palestinien Saëb Erakat rencontrait dans l’après-midi le
médiateur américain Martin Indyk, a-t-on appris de sources
palestiniennes proches des discussions.
M. Kerry a déploré qu’"au cours des derniers jours les deux parties
aient pris des initiatives qui n’aident pas" au dialogue, précisant
qu’il allait se concerter avec le président américain pour "évaluer
précisément ce qu’il est possible et n’est pas possible" de faire.
"Il y a des limites au temps et aux efforts que les Etats-Unis peuvent
consacrer si les parties ne sont pas désireuses de faire des progrès", a
prévenu le chef de la diplomatie américaine à Rabat, insistant : "Ce
n’est pas une démarche sans fin et ça ne l’a jamais été".
Après le refus d’Israël de libérer le 29 mars le dernier contingent de
prisonniers prévu lors de la relance des pourparlers sous l’égide de
M. Kerry en juillet, le président palestinien a réagi en signant mardi
les demandes d’adhésion à 15 conventions et traités internationaux.
M. Abbas a refusé de revenir sur ces demandes, lors d’une conversation
téléphonique avec M. Kerry jeudi soir, a annoncé à l’AFP un responsable
palestinien.
"Kerry a ajouté qu’Israël menaçait d’une forte riposte aux actions
palestiniennes" et a jugé les exigences du président palestinien pour
prolonger les négociations de paix au-delà de l’échéance du 29 avril
difficiles à accepter pour Israël, lui demandant de les réduire, a
indiqué ce responsable.
"Nos exigences ne sont pas nombreuses et les menaces d’Israël ne font
plus peur à personne, et ils peuvent faire ce que bon leur semble", a
répliqué M. Abbas, selon la même source.
Selon des sources proches des discussions, les Palestiniens exigent la
libération d’un millier de prisonniers supplémentaires, dont
d’importants dirigeants, alors qu’Israël en proposerait environ 400 en
fin de peine.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la
Défense Moshé Yaalon ont demandé dès mercredi à l’administration
militaire dans les Territoires palestiniens de proposer une série de
mesures punitives contre les Palestiniens, selon le quotidien Haaretz.
Israël compte geler l’autorisation accordée à l’opérateur de téléphonie
mobile palestinien Wataniya de développer son réseau dans la bande de
Gaza et accroître les restrictions aux activités des Palestiniens dans
les 60 % de Cisjordanie occupée sous son contrôle exclusif, selon les
médias israéliens.
Israël pourrait également geler de nouveau le transfert de taxes collectées pour le compte de l’Autorité palestinienne.
En outre, dans un geste interprété par ses opposants comme une mesure de
rétorsion, le ministère israélien de l’Intérieur a donné jeudi son feu
vert au projet de construction d’un musée archéologique controversé dans
le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est occupé et annexé.
Quelque 1500 de Palestiniens ont manifesté devant la prison israélienne
d’Ofer, près de Ramallah (Cisjordanie), à l’appel des familles des
prisonniers qui devaient être libérés le 29 mars. Huit manifestants ont
été blessés par des tirs des soldats israéliens, selon des sources
médicales.
Jeudi, la chef de l’équipe de négociateurs israéliens Tzipi Livni a
informé M. Erakat que ces libérations étaient désormais annulées.
Le Parlement israélien doit débattre lundi de la crise du processus de
paix.
Selon le quotidien Yediot Aharonot, les dirigeants israéliens n’excluent
cependant pas de parvenir à un compromis avant l’échéance du 29 avril.
Les correspondants de Défense du Yediot et du quotidien Haaretz
soulignaient vendredi que la riposte de Mahmud Abbas à la
non-libération des prisonniers avait été mesurée.
Amnesty International a pour sa part salué les demandes d’adhésion,
soulignant avoir plaidé pour que la "Palestine devienne Etat partie à
tous les traités des droits de l’Homme et de droit humanitaire" depuis
son accession au statut d’Etat observateur à l’ONU le 29 novembre 2012.
"Amnesty réitère son appel à la Palestine pour devenir un Etat partie au
Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). Cette démarche
pourrait ouvrir la voie à la justice pour les victimes de crimes de
guerre (...) dans les Territoires palestiniens occupés", selon un
communiqué.
(04-04-2014)
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