« La résolution du 23 décembre est le champ du cygne d'un vieux monde
hostile à Israël, a déclaré Benjamin Netanyahu. Mais, avec Trump, nous
entrons dans une nouvelle ère qui arrivera plus vite qu'on ne le
pense », s'est-il réjouit... Trop vite, peut-être. En effet, le Premier
ministre israélien, s'il est en train de battre des records de longévité
dans son pays – huit ans au pouvoir –, est de plus en plus menacé, non
pas sur sa gauche, mais par l'extrême droite alliée aux partis
religieux. Il avait aux États-Unis, avec Barack Obama, un partenaire
qui, certes n'a pas fait grand-chose pour faire avancer le processus de
paix, mais a maintenu l'attitude traditionnelle, de soutien critique, du
plus grand allié d'Israël. Ce qui permettait à Netanyahu de tenir ses
faucons à distance pour ne pas risquer de se couper des Américains. Cet
argument-là va disparaître et donner de l'espoir à des extrémistes,
comme le propre ministre de l'Éducation de Netanyahu, Naftali Bennett,
qui déclare, sans vergogne, son hostilité à la création d'une Palestine
indépendante « qui serait un nouvel État terroriste au cœur de la terre
d'Israël ».
Or plus le gouvernement israélien glissera sur sa droite, plus il se
retrouvera isolé dans le monde. D'abord aux États-Unis où, quelle que
soit la politique de Trump, la communauté juive américaine, déjà mal à
l'aise aujourd'hui, sera de plus en plus critique à l'égard des excès
des faucons d'Israël. Tout comme le seront la plupart de ceux qui ont
voté pour Hillary Clinton. C'est-à-dire une majorité d'Américains. Les
mots terribles de John Kerry ne sont pas près de tomber dans l'oubli,
lui qui a souligné « qu'Israël peut être un État juif ou démocratique,
mais pas les deux ». Lui qui a évoqué – sans toutefois le nommer – le
risque que court le pays : celui de la ségrégation. Un mot qui est un
chiffon rouge pour tous les démocrates américains.
L'autre risque est évidemment celui d'un sursaut des pays arabes contre
leurs voisins juifs. Et même si ces pays sont pour le moment trop
occupés à régler leurs conflits religieux et territoriaux en Syrie, en
Irak, au Yémen, on ne peut exclure une nouvelle flambée de violence des
Palestiniens eux-mêmes, dont les espoirs sont chaque jour un peu plus
reportés aux calendes du jusqu'au-boutisme israélien. Plus le temps
passe, plus une nouvelle intifada pourrait faire courir un danger mortel
à l'État hébreu. Car la démographie ne joue pas en sa faveur. Comme l'a
encore fait remarquer John Kerry, « il y a maintenant autant de juifs
que de Palestiniens entre le Jourdain et la Méditerranée ».
(30-12-2016
- Par Michel Colomès)
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