Le président palestinien Mahmud Abbas (c) lors d'un congrès de son parti, le Fatah, le 29 novembre 2016 à Ramallah (Afp)
Mahmud Abbas doit s'adresser mercredi à son parti réuni en congrès pour défendre sa politique favorable à une solution négociée avec les Israéliens, alors que les partisans de la colonisation augmentent la pression en Israël et la contestation monte chez les Palestiniens.
M. Abbas, 81 ans, a été réélu d'emblée à la présidence du Fatah dès l'ouverture du congrès du plus important parti palestinien mardi.
Mercredi, il devrait dessiner dans un discours de politique générale prévu à 16H00 GMT les grandes lignes de l'action future de son parti. Le Fatah étant la principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue internationalement comme représentant l'ensemble des Palestiniens, ces lignes devraient continuer à orienter l'effort vers un Etat indépendant.
Les Palestiniens attendent cet Etat depuis des décennies. Le projet bute notamment sur la progression de la colonisation.
Tandis que M. Abbas continuait à soutenir la quête d'une solution négociée, la colonisation --la construction par Israël d'implantations civiles sur les territoires qu'il occupe comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est-- s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, grignotant les terres sur lesquelles pourrait voir le jour un Etat palestinien.
Plus de 600.000 colons israéliens sont installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, de façon illégale pour la communauté internationale.
Cette dernière, frustrée par l'absence de solution à l'un des plus vieux conflits de la planète, s'alarme qu'il faille bientôt renoncer à l'idée d'un Etat palestinien.
M. Abbas était supposé s'adresser au Fatah le jour où le Parlement israélien adoptait en commission un texte qui, pour une grande partie de la communauté internationale, obscurcirait encore davantage l'horizon de la paix.
Le texte, porté par le lobby pro-colonisation, légaliserait au regard de la loi israélienne environ 4.000 logements israéliens en Cisjordanie, selon l'organisation israélienne anti-colonisation la Paix maintenant. Ces 4.000 unités sont illégales non seulement aux yeux de la communauté internationale, mais au regard de la loi qu'Israël impose à la majeure partie de la Cisjordanie.
Le texte divise la coalition gouvernementale israélienne elle-même quant à ses conséquences vis-à-vis de la communauté internationale. Un vote initialement prévu mercredi en session plénière du Parlement aurait été reporté à lundi.
Une partie de la communauté internationale, dont le grand allié américain, voit une légalisation a posteriori comme un très dangereux précédent.
Les Palestiniens, eux, menacent régulièrement de réclamer un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur la colonisation.
M. Abbas devrait évoquer le sujet devant les quelque 1.400 membres du congrès du Fatah réunis pour cinq jours au moins au siège de la présidence à Ramallah.
Le président palestinien, aux commandes du Fatah, de l'OLP et de l'Autorité palestinienne depuis la mort de Yasser Arafat en 2004, a de tout temps défendu la voie diplomatique et non-violente, et l'internationalisation de la cause palestinienne.
Cette approche reste fortement décriée par la rue palestinienne, engluée dans le marasme économique et lassée d'attendre un autre quotidien.
A l'issue de la deuxième Intifada, le Fatah a affirmé mettre fin aux activités de sa branche armée, un choix de nouveau salué mardi à l'ouverture du Congrès par l'émissaire de l'ONU au Proche-Orient Nickolay Mladenov.
Mardi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé Israéliens et Palestiniens à ranimer la possibilité de pourparlers de paix. "La perspective de voir se réaliser la solution des deux États menace de disparaître complètement", a-t-il dit.
La "campagne d'expansion des colonies israéliennes illégales risque de saper les valeurs démocratiques d'Israël et la nature de sa société", a-t-il ajouté.
M. Abbas, dont l'Autorité palestinienne est l'unique interlocutrice de la communauté internationale qui refuse d'interagir avec le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza mais classé parmi les "organisations terroristes", devrait également évoquer la situation politique interne.
Depuis la guerre fratricide entre Fatah et Hamas en 2007, la division entre Cisjordanie et Gaza empêche la tenue de toute élection conjointe.
Mais, pour certains observateurs, la lecture mardi devant les congressistes du Fatah d'une lettre du chef du Hamas en exil Khaled Mechaal pourrait être le signe d'un réchauffement avec M. Abbas. MM. Abbas et Mechaal se sont récemment rencontrés au Qatar, pour la première fois depuis deux ans.
(30-11-2016 )
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