Ce projet de loi est un compromis entre Benjamin Netanyahu et son ministre de l'Éducation Naftali Bennett. (Afp)
Le Parlement israélien s'est prononcé lundi lors d'un vote préliminaire en faveur d'un projet de loi controversé qui permettrait de légaliser 4 000 logements de colons construits en Cisjordanie occupée sur des terres privées palestiniennes. Pour avoir force de loi, ce projet, soutenu par le gouvernement Netanyahu et qui a été voté par 60 députés contre 49, doit encore faire l'objet de trois lectures au Parlement. Il a d'ores et déjà suscité de vives critiques au sein de la communauté internationale.
Ce projet de loi est le fruit d'un compromis entre Benjamin Netanyahu et son ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif et fervent partisan de la colonisation. À la radio militaire, Naftali Bennett a qualifié ce texte de « premier pas vers une souveraineté israélienne en Judée-Samarie » (nom employé par les autorités israéliennes pour désigner la Cisjordanie), autrement dit une annexion partielle de cette région occupée par Israël depuis près de cinquante ans. Ce texte vise à légaliser au regard du seul droit israélien 4 000 logements disséminés notamment dans 55 colonies dites sauvages, selon l'organisation israélienne anticolonisation La Paix maintenant.
La Paix maintenant considère ce projet de loi comme une « vaste entreprise de maraudage foncier, qui ne se traduira pas seulement par l'expropriation de 800 hectares de terrains privés palestiniens mais pourrait aussi dépouiller Israéliens et Palestiniens de la chance de parvenir à une solution à deux États ». Isaac Herzog, le chef de l'opposition de gauche, a dénoncé ce texte en assimilant son adoption à un « suicide national ». « Cette loi nous conduit à un État bi-national », incluant les juifs, les Arabes israéliens et les Palestiniens, a-t-il ajouté en faisant ainsi allusion à un processus d'annexion de la Cisjordanie.
Avant le vote, Benjamin Netanyahu et Naftali Bennett étaient parvenus à un accord prévoyant le vote de ce texte de loi ainsi que le déplacement d'une quarantaine de familles de la colonie dite sauvage d'Amona, près de Ramallah en Cisjordanie, dont la Cour suprême a ordonné le démantèlement d'ici au 25 décembre. Il s'agit de permettre aux « habitants (d'Amona) » de « rester sur la colline où ils sont installés » mais de « bouger de quelques dizaines de mètres », a affirmé Benjamin Netanyahu devant le groupe parlementaire du Likoud, son parti. « Ils pourront rester sur place en tant que communauté et c'est une nouvelle très importante. » Le Foyer juif a mené une intense campagne autour d'Amona, colonie illégale au regard des lois israéliennes.
Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient Nikolay Mladenov a estimé lundi dans un communiqué que « l'objectif (de ce projet de loi) est d'offrir une protection à des colonies illégales construites sur des propriétés privées palestiniennes ». « J'encourage les législateurs israéliens à reconsidérer une telle mesure qui pourrait avoir de très importantes conséquences légales dans toute la Cisjordanie occupée », a-t-il ajouté. Le secrétaire d'État américain John Kerry avait critiqué dimanche la politique de colonisation du gouvernement de Benjamin Netanyahu, accusée de faire « obstacle » à une solution à deux États israélien et palestinien vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.
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