Ce dimanche 4 décembre, le parti palestinien Fatah a dévoilé sa nouvelle
direction après un vote qui a entériné la mise à l'écart des opposants
au président Mahmud Abbas. De possibles successeurs au leader
vieillissant ont été placés en position de force.
Parmi les 18 membres élus au Comité central, la plus haute instance du
parti, deux hommes tirent leur épingle du jeu. Marwane Barghouthi, un
des principaux animateurs de la deuxième Intifada emprisonné depuis 2002
par Israël, a été réélu haut la main. Derrière lui, Jibril Rajoub, le
très actif patron du sport palestinien venu des services de sécurité, a
également été reconduit avec des centaines de voix parmi les quelque 1
300 votants.
Dès l'ouverture du Congrès mardi, Mahmud Abbas qui dirige également
l'Autorité palestinienne et l'Organisation de libération de la Palestine
(OLP), reconnue internationalement comme unique représentante des
Palestiniens, avait été réélu chef du Fatah lors d'un vote unanime à
l'applaudimètre. Elu en 2005 président de l'Autorité pour un mandat de
quatre ans qui court toujours faute d'élections, et de plus en plus
contesté, Mahmoud Abbas, 81 ans, cherche à préparer sa succession,
assurent les observateurs. Face à cette échéance, le Congrès du Fatah
avait deux objectifs: écarter les opposants et renforcer l'emprise du
parti dans les instances de l'Autorité. Le nouveau Comité central - avec
cinq nouveaux membres- ne comprend plus Mohammed Dahlane, élu en 2009
avant de devenir la bête noire de Mahmoud Abbas et de s'exiler.
Le neveu du leader défunt Yasser Arafat, Nasser al-Qudwa, reste au
Comité central, tandis que Nabil Chaath, haut cadre du parti, en sort et
que le ministre de l'Education Sabri Saidam y fait son entrée. Quatre
autres membres doivent encore être nommés par le président, à une date
encore inconnue. La réduction du collège des électeurs --un millier de
personnes en moins par rapport à la dernière élection de 2009--, visait,
assurent les experts, à réduire la possibilité pour les opposants à
Mahmoud Abbas de peser sur ce vote. Les électeurs ont également voté
pour 80 membres du Conseil révolutionnaire, le "parlement" du parti,
auxquels s'ajouteront 40 autres personnes qui doivent être prochainement
nommées par la direction du Fatah.
A l'issue de ce Congrès, Mahmud Abbas "a prouvé qu'il contrôle toujours
à la fois le Fatah et l'Autorité palestinienne en termes financiers et
organisationnels et qu'il peut les utiliser pour servir sa vision",
affirme Wajih Abou Zarifa, professeur gazaoui de sciences politiques.
Ces élections sont déterminantes pour l'avenir des Palestiniens et du
processus de paix avec Israël puisque le Fatah est la "colonne
vertébrale" de l'OLP.
Dès le deuxième jour du Congrès, celui qui a lui-même signé les accords
d'Oslo avec Israël en 1993, a de nouveau défendu le "dialogue" et la
"résistance pacifique" à l'occupation israélienne pour parvenir à un
Etat de Palestine indépendant.
"Il n'est plus question de réconciliation interne au Fatah ou de
réintégration des opposants et ces derniers n'ont plus qu'une
possibilité, celle de former un nouveau mouvement", estime Wajih Abou
Zarifa dans un article. Un tel mouvement pourrait attirer les dissidents
d'autres formations palestiniennes, "mais aussi beaucoup de jeunes qui
ne se retrouvent pas dans les institutions partisanes et politiques",
ajoute-t-il.
Vingt ans s'étaient écoulés entre le 5e et le 6e Congrès du Fatah. Ce 7e
Congrès s'est tenu plus rapidement car la question de la succession de
Mahmud Abbas, bien que non évoquée officiellement, est présente dans
tous les esprits.
Pour l'analyste palestinien Jamil Hilal, "plutôt que l'ensemble du
peuple, c'est une petite élite politique au sein de la direction du
Fatah qui décidera qui dirigera après Abbas". Et ce parce que "les
institutions nationales légitimes ne fonctionnent pas" en raison de la
division depuis que le mouvement islamiste Hamas a pris le pouvoir dans
la bande de Gaza en 2007.
(04-12-2016)
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